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CINEMA: "Lucy" (2014), un Besson sous LSD / Besson on LSD

Par Bullesdeculture @bullesdeculture
Précédé de l'exploit flatteur d'avoir terrassé le demi-dieu Hercule (2014) aux États-Unis, le nouveau film de Luc Besson, Lucy, débarque plus discrètement en France (très peu de projections avant sa sortie) malgré la présence de Scarlett Johansson et Morgan Freeman en tête d'affiche. Nous avons pu le voir en avant-première dans l'antre d'EuropaCorp au centre commercial Aéroville, dans une magnifique salle de 400 places estampillée du fameux Dolby Atmos. Bref, des conditions parfaites pour de premières impressions made in France.
Preceded by a flattering achievement to have beaten the demigod Hercules (2014) in the United States, the new film by Luc Besson, Lucy, is discreetly released in France (a few screening before its release) in spite of the presence of  Scarlett Johansson and Morgan Freeman in the cast. We were able to see it in preview in the den of EuropaCorp at the shopping mall Aéroville (France), in a splendid room with 400 seats and the famous Dolby Atmos. In short, perfect conditions to express first French  impressions.More in English >> (Translation in progress, come bubble later)
Synopsis : Contrainte de faire la "mule" (passeur de stupéfiants) par un dangereux trafiquant de drogues coréen, Mr Jang (Min-sik Choi), une jeune étudiante, Lucy (Scarlett Johansson), absorbe accidentellement la mystérieuse drogue bleue qu'elle transporte. Sous son effet, elle voit ses capacités intellectuelles se développer à l’infini et acquiert rapidement des pouvoirs illimités. Cherchant à comprendre ce qui lui arrive, elle découvre les travaux du Professeur Norman (Morgan Freeman) sur ce qui pourrait arriver si l'être humain était capable d'utiliser plus de 10% de ses capacités cérébrales.
En bon producteur qu'il est, Luc Besson a partagé ses journées de tournage entre Taïwan (Taipei), pays pas très éloigné de la Chine mais plus ouvert, et la France (notamment dans les studios de sa fameuse Cité du Cinéma en Seine-Saint-Denis). Il a aussi  ratissé large  niveau casting avec un ensemble très international :
- premiers rôles pour les américains Morgan Freeman (Million Dollar Baby, Seven) et Scarlett Johansson (Lost in Translation, Match Point) et le coréen Min-sik Choi (Old Boy, Lady Vengeance) ;
- seconds rôles pour notamment l'anglais Julian Rhind-Tutt (vu notamment dans la série The Hour) dans le rôle d'un trafiquant de drogues et l'égyptien Amr Waked (Syriana) dans le rôle de l'agent des stups français, Pierre Del Rio.
En efficace scénariste qu'il est, Besson s'est concocté son petit film d'action habituel mais sous LSD. Car si Lucy fait clairement référence à notre ancêtre commun (c'est explicité en images dans le film pour ceux qui n'auraient pas fait le lien),  elle fait aussi penser à la fameuse chanson des Beatles. Car il faut faire un film-LSD pour transformer un film estampillé art et essai d'Alain Resnais, Mon Oncle d'Amérique (1980), en un blockbuster international : première partie du film où alternent des scènes de Lucy au prise avec Mr Jang et ses hommes avec des scène du Pr. Norman donnant une conférence sur la sous-utilisation de nos capacités cérébrales (soit, seulement 10% pour ceux qui auraient oublié).
Enfin, en bon réalisateur qu'il est, Besson s'amuse à filmer le corps de Scarlett Johansson violenté par des méchants très violents et une drogue aux effets secondaires sur son métabolisme très variés. Et évidemment, il y a une course contre la montre en taxi... pardon, en voiture de police avec une traversée des rues de Paris en sens inverse, tunnel compris. Car il ne faut pas s'attendre à beaucoup de surprises dans ce film. Besson s'est créé un savoir-faire en film d'action, fait de scènes spectaculaires et de situations improbables mais sources de conflits. Et ce film-là ne déroge pas à la règle. Le problème est que le suspense ne dure pas très longtemps, annihilé qu'il est par le fait que Lucy acquiert rapidement des pouvoirs illimités. Donc elle peut se débarrasser sans problème des obstacles sur son chemin et rejoindre le Pr. Norman pour une scène finale abracadabrantesque où alternent une scène de tuerie sanglante, entre policiers et trafiquants, et une scène complètement déjantée et 100% SFX de Lucy remontant jusqu'aux origines de l'Humanité (croisant au passage des indiens d'Amérique, des dinosaures et son alter-ego simiesque Lucy) et même de l'univers (le big bang).
Et c'est là où réside peut-être la nouveauté chez Besson, dans cette utilisation d'images en tout genre (nature, danse, cellule, etc.) pour signifier les hallucinations et les visions de plus en plus présentes dans la tête de Lucy. Mais pourquoi donc en faire des enchaînements presque sans queue-ni-tête ? Malgré tout, la perspective d'entendre avec ces visions le fameux Dolby Atmos évoqué plus haut, promettait un sacré délire cinématographique. Mais si les monteurs et mixeurs sons s'échinent à nous en mettre plein les oreilles, le film a d'abord été pensé en Dolby 5.1 avant d'être gonflé en Atmos pour répondre à la demande des quelques salles équipées. Déception donc aussi au niveau de ce son tant vanté.
Enfin dommage que les super-pouvoirs de Lucy ne soient pas contrebalancés par la présence d'un super-vilain à la Marvel ou à la DC Comics, ce qui aurait amener plus d'intérêt à la confrontation entre le corps lumineux et fragile de Scarlett Johansson et le corps plus sombre et plus dur de Min-sik Choi.
Bref, loin des réflexions plus intéressantes sur le sujet comme dans Le Cobaye (1992) de Brett Leonard, Lucy est un Besson sous LSD efficace mais sans surprise.
jici


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