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Boyhood : 12 Years a movie

Publié le 27 juillet 2014 par Unionstreet

Boyhood

« Chaque année, durant 12 ans, le réalisateur Richard Linklater a réuni les mêmes comédiens pour un film unique sur la famille et le temps qui passe. On y suit le jeune Mason de l’âge de six ans jusqu’ à sa majorité, vivant avec sa sœur et sa mère, séparée de son père. Les déménagements, les amis, les rentrées des classes, les premiers émois, les petits riens et les grandes décisions qui rythment sa jeunesse et le préparent à devenir adulte… »

Boyhood

Réalisé entre 2002 et 2013 à raison de quelques jours par an et de 200’000 $ de budget annuel, Boyhood est le nouveau projet temporel de Richard Linklater. Film familial conceptuel, le film s’est vu remettre le prix du meilleur réalisateur lors de la dernière Berlinale. Film fleuve d’une grande simplicité, Boyhood n’a pas la prétention de nous présenter des destins hors-du-commun, bigger than life, comme en sont très friands les américains. L’intérêt de cette oeuvre de 2h45 (que l’on ne voit pas passer, rassurez-vous) est de suivre un garçon banal, qui doit affronter le monde et devenir un homme. Jeune, tout peut devenir un drame en soit : un déménagement, un beau-père violent, la première rupture… Entre fiction et réalité, le réalisateur va suivre ce parcours avec une grande pudeur et ainsi libérer une belle émotion. Un film d’une grande sincérité.

Ce film est véritablement familial, chacun peut s’y retrouver. Les jeunes adultes nés au début des années 90 se rappelleront de ces détails mainstream liés à l’enfance : Coldplay, les livres Harry Potter, la game boy, Britney Spears … Les parents, eux, se souviendront du déchirement provoqué par la progéniture qui quitte le foyer. D’autres événements américains qui parlent pourtant au monde entier sont traités de façon subtile : le 11 septembre 2001 et l’élection de Barack Obama. Tout le monde devrait s’y retrouver. Ce film renvoie le spectateur à ses propres souvenirs, l’obligeant à réfléchir malgré lui sur la vie qui passe.

Film de dialogues, Boyhood est également un film de regards. Le spectateur voit le personnage grandir, devenir un homme. Il est terrible de voir également le temps passer sur le visage de Patricia Arquette, formidable en mère courage mal accompagnée. C’est donc le temps qui nous regarde ou le spectateur regardant la vie défiler sans pouvoir arrêter le film. C’est également une mère dans la cuisine, en larme, regardant son fils quitter le foyer. Ou un petit garçon regardant sa mère ayant un début d’idylle.

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De ces petites et grandes disputes, de ces changements, Richard Linklater en fait une oeuvre pure et douce, jamais mélancolique, composée de souvenirs et d’évolutions. Outre l’évolution physique de ses acteurs, il filme également leur évolution de jeu. Ainsi Ethan Hawke est devenu un acteur au jeu plus « vrai » et posé. Le jeune comédien se trouve finalement une passion en la photographie, ce qui sera montré à l’écran. Car cette grande histoire est celle d’un réalisateur à l’écoute de ses comédiens et soucieux de s’approcher de la vérité sans tomber dans le documentaire. Réellement un pari risqué dans l’avenir, l’aventure est partagée entre le réalisateur et sa fille qui interprète la soeur du héros.

Si en apparence le film ne présente pas de grands drames, il représente une succession d’étapes sur 12 ans pour un rendu bouleversant. Les étapes d’un garçon qui doit devenir un homme dans une société américaine vieillissante et paradoxale où l’on offre des bibles et des fusils pour des 16 ans. Devenir un homme n’est facile pour personne, c’est ce que ce film montre avec brio. Une oeuvre à voir sans tarder.

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