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"Solal Aronowicz: une résistance à toute épreuve... Faut-il s'en réjouir pour autant?" de Florian Eglin

Publié le 12 août 2014 par Francisrichard @francisrichard

Solal Aronowicz: une résistance a toute épreuve... Faut-il s'en réjouir pour autant? est le deuxième volume d'une trilogie projetée par Florian Eglin

Dans le premier volume, Cette malédiction qui ne tombe finalement pas si mal, le héros, Solal Aronowicz, a déjà fait preuve d'une résistance à toute... épreuve.

On se demande donc en abordant le deuxième volume ce qui pourra encore lui arriver, après toutes les épreuves auxquelles il a été confronté dans le premier. C'est être homme (ou femme) de peu de foi en l'imagination fertile de l'auteur que de se poser la question.

Dans le premier volume, Solal a subi une autoviscération, une énucléation, une ablation d'un rein et une extraction grand-guignolesque de son coeur par Pénélope, la mère de son fils Julien. Et il n'en est pas mort... Ce qui est complètement improbable. Comme le qualificatif donné entre parenthèses à ce roman, qualifié également entre parenthèses de brutal par son géniteur lui-même.

Que peut-il arriver de plus à Solal dans le deuxième volume? Eh bien, Florian Eglin raconte au début de ce deuxième volume ce qui va mettre une nouvelle fois la résistance de son héros à rude épreuve.

Si, dans le premier volume, Solal s'en est pris dans un grand magasin à une vieille dame blonde de nonante ans, dont il ignore qu'elle a fait de lui son héritier, et l'a trucidée en la déchiquetant à coups de tondeuse à gazon de couleur rouge - ce qui lui vaut d'être maudit par elle au moment d'expirer -, il s'en prend cette fois à un avocat marron, qui lui a joué un mauvais tour à la fin du premier volume.

Le deuxième volume commence par une course-poursuite avec ce sinistre individu, porteur d'une mallette. Il a eu l'outrecuidance de passer sous l'oeil unique de Solal, attablé à une terrasse et sur le point d'allumer un ravissant corona à la cape claire. Après bien des péripéties, l'avocat finit par s'enfuir à la nage à la jonction de l'Arve et du Rhône à Genève, abandonnant son attaché-case à Solal.

La détention de ce porte-document, contenant deux tablettes, va être l'élément déclencheur d'une épreuve physique à laquelle il est impossible à un homme normal de résister. Mais Solal n'est pas fait comme les autres... Pour lui faire avouer où se trouve la mallette, une théorie d'avocats se saisit de Solal à son domicile et l'un d'entre eux, après y avoir pratiqué une ouverture à l'aide d'une lime, lui ouvre le crâne en deux...

Le chef des avocats, déçu que Solal n'ait pas hurlé outre mesure de douleur en subissant son véritable calvaire et, sans doute, irrité qu'il lui ait répondu... crânement, avec une impertinence certaine et une certaine candeur tout au long de cette trépanation, lui adresse, juste avant que lui et sa troupe ne décanillent, un dernier ultimatum de trois semaines pour lui rendre la mallette et vider les lieux qu'il occupe...

A partir du moment où Solal se met en quête de retrouver son fils Julien, d'autres aventures rocambolesques s'enchaînent pour lui. Malgré son nouveau look - il a des aiguilles d'or dans le crâne qui en maintiennent ensemble les deux parties maintenant disjointes -, il se retrouve conseiller didactique dans une école, parce qu'il lui faut justifier d'un travail avant de pouvoir le rencontrer, dixit l'assistante sociale qui s'occupe de son cas...

Ces aventures vont l'entraîner entre autres dans les sous-sols de l'école qui conduisent au Conseil d'Etat genevois à qui il doit remettre ses directives et que le lecteur n'imaginait certainement pas comme il apparaît dans ce roman échevelé ou à la Maison de Rousseau & de la Littérature, sise Grand-Rue de la cité de Calvin, lors d'une conférence qui finit en pugilat.

Si Solal n'avait pas une résistance hors du commun, connaîtrait-il toutes ces tribulations? La résistance de ce con magifique et passif en toutes circonstances lui permet en tout cas de se réjouir des quelques petits bonheurs que lui procure son existence mouvementée. Aussi est-il d'avis de ne plus la compter en années, mais en en faisant le décompte: 

"On dirait par exemple, j'ai cinq mille huit cent quarante cigares, deux mille neuf cent vingt bouteilles, vin et single malt compris et, allez, mettons, une centaine de discussions, et vous?"

Ce deuxième volume, où la caricature le dispute à la satire, se caractérise comme le premier par un souffle inouï. C'est pourquoi le lecteur, un tant soit peu essoufflé à le lire, en redemande et ne manquera pour rien au monde le troisième volume quand il paraîtra.

Dans ce deuxième volume, il y a certes moins de scènes d'une rare violence que dans le premier, mais c'est relatif. De toute façon ces scènes ont, par leur outrance, le même effet sur le lecteur que celui que peuvent produire sur le spectateur des films d'horreur démesurés: il est partagé entre l'épouvante et le rire, il est malmené et heureux de l'être, comme je le disais à propos du premier volume...

Francis Richard

Solal Aronowicz: une résistance à toute épreuve...Faut-il s'en réjouir pour autant?, Florian Eglin, 304 pages, La Baconnière

Parution, en France, le 21 août 2014, et, en Suisse, le 23 août 2014.

Volume précédent, chez le même éditeur:

Cette malédiction qui ne tombe finalement pas si mal


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