Magazine France

Un congrès socialiste très première gauche.

Publié le 20 mai 2008 par Marc Vasseur

Pourvu d’une modeste expérience du Parti Socialiste, deux choses me frappent dans ce congrès, outre l’absence encore patente d’un vrai débat de fond, c’est la victoire totale de la ligne sociale-démocrate. Et ce au moment même où celle-ci est moribonde (papier toujours en cours de rédaction).

La seconde réflexion, plus interne à la France c’est de voir un congrès dominé par la 1er Gauche alors qu’après 35 ans, la 2eme gauche a enfin gagné la bataille idéologique.

Alors vous me direz c’est loin tout ça… et bien non… car il est difficile d’oublier que celles-ci étaient respectivement incarnées par François Mitterrand et Michel Rocard.

Au fond Rocard avait raison dès le congrès de Metz (1979) et pourtant… si on fait une filiation de cette fracture à notre congrès de Reims… la deuxième gauche est sortie du jeu... définitivement ? 

De Fabius à Delanoë, de Royal à Moscovici, tous son héritier à leur façon de l’héritage mitterrandien… Ultime victoire posthume de notre machiavel de gauche.

N’oublions pas que les deux fils naturels de l’unique Président de gauche de la Vème sont Jospin et Fabius et ces deux là s’étaient affrontés à Rennes… avec cependant un ennemi commun Michel Rocard.

Or DSK et Delanoë ne sont que deux branches de la jospinie. La trajectoire de Ségolène Royal est certes un peu moins nette et certains seraient tentés de penser qu’avec les clubs deloristes, on pourrait la rattacher à cette deuxième gauche sauf que Jacques Delors s’est toujours bien gardé de se revendiquer ouvertement de cette proximité.

Quelle importance me dirait vous ?

Pour moi elle est essentielle, les figures de cette 2eme gauche (Mendes, Rocard, Maire…) n’ont eu de cesse d’explorer les champs des possibles, dans le sens où la prise en compte de la réalité n’empêche pas la créativité et l’innovation. Un autre élément me parait tout aussi important,la curiosité, l’écoute, le dialogue avec les acteurs de la société. Il n’est d’ailleurs pas anodin que Michel Rocard ait porté avec talent et de conviction la question des logiciels libres au niveau européen… pourtant ce n’est pas à priori son domaine de prédilection…

Caricaturale… je vous invite à un petit retour en arrière sur la mise en place de la seconde loi sur les 35h… mais aussi au cours des deux premiers septennats, je ne suis pas certain que les partenaires sociaux aient un souvenir impérissable du dialogue social de l’époque… Je ne parle pas non plus la lente dégradation des rapports entre le parti socialiste et les intellectuels mais d’éminents universitaires l’attestent.

Alors oui, je reste persuadé qu’aujourd’hui, si 2eme gauche a gagné le débat économique ; pour la première gauche, la question de la pratique politique reste un sujet… j’ose le mot… tabou. Au fond une conception très pyramidale, très jacobine de la politique.

Alors aujourd’hui, oui j’aime l’agilité intellectuelle et sa capacité à sortir des idées d’un DSK (en même temps, j’ai l’impression qu’il s’est un peu émoussé), comme je donne crédit à Ségolène Royal son intuition sur la démocratie participative même si, à mon sens, elle est encore en gestation.

Cependant, nous avons perdu 30 ans et aujourd’hui nous avons devant nous une social-démocratie à bout de souffle, dans une sorte d’incapacité à penser un monde global et local, replié et ouvert… mais c’est le sujet d’un autre article.


Retour à La Une de Logo Paperblog