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Santé : coup de poing dans nos certitudes

Par Carmenrob

Comment mettre son bien-être à l’abri des services de santé? Pourquoi ne devrions-nous consulter qu’en cas de problème de santé aigu ou d’urgence? Ces questions ne sont pas le fait de quelque gourou, adepte de science occulte au service d’un nirvana corporel, mais d’un très sérieux médecin, Nortin M. Hadler, diplômé de Yale et de Harvard, praticien et enseignant de la médecine occidentale traditionnelle telle que nous la connaissons, traduit par le docteur Fernand Turcotte, lui-même professeur de médecine à l’Université Laval et praticien retraité. Deux scientifiques qui brassent vigoureusement la robuste cage de nos croyances aveugles dans le pouvoir de la médecine moderne.

Si vous êtes prêts à vous laisser désarçonner par la chasse aux illusions à laquelle s’adonne le Dr Hadler, par sa réfutation de l’utilité des interventions et des remèdes préventifs, par sa dénonciation des intérêts pécuniaires derrière notre consommation effrénée de services médicaux et de médicaments, si la responsabilisation personnelle à l’égard de votre santé est un concept qui vous parle, vous êtes mûrs pour lire Le dernier des bien portants.

Pour comprendre et apprécier à leur juste valeur les prises de position du Dr Hadler, il faut prendre acte des fondements de son point de vue :

  •  À moins d’être accidentés, confrontés à une urgence médicale ou affligés d’une maladie grave mettant notre vie en jeux, nous pouvons nous considérer comme des bien portants et devrions éviter de consulter un professionnel de la santé.
  • Être bien portant ne signifie pas être à l’abri de la maladie, mais suppose que nous sommes capables d’y faire face sans médication importante et consultation médicale.
  • Toute intervention médicale ou toute prescription devrait s’appuyer sur des preuves scientifiques solides démontrant que les avantages associés à l’intervention ou au médicament sont plus grands que les inévitables risques.
  • L’être humain est bâti pour vivre environ 85 ans. La question de la cause de son décès est accessoire. Les différences de longévité sont davantage liées au niveau socio-économique qu’aux bénéfices des différents programmes de prévention.

Ce sont ces bases qui amènent le savant à dénoncer un certain nombre d’interventions ou de médications comportant des risques supérieurs aux bénéfices démontrés par des recherches rigoureuses. C’est ainsi qu’il met en doute certaines pratiques cardiologiques préventives telles que les pontages, la prise préventive de médicaments pour combattre le cholestérol ou l’hypertension modérée, les examens de dépistages systématiques des cancers du sein ou de la prostate. Dans tous ces cas, le Dr Hadler affirme, recherches à l’appui, que les risques et les effets secondaires dépassent les bénéfices qu’on peut escompter de telles pratiques. Au mieux, elles sont inutiles et coûteuses, au pire, le remède est pire que la maladie. À peu près tout ce qui s’apparente aux médecines douces passe également à la trappe, toujours sur la base du manque de preuves scientifiques de résultats significatifs.

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Cette attitude de réfutation, à contrepied du discours officiel, est bien sûr dérangeante et nous laisse avec la désagréable impression qu’il n’y a plus rien ni personne à qui on peut se fier en matière de santé. Néanmoins, les voix discutant les pratiques de l’institution médicale et des pharmaceutiques multinationales se font de plus en plus nombreuses et méritent que nous leur prêtions oreille. Nul doute que ces groupes d’intérêts veulent notre bien, mais pas toujours celui auquel on pense.

Même si les positions du Dr Hadler n’emportent pas toujours notre adhésion, il faut saluer le courage d’un médecin s’attaquant à sa toute puissante corporation pour dénoncer une institution de la médecine qu’il juge éthiquement en faillite. « La mise en veilleuse du jugement » des professionnels de la santé, « le triturage des données » de la recherche afin de faire sonner le tiroir-caisse et « la promotion commerciale zélée » des fabricants de médicaments et d’équipement médical ont engendrés les maux de la médicalisation, celle de la vieillesse, de la tristesse, de l’insatisfaction au travail ou de l’inattention des enfants.

Pour ceux que le sujet intéresse, je joins ci-dessous la référence d’un site français, forum de quelques spécialistes poursuivant le même objectif : éveiller notre esprit critique face aux dictats d’une institution médicale dont les membres manquent parfois eux-mêmes d’esprit critique et peuvent, tout comme nous, être manipulés par les intérêts obscurs à qui profitent l’ignorance et la naïveté.

Le dernier des bien portants est un livre coup de poing. Une nécessaire réflexion. On en ressort moins rassurés face aux services qui nous sont proposés, mais peut-être plus confiants en notre propre capacité d’affronter les malaises qui ponctuent toute vie de bien portants.

Santé Nature Innovation

Entrevue exclusive avec le Dr Fernand Turcotte

Nortin M. Hadler, Le dernier des bien portants. Comment mettre son bien-être à l’abri des services de santé, PUL, 2008, 335 p.


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