Magazine Cinéma

[Aperçu et Demo] P.T. – L’horreur Silent Hill signée Hideo Kojima (PS4)

Par Neodandy @Mr_Esthete

Walkthrough PT PSN PS4

La surprise du salon vidéoludique GamesCom 2014 de Cologne est tenue par une démonstration interactive dévoilée et disponible instantanément sur le PlayStation Network de la PlayStation 4. A la base, strictement rien n’indique ce qu’est réellement ce contenu "P.T.". Ou peut-être bien que la seule et unique est à prendre amplement en considération : la démonstration de 1,4 GO est à déconseiller aux gens souffrant de problèmes cardiaques. (Ce n’est pas une blague.) Sur le Blog La Maison Musée, l’horreur n’est pas véritablement notre spécialité. En revanche, la curiosité elle, constitue notre fer de lance. Il nous aura fallu un essai, unique et non reconductible pour vérifier ce court extrait interactif est une synthèse de la peur, du malsain, d’une forte suggestion et de la naissance d’un profond dégoût pour la naissance du projet final. En bref, d’excellentes qualités pour quiconque se destine à faire un film réussi ou un jeu vidéo horrifique réussi. Le résultat est pile entre les deux catégories, preuve que l’industrie interactive nous fascine davantage à mesure qu’elle progresse dans le temps.

Un décor vieillot, des piles d'anti-dépresseur et un couloir bien mystérieux. Le décor est planté.

Un décor vieillot, des piles d’anti-dépresseur et un couloir bien mystérieux. Le décor est planté.

  Quelques considérations et informations utiles doivent être connues avant de se lancer plus en avant dans les détails. "P.T." sont les abréviations de "Playable Teaser". En d’autres termes, vous êtes acteur d’un suspens annoncé. Plutôt qu’une vidéo où le joueur ne serait que là, à regarder ce qui est attendu, la communication est tout à fait différente. En même temps qu’il y a l’intention de jouer, l’imagination est pleinement motivée. Aucune piste initiale n’indique s’il s’agit d’un jeu complet (Ce qui pourrait être le cas) et surtout qui en est l’auteur si ce n’est que le "studio 7708s". Sauf que ce dernier n’existe pas et ressemble trait pour trait au curieux "Moby Dick Studio" qui était soi-disant derrière Metal Gear Solid V Ground Zeroes. Un conseil pour la fin d’une courte notice : l’avertissement et la prévention pour les personnes à sensibilité cardiaque est très sérieuse. Autant dire que les autres sensibilités émotives le seront tant la création d’une atmosphère étouffante existe bel et bien.

Rien n'e présage quelque chose de connu. Et justement, l'inconnu est effrayant.

Rien n’e présage quelque chose de connu. Et justement, l’inconnu est effrayant.

   Contrairement à l’apprécie et pourtant horrible Outlast, le décor de l’action n’est pas connu. Hagard, la vue floue, notre personnage se lève difficilement sur ses deux jambes. Visiblement sonné, ce ne sont pas les lumières qui vous aveugleront dans P.T. . Si rares, ce que l’on pense être un homme se déplace tant bien que mal. Les escaliers de la première pièce grince … Un coup d’œil à gauche, derrière, à droite : rien n’y personne n’observe notre âme égarée. En progressant, nous rejoignons un couloir noyé de photos anciennes, floues et souvent abstraites. Un réveil s’obstine à être bloqué sur l’heure 23h59 comme si l’espace et le temps étaient consacrés à un univers fantastique et déjà peu rassurant. Une radio communique des informations dans une langue inconnue et à ce moment précis, le sous-titrage fonctionne pour nous apprendre des faits divers bien glauques rajoutant une cuillère de lourdeur : un père à tuer ses enfants et ce fait s’est déjà produit.

   Comme tout bon extrait placé sous le signe de l’horreur, vous êtes un agneau face à un univers malveillant. Vous ne disposez d’aucune arme et pire encore de très rares moyens d’agir. Un menu d’options vous permet de placer la luminosité au maximum ou au minimum; comment contrôler la caméra et voir ce qui doit être vu; point final. Outre les médicaments et les photos d’un couple mal assorti, même les portes paraissent peu rassurantes. Vous aurez beau forcer les poignées, aucun d’entre elles ne s’ouvrent. Seule l’ultime, celle qui est au fond d’un couloir, s’ouvre sans votre concours. Le seul lustre grince, s’agite par lui-même et tout porte à croire que votre dernière et unique option est de vous engouffrer dans une nouvelle pièce. Un nouvel escalier de 6 à 7 marches tout au plus vous laisse penser le pire : une cave ? Une nouvelle pièce vide ? Une porte qui grince ? Quelque chose de bizarre ?

Enigme Puzzle Demo PT

Vous serez amené à croiser … plusieurs fois le même décor.

   Vous semblez vivre une nuit sans fin. Retour à la case départ en ayant franchi cette porte. Vous voilà de retour dans le même décor, le même couloir, le même lustre rouillé et cet endroit si mal éclairé. Les photos n’ont pas – encore – bougé d’un iota et l’on comprend très vite toutes l’exploitation de peurs suggestives : le noir, un retour au point d’origine, une pointe de claustrophobie à ne trouver aucune issue, l’impossibilité de se défendre et bien d’autres éléments si peu rassurants. Cette manière de fabriquer – ou non – le récit ressemble trait pour trait à la vision que nous offre le cinéma avec cette vue subjective. L’on sait et l’on connait pourtant les lieux communs de l’horreur : la bonne vieille apparition inattendue, la surprise dans le démo’, une image horrible qui défile au moment inattendu, une porte qui s’ouvre, une voix de trop et absente … Eh bien presque chaque ingrédient a sa place dans P.T. . Sauf que l’ambiance, si oppressante, se mêle à la curiosité de se débarrasser d’un lieu que vous retrouverez au bas mot entre 6 et 7 fois en traversant le même couloir, le même petit escalier, et une sensation désagréable commune.

Des énigmes sont à résoudre et ... surprise. Une porte s'entrebaille.

Des énigmes sont à résoudre et … surprise. Une porte s’entrebâille.

   L’aspect troublant de la démo’, piment de l’immersion, reste l’usage du moteur graphique FoxEngine. Il est désormais indéniable de ne pas s’apercevoir du réalisme inquiétant. A croire que l’horreur a maintenant les moyens visuels pour les choses les plus folles. Si l’aventure apparait sans queue ni tête, il existe bien un début, un Game Over pour 50% des joueurs et une "vraie fin". Le suspens narratif existe et, bien que l’on se persuade en pensant que l’imagination fait le reste, le cadre spatial est terrible. A travers une porte à peine ouverte, un bébé pleure à chaudes larmes. Impossible d’ouvrir la porte et la manette ne vous permet qu’une chose : regarder en appuyant sur le bouton "R3". En se focalisant sur un objet précis, l’attention du personnage débloque des micro-puzzles et de nouveaux indices. Pour celui-ci … Vous le découvrirez manette en main.

Créature PT Demo

Elle est là. Ses sanglots et son rire noyée tournent en boucle … De manière déformée.

   Une nouvelle fois, les portes sont fermées à double tour et la progression semble s’achever ici. La porte du fond du couloir s’ouvre une nouvelle fois, nous ramène encore au point de départ et cette fois … quelqu’un pleure. Ou bien rit en mêlant ses larmes. Le son est de mauvaise qualité, légèrement déformée. On ne saura probablement jamais qui est cette personne, ou "cette chose", mais elle est en plein milieu du couleur, là. Si elle ne vous pétrifie pas sur place, elle vous scrute sans bouger. Les sanglots longs vous poussent à ne pas avancer mais, après mûre réflexion, aucune autre voie de progression n’est possible. D’une taille colossale, du peu de cheveux qu’elle possède, la mort est inévitable se dit-on. Coup de vent ou coup de chance, une pièce s’ouvre …

La même porte que précédemment ... Une lampe de secours, votre clef!

La même porte que précédemment … Une lampe de secours, votre clef!

   Le bébé tout à l’heure vivant n’émet plus aucun bruit. Une lampe, mal alimentée ou à la pile défaillante donne des effets stroboscopiques écoeurants dans une salle de bain qui l’est tout autant. En fixant votre regard avec R3, vous pourrez progresser … A vos dépends. L’horreur lorsque le loquet et la porte vous coince dans la pièce. La démonstration, si malsaine, vous oblige à regarder tout autour de vous pour progresser et espérer sortir. Cette fois-ci, une fois le dégoûtant puzzle complété, d’autres énigmes plus complexes doivent être résolues. La lumière du couloir s’est éteinte, à vous de reprendre le flambeau dans la pénombre …

GamesCom 2014 Demo PT

Pour progresser, utilisez à bon escient le bouton "R3" de votre Joystick droit. A vos risques et périls.

   P.T., en tant qu’essai, est au moins à faire une fois si la curiosité le dicte. Ne serait-ce que pour cette manière de concevoir avec malice un récit vide et absolument nourri par la suggestion. Il existe une véritable finalité et la révélation de ce qu’est cette démonstration. Pour cela,quelques joueurs ont réussi à déceler et trouver l’énigme finale. Nous, sur le Blog La Maison Musée, la fin de notre première partie nous a suffi. Immersif et réussi, essayer P.T. n’en reste pas moins dérangeant et à l’apogée d’un glauque tout sauf ridicule.

  Si l’obstination vous prend, nul doute que l’essai peut prendre plusieurs heures. (1h30 pour notre part) Si la réalisation finale joue sans cesse sur cette tonalité là, les amoureux de l’Horror adopteront incontestablement la PlayStation 4 comme le support d’une création tordue, évidemment tortueuse, affreuse et déboussolante. P.T. n’oublie pas de nous glisser un message : vivre l’expérience n’aurait pas eu le même impact qu’une vidéo annonçant un nouveau Silent Hill. Toutefois, les joueurs curieux pourront tout de même observer d’autres joueurs découvrir la "vérité" et finalité via des séquences enregistrées. A noter que chaque langue sélectionnée parait conditionner une fin et une manière "unique" de finaliser la démo’.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Neodandy 1774 partages Voir son profil
Voir son blog