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[GUEST 4] La platitude léthargique de l’espace-temps soleil

Publié le 11 août 2014 par Teazine
[GUEST  : David] [GUEST 4] La platitude léthargique de l’espace-temps soleil
L’ombre floue
Le soleil derrière les arbres projetait une ombre floue sur le trottoir. J’attendais mon bus, encore en retard. Je m’étais réveillé assez tôt et dans une bonne forme, chose étonnante chez moi. Peu après, j’ai reçu un paquet que j’attendais, un sac à dos, bleu avec des attaches vertes et un rabat noir. Il est très agréable à porter et peut facilement contenir mon carnet à dessins et mes fournitures d’art. Je n’ai pas envie d’aller à ce cours, je vais encore fournir une œuvre médiocre, je le sais. Je n’aime pas la médiocrité, elle me rappelle toutes les erreurs que j’ai pu faire par le passé. Depuis midi environ je baigne dans une léthargie venue de nulle part. Mon cou me fait mal et je ne peux plus sentir les muscles de mon bras droit. Mes genoux tremblent et j’ai l’esprit lent, embrouillé, exactement comme cette ombre sur le sol. J’allume une dernière cigarette pour me calmer après que le conducteur du bus précédent ait refusé de m’ouvrir les portes, il était en plein milieu du rond point, oui, mais à l’arrêt, j’aurais dû frapper un peu plus fort sur cette vitre, mais j’ai vite abandonné. J’ai pris le tramway pour arriver ici, en espérant rattraper le bus. Je l’ai quand même raté, alors j’attends le prochain. Il fait chaud, je commence à transpirer dans mon blouson en cuir, vivement que cette journée se termine. Après mon cour je dois aller à la bibliothèque de la ville, où je travaille depuis six mois, je me demande combien de livres j’ai rangé dans ce laps de temps. Je ne me pose pas les bonnes questions. Ranger me convient, remettre l’objet à sa place destinée, ordonner, trier, classifier, c’est autant une action du corps que de l’esprit. À chaque rangée de romans, une partie de mes pensées se démêlent, la bobine de fil s’étale, s’étend. La perspective. Un livre, une pensée, un livre, une pensée, l’acte égalitaire, pur. On sous estime toujours trop le rangement.
L’abandon physique me rattrape. Les minutes s’écoulent au ralenti. Les livres s’accumulent dans les chariots. On me refuse la fin de cette journée. Des heures passeront, des soleils se coucheront et se lèveront, je serai encore là, debout, à ranger inlassablement ces allées désordonnées. Je ne veux que dormir, et continuer cette vie parallèle de rêve et de néant que nous menons tous lorsque les yeux sont clos. Les gens que je rencontre dans mes rêves existent-ils réellement, dans un lieu éloigné et étranger à ma connaissance ? Je l’espère, alors je donnerais mon adresse à la prochaine personne que je verrais dans mon rêve, et j’oublierais ce rêve, et je recevrais une lettre de cette personne, m’expliquant que l’on se connait d’une certaine façon, il y aura une photo, ce visage aura une étrange résonance en moi, comme un ami d’enfance perdu de vue depuis longtemps. Après un long échange épistolaire je finirais par prendre l’avion et aller à la rencontre de cet ami, la boucle sera bouclée. Je connaîtrai cette personne dans les deux mondes, je l’aurai vu les yeux fermé, je l’aurai vu les yeux ouverts.
Le Bain
Le vent soufflait fort. La fumée de ma cigarette fuyait en toute hâte par la baie ouverte. C’était une de ces journées où rien de notable ne se passe et où l’esprit est laissé à son propre reflet. Afin de me sortir de cette léthargie psychologique je décidai de prendre un bain. Le contact de l’eau brûlante avec ma peau glacée entraîna une réaction nerveuse dans tout mon corps me faisant ressentir avec une précision malsaine le moindre de mes muscles, des tensions entre eux et de leur emprise sur mon squelette. Je plongeai ma tête au fond de la baignoire, et y restai un moment, l’eau recouvrant entièrement mon corps nu, la surface telle une frontière entre moi et le monde extérieur, les sons me parvenaient distordus, presque indéfinissables, j’avais les yeux clos, la respiration coupée, recroquevillé tel un nouveau né dans les bras de la Mère. Il ne restait plus que les battements de mon coeur, résonnant à l’intérieur de mon crâne. Ralentissant encore et encore jusqu’à n’être plus qu’un rythme binaire, primaire tel l’horloge indiquant le temps qu’il me restait avant la suffocation. Tout semblait plus facile, lové dans les plis de cette brûlante couverture aqueuse face au dehors, froid, obscur. Les coups s’éloignaient des uns des autres. Solitaires au milieu de la plaine oxygène. Je n’avais plus à fournir aucun effort pour garder mes yeux clos. La pression se relâchait. Les sons s’effacèrent. On y était, le calme éternel, là, dans cette tombe liquide, transparente comme mes mots. Soudainement, la poussée au dehors par la main de la survie, instinct plus fort que tout autre. Les sons revinrent, devinrent musique, le rythme d’un millier de tambours entre mes côtes, la vision se précisa, les couleurs prirent formes, les formes regagnèrent leur signification, j’avalais l’air comme la nuit dévorait mes souvenirs. La raison reprend ses droits mais tout reste insensé à mes yeux, cette envie de mort ne cachait-elle pas qu’un simple désir de renaissance, de renouveau face au monde, seulement possible par la fin de l’être passé ? C’est ce que je pensais mais tout cela semble si inutile quand on revient à la surface.
***
[GUEST 4] La platitude léthargique de l’espace-temps soleil Renard fou né au fin fond d’une forêt stellaire, je m’adapte à mes 21 années de vie terrestre en me cachant derrière les sons d'Hollow Mountains et les mots de La machine divine. La sublimation ne s’arrêtant pas là j’ai décidé de me plonger dans le monde des arts appliqués dès septembre afin de satisfaire mon besoin infini de créer et d’imaginer.

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