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Le ravissement des innocents, de Taiye Selasi ! Les Afropolitains !

Publié le 06 septembre 2014 par Halleyjc

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RENTREE LITTERAIRE (2/5) - «20 Minutes» a lu le premier roman de Taiye Selasi, un voyage initiatique aussi poignant que poétique. Il est le deuxième de notre série sur les auteurs inattendus de la rentrée…

Qu’y a-t-il de Taiye Selasi dans les lignes de sa saga familiale Le ravissement des innocents? Cette jeune auteure, née d’une mère nigériane et d’un père ghanéen, grandit près de Boston et fit ses études à Yale et à Oxford. Symbole des «Afropolitains», elle vit aujourd’hui entre New York, Rome et Delhi. Dès la première ligne, elle pose un décor insolite, comme si elle déroulait le récit en partant de la fin. «Kweku meurt pieds nus un dimanche matin avant le lever du jour ses pantoufles tels des chiens devant la porte de la chambre…. » dans son jardin, seul avec ses souvenirs. Dont celui de son retour précipité au Ghana, poussé par un secret inavouable, quittant femme et enfants sans regarder derrière lui. Et celui de sa honte. Dans ce livre émouvant, la mort fédère. Elle agit là où la vie fait défaut, impuissante à créer le foyer idéal imaginé par Olu, Taiwo, Kehinde et Sadie, les quatre enfants que Kweku Sai a eus avec sa première épouse Folasade.

Taiye Selasi dans ses interviews, explique ceci  : quel que soit l'endroit où elle se trouve, elle n'est jamais reconnue comme une des leurs. D'ailleurs l'importance de la terre et de la maison est très présente dans le roman. La maison dont rêvait Kweku, celle qui s'est fait bâtir, celle qu'il a habité dans ses dernières années exilé de sa famille sur sa terre natale est un pivot.

Le premier roman de Taiye Selasi, Le ravissement des innocents , vient avec bonheur d’être traduit en français ...Le premier roman de Taiye Selasi, Le ravissement des innocents ,
vient avec bonheur d’être traduit en français ...

PARCOURS
1979 Taiye Selasi naît à Londres de mère nigérianne et de père ghanéen.
Années 1980 Enfance dans le Massachusetts.
Années  1990-2000 Elle passe sa licence de littérature américaine à Yale, puis son doctorat de relations internationales à Oxford.
2011 Elle publie The Sex Lives of African Girls (non traduit) dans la ­revue Granta.

Une pépite de cette rentrée 2014.
Une pépite de cette rentrée 2014.

LES « AFROPOLITAINS »

Taiye Selasi est une parfaite représentante de ces « Africains du monde », cette nouvelle génération de jeunes diplômés, actifs, mobiles et multilingues que l’on appelle aussi les « Afropolitains ». « Il n’est guère compliqué de tracer leur généalogie », expliquait-elle dans un article intitulé « Bye-Bye Barbar or What is an Afropolitan ? », publié en 2005 dans le magazine américain LIP.« En 1999, on estimait à 27 000 le nombre d’Africains diplômés ayant quitté l’Afrique pour l’Occident. En 1987, ils étaient 80 000, soit près du tiers de la main-d’œuvre africaine hautement qualifiée. Leurs destinations de prédilection : Canada, Grande-Bretagne, Etats-Unis. Mais aussi, du fait des bourses offertes pendant la guerre froide, certains pays du bloc de l’Est comme la Pologne ou la ­Roumanie. »

En 1979, Taiye Selasi naît à Londres d’une mère nigériane et d’un père ghanéen. Elevée en Amérique près de Boston, elle fait ses études à Yale puis à Oxford et vit aujourd’hui entre New York, Delhi et Rome. Jolie plante poussée non sur une racine unique, mais sur un vaste et vigoureux rhizome, elle rit de son côté nomade, boulimique, surdoué. Capable de tout absorber. Latiniste passionnée. Pianiste et violoncelliste jusqu’à l’âge de 18 ans. « Dans l’orchestre de Yale, nous n’étions pas nombreux à avoir la peau bronzée », se souvient-elle. Un jour, pourtant, elle en a eu assez. Elle a décollé l’étiquette « bonne élève ». Envoyé promener la musique. Appris sur le tas la photographie (qu’elle continue de pratiquer). Mais, surtout, elle est devenue ce qu’elle « avait toujours rêvé d’être depuis l’âge de 4 ans », une écrivaine.

« Il faut imaginer la transgression, dit-elle. Dans ma famille, ils sont tous médecins. Mon père est chirurgien, ma mère pédiatre et ma sœur jumelle – en yoruba, la langue de ma mère, celle que l’on parle sur la rive droite du fleuve Niger, mon prénom, Taiye, désigne la première née de deux jumelles… – ma sœur jumelle, donc, est spécialiste du système musculo-squelettique. Bref, comme vous le voyez, j’étais vraiment le mouton noir de la famille… » Mais la jeune Taiye tient bon. Après quelques nouvelles qui lui valent d’être publiée dans la revue Granta et encouragée par la Prix Nobel américaine Toni Morrison, la voilà qui se lance dans le roman. Ou, plus exactement, c’est le roman qui vient à elle. « J’étais en Suède en stage de yoga lorsqu’un matin, à 5 heures, sous ma douche, l’histoire a surgi dans ma tête, raconte-t-elle sans se départir de son chaleureux sourire. Comme ça, tout entière, en un instant… Le problème, c’est que ni les téléphones portables ni les ordinateurs n’étaient autorisés lors de cette retraite. Alors, j’ai tout laissé en plan. J’ai sauté dans le premier train qui partait – pour Copenhague – et je me suis mise à écrire. »


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