Les combattants

Cà fight... avec le sourire
Le père d’Arnaud vient de décéder. Son frère reprend les rennes de l’entreprise familiale. Sur un chantier, il va faire la connaissance de Madeleine. Diplômée de macro économie, Madeleine a bien analysé la situation : tout va péter et il faut se préparer à survivre. Et elle s’y prépare comme une dingue : natation avec un sac chargé de tuiles dans la piscine familiale, smoothie de maquereaux crus,… Une vraie warrior. Son apprentissage passe par l’armée où Arnaud décide de la suivre par amour pour cette OVNI de jeune fille. Madeleine va vite déchantée… et la suite va leur donner une vraie leçon de survie… qui va leur mettre du plomb dans le crane ?Thomas Cailley, le réalisateur, fait partie de cette jeune génération prometteuse issue de la Femis dont Celine Sciamma est un fer de lance. Son film a même fait un carton cette année à la Quinzaine de Réalisateurs à Cannes en trustant de nombreux prix ; comme Galliene l’an dernier pour « Guillame… » et Lovsky l’année précédente pour « Camille redouble » ; un concours où les comédies françaises se révèlent. Cailley, issu de la section scénario de la Femis, démontre ici de vrais talents de metteur en scène ; chaque plan est soigneusement étudié. La force de son film tient tout de même à un scénario malin dans lequel il détourne les codes de la comédie romantique par l’inversion des sexes. En effet, le lunaire et tendre Arnaud se voie frapper par la foudre estivale de l’amour ; une rencontre musclée avec la pro de l’auto défense qu’est Madeleine. L’opposition entre ces deux personnalités nourrit le film. La déjà accomplie Adèle Haenel et le novice Kevin Azaïs jouent de nuances subtiles dans le jeu. Habituée aux rôles plutôt dramatiques, c’est un bonheur de retrouver Adèle dans une comédie ; le regard souvent vide, le menton bas, prête à l’attaque… rien que sa posture révèle son potentiel comique. Deux comédiens au charme fou. Cette histoire d’amour très surprenante et originale incarne le nouveau souffle du cinéma français, Thomas Cailley est assurément un réalisateur à suivre après un premier film aux qualités incontestables et déjà très matures. Son détournement de la comédie romantique pour en faire un film barré est assez jouissif et pas dénué d’un message fin sur notre société ; une condamnation de la destruction de l’homme par son ultra individualisme. Efficace jusqu’au bout, son film est juste un peu long dans la forêt ; mais le final pétillant nous donne envie d’une suite.Allez donc voir absolument voir ce 1^er film intelligent, drôle et plein d’originalité. Une perle dans une année 2014 cinématographiquement faible.
 Sorti en 2014