Magazine Asie

Les Ninja, entre secte et société secrète

Publié le 20 septembre 2014 par Lelelili
Les Ninja, entre secte et société secrète
Le nom seul de ninja inspire peur et respect. Le cinéma en a fait un héros ou un méchant, selon les oeuvres mais est souvent bien loin de la réalité.
Connu aussi sous le nom de Shinobi-no-mono, le ninja est un guerrier japonais du Moyen Âge, spécialisé dans les missions d'infiltration et d'élimination (de Nin : furtif et Ja : spécialiste), agissant pour le compte de clans rivaux luttant pour le pouvoir au Japon. On trouvait aussi ce personnage, selon les époques de l'histoire, sous les noms de de Kancho, Sekko, Kagimono-hiki, Saisaku (travaux des ruses minutieuses), Yutei (espion voyageur), Gyonin (voyageur), Igamono (homme de la province d'Iga), Kogamono (homme de la province de Koga), Onmitsu (homme de la mission secrète) ou encore Toppa (celui des actions imprévisibles).
Les techniques ninjas sont connues sous le nom de Nin-jutsu ou Shinobi-ho (méthode furtive). Elaborées au cours des siècles, depuis l'aube de l'histoire du Japon, sans cesse enrichies au cour des guerres civiles du Moyen Âge qui virent différents clans de Ninja servir les seigneurs (Daimyo) rivaux, ces méthodes étaient pour la plupart peu orthodoxes en regard de celles en usage auprès des guerriers professionnels (Samouraï) et inspirés d'éthique du Bushido. Elles étaient cependant très efficaces et daisaient du "guerrier furtif" un adversaire redoutable. On trouve le Nin-jutsu à l'origine même des techniques martiales, qui devinrent arts martiaux, du Japon.
Le Nin-jutsu est avant tout un budo. L'origine du "ninjutsu", encore très obscure, remonte à plus de mille cinq cents ans. Durant des siècles il ne fut pas un art spécifique mais une partie de l'enseignement militaire. Néanmoins, tous les experts japonais reconnaissent dans le "sonchi", livre de la stratégie militaire, les prémices d'un Nin-jutsu codifié.
L'introduction de ces techniques a suivi deux voies, qui eurent leur point de départ en Chine. La première voie fut empruntée par des guerriers, des érudits et des moines chinois, qui s'enfuyant de leur patrie pour prendre refuge sur les îles japonaises n'hésitèrent pas à traverser la mer de Chine. Ils allèrent dans les provinces de Ise et de Kii au sud des capitales de Kyoto et de Nara.
Des sages taoistes (Gamon, Garyu, Kain, Unryu) ainsi que des généraux de la Chine puissante offrirent aux dirigeants de leur terre d'accueil des manuels de stratégies militaires, des philosophies religieuses, des concepts culturels, des pratiques médicinales.
L'autre courant vint aussi de Chine, mais via la Corée, afin d'éviter le pillage par des pirates barbaresques pullulant sur la mer de Chine orientale. Pour certains voyages, ambassadeurs de Chine et du Japon préférèrent en effet le détroit de Corée plus sûr et plus court.
De surcroît, le Japon et la Corée établirent des relations commerciales et culturelles. Les Coréens apportèrent aux Japonais le "harawang do" (la voie pour traverser la vie), concept d'éthique qui devint le "bushido" (code d'honneur du guerrier japonais) ; le sonchi ; le keupso-chirigi (technique martiale qui débouchera sur la science des points vitaux que les Japonais nommeront atemi) ainsi qu'un traité de stratégie martiale appelé tonko (art de se rendre invisible en utilisant la nature et ses manifestations).
Vivant à l'écart de la cour impériale, les ancêtres culturels du ninja menèrent une vie de naturalistes et de mystiques pendant que les principales couches de la société japonaise se structuraient et se hiérarchisaient.
La tradition nous rapporte que l'empereur Jimu fut le premier à utiliser des guerriers déguisés pour subtiliser de précieuses informations. Le premier véritable ninja fît cependant son apparition sous le règne de l'impératrice Suiko (593-628 avant JC) et il se prénomait Micinoue no mikoto. Plus tard, Otomo no sajin, guerrier de l'ombre, se vit confier différentes missions d'espionnage classique. A cette époque les princes Shotoku Tashi et Morya donnèrent aux espions militaires le nom de "ninja" en choisissant le caractère "shinobi" pour les qualifier. D'ailleurs durant les siècles qui précédèrent, ces hommes que nous appelons ninja ne se définirent pas comme des espions, mais comme des "exécutants de la stratégie militaire".
Alors que l'histoire du Japon suivait son cours, les ninja et leurs façons d'agir continuèrent à jouer, d'une manière discrète et efficace, un rôle dans l'accomplissement des évènements historiques et politiques. Si le ninjutsu se developpa comme une contre culture, illégale et hautement subversive vis à vis de l'élite samouraï, l'art de l'ombre n'en demeura pas moins complémentaire et indissociable du bujutsu classique, l'endroit et l'envers agissant dans une symbiose parfaiteement voulue.La période Heian (794-1185) fût imprtante dans le développement du ninja mais son âge d'or se déroula sous l'époque Kamakura.
Afin de garantir une survivance, de préserver un anonymat, des familles de ninja se formèrent dans les montagnes du Japon. Là, ils allaient devoir cohabiter avec d'étranges ermites pratiquant une ascèse rigoureuse et qui révéleront d'excellents guerriers : les moines yamabushis du Shugendo. Ce fut au contact de ces derniers et des échanges qui eurent lieu que les ninja dégageront toute l'originalité de leurs méthodes guerrières. 
Secrètement, les familles de ninja élaborèrent leurs propres techniques de stratégie militaire. Après l'arrivée au Shogunat du prince Yeasu Tokugawa, les batailles qui ravagèrent le Japon cessèrent, mais les complots demeurèrent. Pour leur grande efficacité, les ninja allaient être utilisés dans la guerre froide.
Pendant les siècles qui suivirent, soixante dix écoles de ninjutsu allaient naître. Ces écoles furent, pour la plupart, concentrées dans les provinces d'Iga et de Koga, dans l'île principale de Honsu. Les camps de ninja s'établirent toujours à proximité d'un haut lieu du shugendo.Chaque province était sous l'influence d'un clan : par exemple la province d'Iga fût sous le Shogun Yeasu, dirigée par le clan de Hanzo Hattori. Ce dernier, samouraï de haut rang, chef de la police personnelle du Shogun fût le légat d'écoles de ninjutsu de Iga.
Aujourd'hui le ninja est omniprésent dans l'imaginaire collectifs : films, bandes-dessinées, manga....il est l'objet de tous les fantasmes. Pourtant le ninja, le vrai est encore présent dans la société contemporaine, oeuvrant dans le plus grand secret. Pour en savoir plus je vous invite à découvrir mon autre blog sur ce thème : ninja

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lelelili 260 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine