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Le classique n’a pas d’âge

Publié le 13 juillet 2014 par Abbaye Aux Dames, La Cité Musicale De Saintes @Abbayeauxdames

Je dois l’avouer je ne suis pas la plus grande fan de musique classique qu’il existe au monde. Et très peu de mes amis en écoute. Pour en écouter je dois me tourner vers mon père ou encore mes grands parents, des gens avec une certaine expérience de la vie en somme. Et voilà, vous comprenez le problème, je viens de vous décrire une des situations les plus clichées du monde. Les jeunes ne semblent pas s’intéresser au classique, qui semble rester une musique réservée aux personnes « mûres ». J’ai donc mis mon armure de pourfendeuse des préjugés et je suis allée à la rencontre de jeunes qui ont décidé de faire de la musique classique une vocation.

Ma première rencontre est avec deux jeunes filles du groupe Aposiopée (en illustration). Si vous ne connaissez pas, c’est un chœur composé majoritairement de filles qui ont entre 6 et 23 ans. Je les ai entendus chanter sur le plateau de France Musique et je me suis dit que ce serait une merveilleuse idée d’en interviewer une ou deux. Je me suis donc précipitée à leur suite en demandant qui aurait le temps de répondre à mes questions.

Raphaëlle 21 ans et Marie 20 ans se sont alors avancées. Toutes les deux parisiennes, elles ont commencé le chant dans la même tranche d’âge, Raphaëlle avait 6 ans et Marie 5. Leur parcours pour arriver à cette passion de la musique est toutefois différent. « C’est le fait d’apprendre à jouer un instrument qui crée l’envie d’aller l’écouter » me confie Raphaëlle qui s’est tournée vers la musique classique en apprenant à jouer de la clarinette.

Marie est quant à elle, fille d’une maman chef d’orchestre. Cependant lorsque je parle de musique classique elles sont toutes les deux unanimes. « La musique classique c’est plus large que la musique d’aujourd’hui, m’explique Raphaëlle, parce que ça couvre plusieurs siècles de compositeurs extraordinaires ». À l’évocation des difficultés des jeunes avec la musique classique, Marie me confirme que c’est possible de les initier à ce type de musique, la preuve plusieurs de ces amis ont commencé à l’apprécier grâce à elle.

Toutefois le classique ce n’est pas la seule musique qu’elles aiment, elles me disent toutes deux écouter d’autres genres que ce soit les débuts du rock pour Raphaëlle qui me cite les Beatles ou alors même du Métal pour Marie. Ma première rencontre est une réussite : on peut être jeune et aimer le classique.

Lorsque l’on parle jeunesse et musique classique au Festival de Saintes, les plus informés sont les membres du JOA, le Jeune orchestre de l’Abbaye aux Dames. Je suis donc parti à leur recherche. Le journalisme n’étant pas toujours compliqué, si si je vous promets, je les ai croisé presque immédiatement sous la grande tente en train de discuter.

C’est Muriel, violoniste de 28 ans qui a accepté de répondre à mes questions. Elle m’explique avoir commencé le violon moderne à 8 ans et le violon baroque à 18 ans. Pour mes amis les non musiciens qui, comme moi, se demandent quelle est la différence entre les deux violons, sachez que tout est une histoire de forme. Pour résumer grossièrement, le violon baroque fait plus « lourdaud » que le moderne. Après ces précisions techniques, reprenons avec Muriel. Elle me confie avoir choisi le violon par « attrait du son » mais aussi de la « virtuosité » et des « aigus ». Quant au baroque elle s’est tournée vers ce genre par « curiosité du style ». Cependant, elle déplore que la musique classique « reste très élitiste » et « complexe d’écoute ». Pour elle, il faudrait « plus de projets pour faire découvrir ».

Ma troisième rencontre est encore une membre du JOA, il s’agit de Lucie qui, à presque 27 ans, est contrebassiste. Elle a choisi la contrebasse à 6 ans, après une présentation de différents instruments, attirée par le son qui s’en dégageait. Alors qu’elle entame des études de musique moderne, elle finit par se tourner vers l’ancienne après avoir intégré une des meilleures écoles dans ce domaine. Elle m’avoue qu’elle n’a pas trop le temps d’écouter de la musique classique chez elle et que la majorité des morceaux qu’elle écoute sont pour le travail ou alors parce qu’elle veut « voir comment ça sonne ».

Cependant, son amour pour la musique n’est plus à démontrer puisque la musique classique la « transporte » et la « touche profondément ». Elle apprécie dans la musique ancienne l’aspect « recherche » et de « danger ». Son meilleur souvenir : son premier concert en tant que professionnelle. Elle y a joué Gloria de Poulenc et le Requiem de Fauré sous la baguette de Michel Piquemal. Quant à ses projets d’avenir, elle continuera à jouer de la contrebasse parce que l’avantage en musique c’est qu’il n’y a « pas de routine ».

Et voilà, ma recherche s’arrête ici. J’ai essayé le mieux possible de retranscrire la passion qui animait ses jeunes musiciens. Cependant, la seule manière de la comprendre est d’aller les voir jouer ou chanter. C’est comme ça que vous verrez que la musique classique n’a pas d’âge. Que vous ayez 20 ou 50 ans la passion et l’émotion peut être la même.

Eléonore Treville


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