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Vishtèn : "Nous sommes une formation typiquement acadienne"

Par Titus @TitusFR

C'est à un voyage en Acadie qu'est notamment convié, ce soir, le public du Dellec, à Plouzané, avec Vishtèn, formation qui fait aujourd'hui figure de référence. Pastelle LeBlanc, à l'origine du groupe, revient sur la genèse du trio né en 2000.

Que représente l'Acadie à vos yeux ? 

L'Acadie n'a pas de véritables frontières. Il ne s'agit pas d'une région à proprement parler, même si l'on considère qu'elle correspond à plusieurs provinces de l'Est canadien : la Nouvelle-Ecosse, l'île du Prince-Edouard, le Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve et aussi les îles de la Madeleine. C'est plutôt un sentiment d'appartenance à une Histoire assez particulière. C'est très culturel. On est un peuple éparpillé mais la culture, la langue, nous rassemblent.  

Vous-même et votre soeur, Emmanuelle, êtes originaires de l'île du Prince-Edouard, tandis que Pascal Miousse vient des îles de la Madeleine au Québec. Qu'est-ce qui les différencie ?

Nous venons d'une petite communauté où l'anglais est beaucoup parlé. Nous sommes une minorité de francophones à l'île du Prince-Edouard, alors qu'aux îles de la Madeleine, ils sont très majoritaires.    

A quoi votre enfance a-t-elle ressemblé là-bas ?

Nous avons grandi dans une ambiance très musicale, au milieu de gens d'origine écossaise ou irlandaise… Nous étions entourées par les violoneux.  Notre père était prof de musique; notre mère avait aussi un penchant marqué pour les arts et il y avait un piano dans la cuisine. Les soirées de musique étaient très nombreuses à la maison…  

Comment est né Vishtèn ?

C'est le premier groupe que j'ai créé à l'âge de 20 ans. Pascal, lui, a commencé dès l'âge de 12 ou 13 ans. Il a pas mal baroudé, notamment au Québec. A nous trois, nous jouons d'une douzaine d'instruments. Souvent, lorsque les organisateurs de spectacles voient notre plan de scène, ils s'imaginent qu'on est au moins cinq du fait du nombre de nos instruments. Nous sommes une formation typiquement acadienne. Le violon en est sans doute l'élément le plus significatif, au même titre que la guimbarde, la polyrythmie,  la percussion des pieds, les turluttes (musique rythmique à bouche). Notre musique est aussi fortement imprégnée de culture celtique.

Au-delà de vos repères familiaux, quels sont les musiciens qui ont compté dans votre cheminement ?

Nous avons été bercées par les classiques du répertoire acadien. Notamment Angèle Arsenault, qui venait de notre région et qu'on croisait de temps en temps même si elle vivait au Québec. Lorsque nous avons déménagé à Moncton, au Nouveau-Brunswick, nous avons aussi beaucoup côtoyé les membres de la formation légendaire 1755, avec qui nous avons d'ailleurs collaboré.  

Vous avez fondé Vishtèn en 2000. Quelle était votre ambition à l'époque ?

Honnêtement, nous n'avions jamais imaginé que cette histoire allait durer 14 ans ! Rien n'avait été réellement planifié , même si c'est vrai que nous avons travaillé fort. C'est grâce à notre participation aux vitrines de la Francofête, que nous avons été repérés par une délégation française. C'est le premier pays étranger que nous avons visité en y donnant une cinquantaine de spectacles. Les tournées s'enchaînaient tant et tant que nous présentions jusqu'à 150 concerts par an les premières années. C'était un peu trop, et nous avons senti le besoin de ralentir la cadence. A présent, nous faisons entre 70 et 80 spectacles par an, surtout aux Etats-Unis, en France et en Allemagne. Nous avons joué au moins cinq fois en Bretagne, et avons notamment fait partie de la délégation acadienne au Festival Interceltique. L'an dernier, nous avons aussi donné une masterclasse pour le Conservatoire de Brest au Relecq-Kerhuon. 

Combien de disques avez-vous enregistrés jusqu'ici ?

Nous avons publié quatre albums, dont un enregistrement en concert. Le dernier, "Mosaïque", est sorti en 2012 et a été réalisé par Eloi Painchaud, fils d'Alcide Painchaud, figure de la musique acadienne. Eloi, dont l'empreinte est très importante sur ce disque, a été l'un des musiciens de la formation québécoise Okoumé, avec laquelle Pascal a un peu tourné. C'est d'ailleurs ainsi qu'on l'a rencontré. Au début de l'année, nous avons aussi commencé à nous pencher sur de nouvelles créations. Nous sommes actuellement en tournée jusqu'à l'automne, après quoi nous envisageons d'entrer en studio pour enregistrer un nouvel album, dont la sortie est programmée début 2015. 

Quelles sont les thématiques que vous abordez dans vos chansons ? La question du départ, liée à l'histoire des Acadiens et aux préoccupations des habitants des îles et des provinces maritimes est très présente...

C'est vrai que nos chansons évoquent souvent le thème du départ ou parlent de naufrages, de guerres, d'amour aussi... Certaines d'entre elles sont de très vieilles chansons françaises qui ont voyagé et ont survécu. On les a adaptées, naturellement. Pour notre album "Mosaïque", la période de création a débuté par d'intensives recherches à Moncton, au Centre d'études acadiennes. On a passé des journées à écouter des cassettes dans l'espoir de tomber sur des chansons qu'on pourrait adapter. Nous n'hésitons pas ensuite à modifier les textes et mélodies pour nous approprier ces chansons. Pour nous, c'est essentiel qu'on sente que la musique soit actuelle, au goût du jour.

Propos recueillis par Titus 

Un large extrait de cette interview a été publié ce vendredi 18 juillet 2014 dans les éditions brestoises du Télégramme.


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