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Chronique d'une journée moyenne, de Patrick Laupin

Publié le 15 juillet 2014 par Onarretetout

chronique P

C’est une longue longue souffrance qui ouvre ce livre, sous-titré « Petit Traité des barbaries banales ». Souffrance parce que « fin de l’histoire », parce que « aucune communauté ne peut prendre corps », parce que « les librairies indépendantes fermaient une à une ». Un grand désespoir face au mensonge de la société marchande. Alors pourquoi écrire ? « Le geste d’écriture ne veut pas changer l’ordre et l’empire du monde mais faire faire quelque chose au lecteur ». Cela passe sans doute par « la langue des délaissés », celle de la folie, par ces mots d’une petite fille de dix ans : « La joie ce n’est pas quelque chose qui arrive c’est la monotonie de la vie qui s’en va ». L’enfance, les frères et soeur, l’usine, la lutte, la « fable de l’être ». Le texte de Patrick Laupin parfois néglige le « ne » des négations (« ne pas », « ne que »), parfois jette par-dessus bord les articles, les virgules, les points à la fin de ses textes, écrit au passé simple, à l’imparfait, comme si le présent n’était que celui de la perte (« J’ai eu des camarades, j’ai eu des compagnons »), de la solitude : « Je me retrouve aujourd’hui aussi seul qu’à l’époque de mes vingt ans devant un monde, mystérieux, cruel, mutique, étrange ». Les couleurs, quand même, apparaissent, beaucoup de bleu, « la maison bleuie du temps », le jaune et le vert « qui sont couleurs des fous », un « ciel ocre »… 

« J’ai couru sous la pluie pour te rattraper. » Ou encore : « J’ai couru sous la pluie pour t’attendre. » Parce que « nous étions deux » et le bonheur, si on le veut, on « le rencontrera mais (on) verra la pluie tomber et (on) trouvera le mur effondré des humains ».


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