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Fka twigs – lp1│minimalisme grandiose

Publié le 08 août 2014 par Acrossthedays @AcrossTheDays

Derrière le pseudonyme FKA twigs (FKA pour Formerly Known As, c’est à dire «Autrefois connue comme », twigs signifiant brindille) se cache Tahliah Barnett, anglaise d’origine jamaïcaine de 26 ans, mais pas que. C’est également tout un univers complexe et mystérieux que l’on retrouve dissimulé dans chaque morceau. C’est après deux EP (sans titre, et donc plus simplement baptisés EP1 et EP2) sortis au cours des deux dernières années que l’artiste choisit de dévoiler un nouvel opus, cette fois-ci au format LP, qui sera dévoilé le 12 août prochain. Elle le nommera LP1, et fera donc de ce disque une suite logique aux deux autres, mais également une suite plus complète, qui évitera de laisser l’auditeur sur sa faim. C’est en 10 morceaux que FKA twigs propose (et impose) son RNB alternatif guidé par une voix envoûtante, qui nous rappelle qu’en 2014, trip-hop n’est plus uniquement un synonyme de Massive Attack.

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Dans les règles de l’art, LP1 commence par Preface, une courte introduction qui sonne comme un teaser pour ce qui va suivre. Les voix se superposent, se répondent et les rythmes minimalistes entrent en scène. Le contraste entre les machines et la pureté du chant annonce l’esprit du disque, qui promet une oscillation entre l’obscurité et la lumière, dont l’esthétisme onirique marquera chaque morceau.
C’est avec Lights Out que l’on saisit la puissance de la voix de FKA twigs. Quasiment esseulée, elle s’impose et occupe même la majorité du morceau accompagnée de seulement quelques notes instrumentales. Parfois lyrique, parfois plus discret qu’un souffle, le chant laisse finalement un peu de place aux quelques avancées instrumentales du refrain, dont les sonorités nous offrent une vue sur un univers aussi inédit qu’intriguant. La montée finale du morceau, épique et très étoffée, laisse la place à Two Weeks, premier single de l’album, dévoilé en juin dernier, et édité par Young Turks dans un beau vinyle white label limité à 500 exemplaires.

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L’esthétisme omniprésent dont nous parlions plus tôt passe également par les clips de l’artiste. Two Weeks par exemple, nous fait voyager dans l’Egypte Antique sous la caméra du réalisateur Nabil, ayant déjà opéré pour John Legend ou encore Kanye West. On retrouve dans ce titre des codes hip-hop plus présents ainsi qu’une voix plus affirmée, sûrement grâce à la présence cette fois-ci très prononcée des nappes de synthés. FKA twigs signe ici un véritable tube dont les envolées poétiques contrastent avec la présence répétée du fameux F-word bien présent dans les paroles.
S’ensuit Hours, qui cette fois nous transporte dans un monde plus sombre, presque inquiétant, qui n’a rien à envier aux contes de Grimm. L’ambiance n’est pas sans nous rappeler la poésie noire de Fever Ray, la bizarrerie d’une Björk qui serait née sous les Tropiques ou encore les forêts enchantées de Bat For Lashes. Le chant est toujours épurée, à vif et pourtant se suffit à elle-même. C’est à la fin du morceau, lorsque l’artiste module sa voix à coups de graves et d’aigus, que l’on prend réellement conscience des multiples facettes et personnalités que FKA twigs peut offrir à son auditoire.

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Pendulum prend le relais, la double voix pallie l’absence d’instrumental du début de piste, puis les chœurs annoncent des montées presque violentes dans l’atmosphère de calme qui régnait. La voix s’exclame, s’éloigne, se rapproche, halète : elle présente des nuances si variées qu’on a du mal à se rappeler que l’anglaise est seule à chanter. Video Girl vérifie la qualité du hip hop sensuel proposé par l’artiste qui, en variant les rythmes, décide de la langueur du titre.

On s’arrêtera également sur Numbers et ses interrogations (« Was I just a number to you ? »), où les prouesses vocales sont nombreuses : les notes s’enchaînent mais ne se ressemblent pas, et escaladent des octaves sans difficulté aucune. Cette pureté dans le chant, on la retrouve avec Closer, morceau aquatique où la similitude avec les performances sonores des sirènes est prononcée. Vient ensuite Give Up, on replonge dans le trip-hop et le flow de la chanteuse n’est plus à prouver. Deux voix, deux octaves, un chant à l’unisson dont le chorus naturel parfait le morceau.
C’est donc sur Kicks que le disque s’achève, et Miss twigs finit de nous satisfaire en fabriquant de nouveaux rythmes expérimentaux savamment complétés par une mélodie plus mélancolique que sur les autres titres de l’album. Les dernières mélodies vocales savourées, on laisse couler les samples jusqu’aux notes ultimes.

Les deux EP de FKA twigs nous ont permis de la remarquer, mais c’est avec ce LP qu’elle s’impose comme une artiste dont l’univers nous happe et devient rapidement incontournable. C’est donc avec une certaine fascination que nous réécouterons l’album, encore hypnotisés par la grâce dont chaque morceau est marqué, par le minimalisme si intense qu’il libère. Finalement, c’est bien plus qu’une empreinte que FKA twigs aura laissé dans nos oreilles, c’est une marque qui restera chaude jusqu’au prochain long format dont elle nous gratifiera. Hâte de voir ce que seront devenues ses expérimentations sensuelles et dépressives d’ici là.

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