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Oscar Pistorius : Pas de jambes, mais des dents longues !

Publié le 20 mai 2008 par Benjphil
img_4En contradiction avec la fédération internationale d’athlétisme (l’IAAF), le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) a autorisé le coureur sud-africain Oscar Pistorius à tenter de se qualifier pour le 400 mètres olympique de Pékin.
Alors depuis quand un handicapé peut prétendre concourir aux mêmes conditions que le commun des mortels valides ? Et bah depuis samedi dernier selon le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) ! Le coureur de 400 mètres Oscar Pistorius a le droit de s’aligner sur les compétitions des valides afin de participer aux Jeux Olympiques de Pékin.
L’affaire remonte à la saison dernière où l’athlète s’est aligné, aux côtés des valides, aux meetings de Rome et Sheffields avec ses deux prothèses de carbone «  Cheetah Flex-Foot ». Car amputé des deux jambes à l’âge de 11 mois tout simplement parce qu’il est né sans péronés… Rien que ça ! Il s’agit donc d’un garçon qui accomplit le tour de piste en se baladant d’une branche de carbone à une autre. La performance mérite d’être salué. Évidemment.
Là où cela commence à coincer c’est quand l’IAAF passe par là. La fédération internationale d’Athlétisme se demande si ces deux prothèses de carbone ne donne pas, au bout du compte, un avantage au Sud-africain. Après tout, lui n’a pas de chevilles à faire travailler ! (dixit l’argumentaire de l’IAAF)
Pourtant Pistorius n’a pas survolé les Jeux paralympiques d’Athènes en 2004. S’il remporte effectivement le 200 mètres (en 21’97 !), il ne finit que 3è du 100 mètres. Mais son rêve est ailleurs. Courir avec les valides et pouvoir disputer une breloque à Jeremy Wariner, le grand favori de Jeux dans la discipline.
oscar_pistorius_thumbEncore faut-il se qualifier !
S’il fera parti de l’équipe appelée à disputer le relais 4x400 de Pékin, Oscar Pistorius a désormais espère se qualifier à titre personnel pour la compétition. Il ne l’est toujours pas aujourd’hui. Son record personnel plafonne à 46’’56 quand il faut faire un minima olympique de 45’’95, voire moins (45’’55) si un compatriote avait la mauvaise d’idée de se qualifier aussi. Histoire de relativiser, le recordman du monde et grand favori de l’épreuve (Jeremy Wariner) accompli le tour de piste en 43’’45 depuis les championnats du monde d’Osaka l’été dernier.
Un handicapé a-t-il sa place aux côtés des athlètes valides ? Plus loin que le fait de savoir si ces prothèses handicapent ou avantagent à terme, peut-on, doit-on se poser la question suivante ? Le TAS a-t-il ouvert une boîte de pandore qui conduirait à accepter toutes les avancées technologiques dans l’optique de gagner ou d’ouvrir la compétition dans un esprit consensuelle ? À l’heure du politiquement correcte un handicapé n’est plus un handicapé, c’est un sportif comme les autres à qui l’on impose les mêmes règles qu’aux autres avec d’autres contraintes…
Toujours est-il que, de toute façon, Oscar disputera les Jeux Paralympiques (du 6 au 17 septembre prochain), à défaut d’être réellement compétitif, il aura eu un sacré entraînement avec les J.O de tous. La jurisprudence permettra-t-elle d’ici 5, 10 ou 20 de voir débarquer des athlètes bioniques ouvrant la porte à une nouvelle forme de dopage qui ne se passerait plus avec des molécules interdites mais avec des membres (jambes, bras, abdos…) plus performants que nos bonnes vieilles cannes. Quitte à faire passer pour de sombres has been des garçons qui auraient deux bras, deux jambes et même pas aveugle en plus !  Ce qui est déjà à moitié vrai ! Puisque avec 46’’56 comme record personnel, Oscar Pistorius étale, sur le tour de piste, le commun des mortels (surtout moi et mon tonneau de bière). L’IAAF a commandé des études afin de faire la part des choses. L’une d’elle dit que le fait de ne pas avoir de cheville peut conduire à un avantage illégal en compétition. Ce n’est pas complètement enfermé dans des stéréotypes que la fédération a plaidé (un peu quand même). Devant le TAS, Oscar Pistorius a produit des études qui disent exactement le contraire. L’avenir nous le dira, mais je crois sincèrement que d’ici 20 ans, on s’en mordra les doigts.

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