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Jeff Koons : un roi à New York

Publié le 10 septembre 2014 par Pantalaskas @chapeau_noir

Alors que le MOMA et le Guggenheim de New-york préparent actuellement l'installation de nouvelles expositions temporaires, c'est le Whitney Museum qui rafle la mise et génère en ce moment les files d'attente avant les heures d'ouvertures de la rétrospective Jeff Koons.

Koons à tous les étages

Car au Whitney actuellement , c'est Koons à tous les étages. Seul Edward Hopper conserve sa citadelle au cinquième niveau de ce bâtiment conçu par Marcel Breuer il y a près de cinquante ans. La rétrospective Koons sur la presque totalité des espaces du musée permet, en effet, de suivre l'itinéraire d'un enfant gâté de l'art contemporain.

Jeff Koons : un roi à New York

"Lifeboat" Jeff Kons bronze

Outres les œuvres visibles un peu partout à travers le monde, le Whitney retrace le parcours d'un artiste controversé peut-être pas un succès encombrant qui, en partie, occulte l'identité de l' œuvre. L'origine, les méthodes, le positionnement de l'artiste dans le monde de l'art ne sont pas étrangers à l'agacement sous-jacent au regard porté sur la démarche de celui qui, ancien courtier en matières premières à Wall Street, se comporte en manager d'une équipe d'une centaine d'assistants dans le quartier de Chelsea. Après Wharol, l'entrepreneur Koons assume le statut de l'artiste mondialisé, confirmé par les critères de la spéculation internationale et l'adoubement de ceux qui  partagent ses valeurs et se disputent ses pièces. Pourtant, dans l'imposante expositions du musée, quelques oeuvres plus modestes semblent rappeler que Koons a pu faire entendre parfois une petite musique plus discrète, comme ce jeu de miroirs avec quelques éponges synthétiques de couleur. Dans un univers où se croisent et se bousculent Duchamp, Claes Oldenburg et Warhol pour ne citer que les références les plus ancrées, ce jeu avec l'objet se charge d'une mise en valeur dans l'univers de la consommation et des images culturelles qui l'accompagnent. L’artiste ne s'est pas privé de ce jeu photographique, notamment avec son ancienne épouse l'actrice porno Ilona Anna Staller, dite Cicciolina
Pour le Whitney museum, cette rétrospective Koons s'apparente à un bouquet final. En effet, il s'agit de la dernière exposition avant l'ouverture au printemps 2015 du tout nouveau Whitney museum créé par Renzo Piano et situé entre la High Line et l' Hudson River, sur Gansevoort street.

“Split rocker”

Mais il fallait plus d'un musée, même totalement consacré à la dévotion Koons, pour traduire l'engouement mondialisé, la  frénésie mercantile qui s'attachent à cet activisme artistique. New York, désormais dominé par le One World Trade Center, permet à Jeff Koons de se situer comme le roi de la ville. Au pied du Rockfeller center, sur la cinquième avenue, la plus grande œuvre monumentale de Jeff Koons (près de douze mètres de haut, d'un poids de deux cents cinquante tonnes et  composée de  cinquante mille fleurs vivantes en pot alimentées par  un système d’arrosage très perfectionné) semble damer le pion au symbole Rockfeller jailli dès après la crise de 1929.

Jeff Koons, Split-Rocker 2000 acier inoxydable, sol, toile géotextile, système d'irrigation interne, et des plantes à fleurs en direct

Jeff Koons, Split-Rocker 2000
acier inoxydable, sol, toile géotextile, système d'irrigation interne, et des plantes à fleurs en direct

Ce  “Split rocker” a d'abord été exposée en France au Palais des Papes à Avignon en 2000, puis au Château de Versailles (2008) et à Fondation Beyeler (2012).
Cette œuvre bicéphale, trouve encore sa source dans le clin d’œil à l'objet. La création du “Split rocker” vient en effet de l’idée de combiner deux chevaux à bascule d’enfant. ( Une partie “Dino” correspondant à la tête d’un dinosaure, personnage de bandes dessinées, et une partie “Pony” correspondant à la tête d’un poney). Koons, nous dit-on, aime l'idée qu'avec ces éléments végétaux naturels, rien ne garantit la survie des plantes malgré toutes les précautions techniques. Cette notion de perte de contrôle semble pourtant aux antipodes des critères mis en permanence en avant pas Koons : assurer une gestion efficace, productive, contrôlée et rentable de l'entreprise artistique. Dans peu de mois il sera possible au Centre Pompidou de Paris, de mettre en balance ces deux faces de l'artiste Janus : créateur et entrepreneur. A l'image de son Split rocker, Jeff Koons bascule inlassablement entre ces deux positions instables : entrepreneur et créateur.

Photos: de l'auteur

Rétrospective Jeff Koons
Whitney Museum
945 Madison avenue at 75 th street
New York
Jusqu'au 19 Octobre 2014
puis en novembre au Centre Pompidou à Paris


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