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Je ne serai jamais une maman allaitante.

Publié le 21 septembre 2014 par Encoreunblogdemere

Cette phrase tourne en boucle dans ma tête ces derniers temps. Un pendant du « je n’aurai plus d’autre enfant » ou « je ne serai plus jamais enceinte », mais bizarrement, c’est ce qui me touche le plus. La faute à un deuxième allaitement stoppé très tôt ? Au RGO de Miniloute ? A la réalité des choses, qui est que non, je ne connaitrai sans doute plus d’autre naissance, d’autre première tétée, ce qui est voulu ?

Au fond, je crois que je sais.

Pendant mes deux grossesses, j’ai été intimement convaincue que j’allaiterai mes bébés. J’en avais envie et je voulais « bien faire » (comme si il n’y avait qu’une seule façon de faire les choses « bien » !). Pour la deuxième, je me suis d’ailleurs mis une pression énorme, il fallait que j’y arrive, il ne fallait pas changer d’avis comme pour la première… Cette première fille qui avait tant souffert d’un RGO interne plutôt sévère, une expérience qui me culpabilisait énormément, même si on m’a dit et redit que l’allaitement n’y aurait sans doute pas fait grand chose. Il y a toujours ces « et si… » qui vous pourrissent la vie.

Liloute a eu des biberons dès son deuxième jour de vie. Plus envie, pas pour moi, l’allaitement s’est arrêté là. Et j’ai bien vécu ma décision, en accord avec moi-même (et monsieur aussi) Je dis souvent que comme pour beaucoup de choses, j’ai besoin d’essayer avant de me prononcer. C’est plus tard que les regrets se sont pointés, en pleine période de reflux douloureux résistant aux traitements, de doutes et de baby blues… Alors, pour un deuxième, c’était décidé : je DEVAIS allaiter. Donner toutes ces chances à ce bébé de souffrir le moins possible. Lui donner le meilleur, un point c’est tout. Et tant pis si ce n’était pas pour moi, se forcer et puis voilà.

Miniloute est arrivée et j’étais plus à l’aise avec l’idée d’allaiter, dès la tétée de bienvenue. Même si elle avait du mal à prendre le sein, s’énervait dessus, régurgitait, me faisait mal (mauvaise position, tétées quasi non stop…), je me surprenais à aimer ces moments où j’étais tout ce qu’il lui fallait, même si les premières secondes me faisaient serrer les dents.

Et le baby blues est arrivé. La deuxième soirée, des larmes intarissables, et ce doute au fond de moi…

« Ce n’est pas pour moi. »

Encore une fois…

J’étais complètement paumée, et ça me faisait pleurer encore plus. Normal, me direz vous, mais perturbant quand on a une pression énorme sur les épaules ! La pire c’est d’ailleurs celle qu’on se met soi même… J’ai voulu attendre une nuit, quitte à donner des bibs et reposer mes seins à vif, pour me décider. J’avais demandé à monsieur d’acheter des « bouts de sein » au cas où. La puéricultrice que j’ai vu cette nuit là a été adorable : j’ai pu pleurer, parler, elle m’a écouté et consolée sans jamais prendre position. M’a déculpabilisé. Cherché avec moi d’où venait cet inconfort avec l’allaitement… Ce pourquoi certains aspects n’étaient « pas pour moi ». Et me dire la phrase qui change beaucoup de choses « Ce n’est pas grave de changer d’avis ! »

Sur les dernières tétées, miss N. a du sentir mon inconfort, mes doutes, mon hésitation. Elles ont été moins tranquilles qu’auparavant, plus nerveuses des deux côtés, moins agréables aussi. Moins naturelles, beaucoup plus forcées. Il fallait que je tienne, mais je ne le voulais plus. Que faire ?

La montée de lait est arrivée au tout début du troisième jour. J’avais pris ma décision : j’arrêtais. Mais pas au meilleur moment : les seins énormes, déformés, douloureux, je ne pouvais même plus porter ma fille. Ajoutons à cela une prise de traitements et des soins un peu tardifs, j’ai bien du souffrir plusieurs jours. Intérieurement et extérieurement, car, dès le deuxième jour de lait artificiel, les régurgitations et pleurs de Miniloute se sont amplifiés. Et j’ai reconnu ces fameux signes que je redoutais tant… Le RGO était bien là. Malgré tout, je ne pouvais plus faire machine arrière: les traitements étaient bien trop dosés et seraient passés dans mon lait, et on suspectait une allergie aux protéines de lait de vache vu les antécédents familiaux.

Avec le recul, je pense que j’aurais pu revenir à l’allaitement. Si j’avais eu l’envie, ce qui n’était pas le cas. Ce qui est fait est fait, et c’est toujours plus facile de parler après coup, comme de l’extérieur : combien de fois j’ai pleuré et regretté de ne pas avoir « tenu bon » devant la souffrance de Miniloute ! J’ai même envisagé une relactation, processus long et fatigant qui demande beaucoup de volonté. Mais la motivation n’était pas bonne, la volonté mal placée. Je ne suis pas sûre que ça aurait réussi, ni même changé quelque chose à l’état de ma fille.

Cette question restera toujours en suspens.

Et puis je retombe sur un cliché de Miss N. au sein, et je deviens bizarrement nostalgique. Et si ?

Et si j’avais continué, et si j’avais tenu de coup ? Et si ce n’avait été qu’un tour des hormones ?

Mais surtout : je ne connaitrai jamais plus ces moments là. Je ne serai jamais une allaitante, je ne vivrai jamais cela. Comment savoir si je n’aurais pas aimé cela, finalement ? Simplement en me remémorant ces instants où j’ai su, clairement, que je ne voulais pas continuer. Où je ne pouvais plus me forcer d’avantage.

Et puis, au final, je ne saurai jamais et c’est comme ça. Il faut accepter, se résigner, faire avec ses regrets. Se dire qu’on est pas plus faible mais justement plus en accord avec soi même… Et qu’il y a bien d’autres moyens d’être proche de son enfant, de s’appliquer à lui donner le meilleur.


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