Magazine Entreprise

Le marché trouble des armes légères

Publié le 30 août 2014 par Edelit @TransacEDHEC

 A l’heure où les conflits ouverts entre Etats sont de moins en moins nombreux, le marché de l’armement léger ne s’est pourtant jamais porté aussi bien. En effet, les «petits» conflits entre ethnies ou entre différentes minorités ont pris le dessus sur les guerres entre nations et sont bien plus consommateurs d’armes de poings et autres fusils d’assaut. On estime qu’il y a aujourd’hui, près de 639 millions d’armes légères en circulation dans le monde et que 60% d’entres elles sont entre les mains de civils. Ces chiffres recouvrent tant le commerce légal et réglementé d’armes à feu, que le trafic illégal et répréhensible. On touche ici la première difficulté à l’étude de ce marché si particulier.

Le marché gris de l’armement, ou comment les Etats peuvent jouer un double rôle

En effet, la frontière entre le légal et l’illégal n’est pas clairement établie. Le rôle des différents gouvernements par rapport à l’armement léger est parfois très ambigu. On dit à ce propos, que les Etats opèrent sur le «marché gris» de l’armement quand ils s’abstiennent de respecter des embargos et certaines lois internationales, en fermant les yeux sur le détournement de leurs propres armes par des réseaux criminels vers certains points stratégiques, dans le but d’accroitre l’étendue de leur zone d’influence et d’écouler leur stock.

Bill Clinton lui-même a reconnu  en 1994, que le trafic d’armes était l’instrument majeur dans «les guerres par intermédiaire», subterfuge fréquemment utilisé par les pays occidentaux en matière de politique étrangère. L’exemple le plus marquant est celui de l’armement des moudjahidines afghans par les Américains entre 1979 à 1991 car il s’est finalement retourné plus tard contre les Etats-Unis en facilitant la montée en puissance des Talibans.

Le marché noir, «victime» et bouc émissaire de ces jeux diplomatiques

En parallèle, de ces jeux géostratégiques et économiques entre Etats passant parfois par l’intermédiaire de réseaux criminels, il existe aussi d’autres réseaux mafieux indépendants des volontés étatiques, vendant au plus offrant. Hollywood a parfaitement si dépeindre ce type de marchandage souterrain à travers le film «Lord of War». Ils volent ou détournent les armes produites légalement pour les revendre ou dans certains cas, ils les produisent eux-mêmes.

Ces réseaux alimentent principalement la criminalité des pays occidentaux, mais aussi certains autres conflits à travers le monde. Ainsi, ils peuvent aller à l’encontre des intérêts géo-politiques de certains Etats et faire l’objet de poursuites. N’obéissant à aucune volonté des gouvernements, ils sont en quelque sorte les premiers visés par l’arsenal pénal international car à la solde de personne. A leur compte.

Pendant ce temps, les seigneurs de guerre amassent leur butin

Mais le jeu peut en valoir la chandelle pour certains, comme Viktor Bout, qui a fortement inspiré le personnage joué par Nicolas Cage dans «Lord of War», puisque la justice américaine estime sa fortune personnelle à plus de 6 milliards de dollars. Il est aujourd’hui derrière les barreaux sur le sol américain, après un imbroglio diplomatique entre les Etats-Unis et la Russie.

Il est ainsi très difficile de démêler le légal de l’illégal, car un même réseau criminel peut opérer à la fois sur le marché gris et sur le marché noir des armes. Peut-être, est-ce pour cette raison que la Russie a longtemps cherché à rapatrier Viktor Bout.

Mais derrière les manœuvres politiques des Etats, il convient de rappeler qui sont les vraies victimes de ce trafic comme les 3,5 millions de morts dans le conflit en République Démocratique du Congo entre 1998 et 2002, ou encore les 150 000 morts en Syrie depuis 3 ans. Hélas le coût humain semble passer au second plan.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Edelit 18215 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte