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Les épiceries ambulantes bio partent en campagne

Publié le 20 août 2014 par Blanchemanche
M le magazine du Monde 15.08.2014 Par Camille Labro
2014081645.0.1392390813P8080033_2L'Hirondelle, épicerie bio itinérante, sur le marché de Saint-Gaultier dans l'Indre, le 8 août. | Hélène Godet/ L'Hirondelle
Tandis qu'en ville les "food trucks" ont investi la rue, c'est un autre genre de commerce sur roues qui surgit dans les campagnes : l'épicerie bio itinérante. Sillonnant les routes champêtres au volant de camions boutiques, les nouveaux marchands ambulants sont de plus en plus nombreux à vendre des produits naturels, locaux et issus du commerce équitable, dans des zones rurales où l'on ne trouve ni coopératives ni magasins spécialisés, et très peu d'intérêt pour l'alimentation bio.
Ils sont jeunes, motivés, inventifs, parfois néoruraux, toujours altruistes et débrouillards. Ils se fournissent en grande partie auprès de producteurs locaux, vendent sur les marchés, assurent des tournées et des livraisons individuelles ou groupées, s'arrêtant dans des petits villages dépeuplés auxquels ils contribuent àapporter de la vie, de l'animation et le goût des bonnes choses.Les épiceries ambulantes bio partent en campagne
En plein cœur du Limousin, Olivia Garnier, pétillante rousse de 40 ans, est l'une des pionnières du secteur. Après avoir travaillé dans le milieu associatif, elle a lancé son épicerie itinérante, Le Temps des cerises, voici un peu plus de cinq ans. A bord de son camion blanc, elle circule dans un rayon de 50 km, s'arrêtant sur des marchés cinq fois par semaine et livrant des commandes à des points relais. Parfois, elle approvisionne aussi des mairies, des cantines d'écoles, des restaurants. Aujourd'hui, elle parvient à dégager deux salaires.
"La réussite du projet est très liée au territoire. Ici, nous sommes loin des grands axes, il y a peu de concurrence, beaucoup de petits producteurs, et la population est assez militante, bien disposée à soutenir ce genre d'initiatives. Et puis, je suis très attentive à la demande, je rends aussi desservices non marchands, comme prêter des livres ou prendredes gens en auto-stop. Cela va plus loin que du simple commerce !"
"NOTRE BUT PREMIER N'EST PAS DE GAGNER DE L'ARGENT"
Les nouveaux épiciers nomades sont unanimes : la relation humaine est l'une des dimensions essentielles de leur activité. "Le commerce, c'est secondaire,confirment Hélène Godet et Léna Simon, de l'épicerie L'Hirondelle. C'est avant tout une histoire de proximité et de contact." Basées dans l'Indre, ces amies d'enfance se sont inspirées de l'exemple d'Olivia Garnier pour monter leur camion jaune canari en juillet 2012.
"Notre but premier n'est pas de gagner de l'argent, mais desensibiliser les gens, de tisser du lien et de partager nos valeurs autour du manger autrement."
Les deux épicières vivent encore de leurs allocations chômage, mais espèrentpouvoir se verser un salaire bientôt. L'Hirondelle approvisionne environ 200 clients par semaine :
"Il y a des jeunes, des vieux... Certains n'ont pas envie defaire des kilomètres pour leurs courses, d'autres aiment simplement les bons produits, d'autres encore adorent l'idée du camion. Enfin, il y a ceux qui veulent juste discuter avec nous."Les épiceries ambulantes bio partent en campagne
En Dordogne, Cécile Gomendy a, avec deux amis, lancé La Cour des miracles en 2012. Avec son camion, subventionné par la Fondation de France, elle sillonne les marchés et fait du porte-à-porte auprès, notamment, de personnes âgées qui ne peuvent plus se déplacer, proposant fruits, légumes, graines, condiments ou encore produits d'entretien bio.
"Contre toute attente, notre public est essentiellement constitué d'anciens, sans aucune notion du bio, mais qui ont conscience de la valeur des produits, et pour qui le lien socialest très important."
Volubile et chaleureuse, Cécile travaille en direct avec une quinzaine de petits producteurs locaux, et répand la bonne parole et les bons produits par monts et par vaux, "toujours avant l'heure de la sieste !".
"UN RETOUR EN ARRIÈRE AMÉLIORÉ"
Dans les Vosges, Julien Hantz est le dernier-né des épiciers ambulants. A 24 ans, ce jeune converti au bio a retapé et transformé une vieille camionnette en Bio Mobile pour parcourir les routes à la rencontre de ses clients. Une fois les commandes effectuées sur le Web ou par téléphone, il livre les particuliers d'une semaine à l'autre. Un vrai service à la personne, et un "rêve de gosse" pour ce jeune entrepreneur qui, petit, adorait voir passer le boulanger dans son village de Dommartin-lès-Remiremont.
"Ces nouvelles épiceries ambulantes sont, pour moi, un retour en arrière amélioré : on applique les bonnes pratiques d'autrefois avec des technologies d'aujourd'hui. »
Ou comment allier traditions d'antan, bon sens paysan et conscience moderne.
Le Temps des cerises : www.tempsdescerises.org
L'Hirondelle : epicerielhirondelle.wix.com/indre
La Cour des miracles : sur FacebookLa Bio Mobile : sur Facebook
Et aussi : La Charrette bio (association de producteurs dans l'Isère) :www.lacharrettebio.fr
Le P'tit Gibus (association de producteurs en Indre-et-Loire) :www.ptitgibus.com
Cabas des cimes (en Savoie) : www.cabasdescimes.com
  • Camille Labro 
    Journaliste au Monde

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