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La sélection de la semaine : Scott Pilgrim, Papa ne sait pas, Rasl, Arsène Lupin les origines, Capitaine Trèfle, Les orangers de Versailles, Nightly news, The corner, Fatale, Kamakura diary, Fatima déese de la vie, Voix de la nuit, Collection Trakik et...

Par Casedepart @_NicolasAlbert

9782344003053_p_1Pour ce  dernier samedi du mois de septembre, Case Départ vous ouvre sa bibliothèque remplie de bandes dessinées. Parmi les albums passés au crible, il y a quelques perles : La réédition couleurs du fabuleux comics Scott Pilgrim, Papa ne sait pas : un album double mettant en lumière les difficultés des adultes illettrés dans leur vie quotidienne, le premier tome de Rasl la nouvelle série de Jeff Smith, le premier volume du triptyque de Arsène Lupin les origines, la magnifique fable de Hausman & Dubois : Capitaine Trèfle, l’adaptation dessinée du roman jeunesse Les orangers de Versailles, le troublant comics sur l’univers de médias Nightly news, The corner : un polar bien écrit dans l’Amérique des années 20, Fatale : l’adaptation du roman de Manchette par Cabanes,  le cinquième volume de la saga familiale Kamakura diary, la série manga Fatima déesse de la vie, le formidable roman graphique de Ulli Lust : Voix de la nuit, les trois premiers albums de la nouvelle collection de Fluide Glacial : Trafik et En toute simplicité : le nouvel objet graphique non-identifié de Michael DeForge. Bonnes lectures.

Scott Pilgrim

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Grand succès populaire et critique aux Etats-Unis et en France lors de sa première édition en noir et blanc (en 2010), Scott Pilgrim precious little life, signé Bryan Lee O’Malley est réédité en couleurs par Milady.

Toronto, Canada. Scott Pilgrim, 23 ans et sans travail, vit avec son colocataire Wallace, son pote homosexuel. N’ayant pas beaucoup d’argent, les deux hommes dorment dans le même lit. D’ailleurs Scott n’a que peu de meubles. Il vit donc plutôt chez Wallace que l’inverse. Passant son temps à jouer de la basse dans son groupe de musique Les Sex Bob-Omb, c’est un vrai glandeur. Dans ce groupe, il y a ses amis : Stefen le guitariste et Kim la batteuse.

Depuis quelques jours, il sort avec Knives, une lycéenne sino-canadienne qu’il a rencontré dans un bus. Leurs amours adolescentes restent très sage : se tenir la main et l’embrasser sont des choses très rares. Invitée à regarder une répétition du groupe, elle tombe littéralement sous le charme de la musique, des membres et surtout de Scott.

Quelques jours plus tard, Knives et Scott se rendent à la bibliothèque municipale. Le jeune homme a un coup de foudre en voyant Ramona Flowers, une livreuse d’Amazon aux cheveux roses. Cette jeune femme en vient même à hanter ses nuits. Lors d’une fête, il la revoit et se renseigne sur elle : elle ne serait en ville que depuis une quinzaine de jours et se remettrait difficilement d’une rupture. Il se débrouille alors pour qu’elle lui livre un colis chez lui. Petit à petit, il en tombe amoureux mais elle lui explique que pour sortir avec elle, il devra se confronter à ses 7 ex maléfiques…

Publié par l’éditeur américain indépendant Oni Press entre 2004 et 2010, Scott Pilgrim est un comics de Bryan Lee O’Malley qui comporte 6 volumes. Edité une première fois en France par les éditions Milady en 2010, il est réédité pour cette rentrée en couleurs par le même éditeur (format plus, grand proche des comics et pagination augmentée). Le grand public connaît bien cet univers parce qu’il fut décliné aussi en série animée, en film (voir la vidéo ci-dessous), en jeux vidéo ou en comics pour mobiles.

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Les critiques sont dithyrambiques, soutenus par Scott Mc Cloud ou Joss Whedon, la série remporte un nombre impressionnant de prix (le Doug Wright en 2005, Joe Shuster Award en 2006, un prix Harvey en 2008 et un Eisner Award en 2010) ; et c’est amplement mérité tant ce comics est formidable. Le récit de O’Malley est très intéressant, à la croisée de plusieurs genre littéraire : comédie contemporaine, la romance et le seinen (manga kung-fu), le tout teinté de fantastique. Donc tous les lecteurs pourront se reconnaître dans cet album. L’histoire passe donc d’une comédie romantique à un série digne de Kill Bill à la fin de ce premier tome. De plus, l’auteur glisse par petites doses des univers qu’il affectionne : l’action, le jeu vidéo et la musique. Les personnages sont très bien cernés et vivent vraiment les aventures de leur quotidien (l’amour ou l’amitié) comme de nombreux jeunes adultes. Scott : adulescent, très cool, fainéant, très beau, il fait chavirer le cœur de toutes les filles. Wallace, colocataire gay cynique et sarcastique. Kim, batteuse et amoureuse secrète de Scott. Knives, 17 ans, jolie jeune adolescente naïve, timide et rencontrant pour la première fois l’amour. Romona, femme mystérieuse, qui a cumulée les petits amis et qui sont de plus maléfiques. Le trait est simple et dynamique mais d’une monstrueuse efficacité. La couleur ajoute un vrai plus à cette nouvelle édition.

Scott Pilgrim : étonnant, accrocheur, bien écrit, rafraîchissant et enthousiasmant.

  • Scott Pilgrim, precious little life, tome 1
  • Auteur : Bryan Lee O’Malley
  • Editeur: Milady
  • Prix: 19.90€
  • Sortie: 19 septembre 2014
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Papa ne sait pas

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Lors de chaque festival BD Boum qui se déroule à Blois, les responsables de la manifestation font publier des albums à forte thématique. Après Paroles de taulards (1999), Paroles de sourds (2005), Paroles d’illettrisme (2008) ou Immigrants (2010), est édité Papa ne sait pas en co-édition avec Glénat. Ce bel album pour enfants met en lumière l’illettrisme à travers l’histoire de Capucine et son papa. Il est signé Alain Dary, Bastien Griot & Cécile et comporte deux parties : l’une est la vision de la petite fille traitée sous forme de bande dessinée et l’autre du père sous la forme d’un récit illustré.

Capucine, 6 ans, vit avec ses deux parents dans un petit pavillon. Sa maman est absente parce qu’elle est à la maternité et vient de donner naissance à un petit Siméon. C’est donc naturellement Benoît, son papa qui s’occupe d’elle. Après le lavage de dents, l’homme paysagiste de profession, l’attend dans la cuisine pour le petit-déjeuner. Mais voilà, il confond la confiture de fraises et celle de framboises. De plus, sur le chemin de l’école, il se trompe de route. Capucine pense qu’il fait des erreurs parce qu’il n’a pas l’habitude. Pourtant le mal est plus profond : il est illettré. C’est pour cela qu’il est si nerveux à l’approche de l’école. Il a eu un rapport conflictuel avec elle, causé par sa hantise de la lecture. Il n’ose même pas y entrer.

Pourtant ce trentenaire n’en aime pas moins ceux qui l’entourent. Si c’est la maman qui s’occupe de ses devoirs et l’histoire du soir, lui préfère jouer avec Capucine ou l’emmener vivre au plus près de la nature et notamment la pêche.

La petite fille de 6 ans se plaît dans sa classe de CP. Madame Bourget, son institutrice, aime les livres et a eu son papa aussi en classe. Elle sait donc toutes les difficultés qu’il a dans sa relation à la lecture dans sa vie de tous les jours. Elle demande à la fillette de lire un album avec lui. Le soir, Capucine surprend une conversation téléphonique entre son père et sa mère. Elle découvre qu’il ne sait pas lire…

papa ne sait pas
A la lumière de l’actualité récente concernant un ministre et des salariées, l’illettrisme est au cœur des débats. Papa ne sait pas permet donc chez les enfants de le prolonger. 2,5 millions d’adultes en France ne savent ni lire ni écrire ni compter ; des savoirs fondamentaux. Epris d’un forme de gêne voire de honte, ils dissimulent aux gens qui les  entourent ou au reste du monde ce handicap. Dans l’album, le papa trouve des astuces pour le contourner, demande à sa femme de l’aider dans les tâches administratives de son entreprise. Sans jamais accabler ces personnes, le récit d’Alain Dary et Bastien Griot est bienveillant. Comme lorsque Capucine voudra l’aider à apprendre à lire ou lorsque son ancienne institutrice lui transmettra les coordonnées d’une association qui vient en aide aux adultes en difficulté. L’idée même des scénaristes de faire un parallèle entre une élève de CP qui est apprenante et un adulte illettré est extrêmement intéressante. Comme si chacun allait pouvoir apprendre en même temps que l’autre. A plusieurs, la difficulté est plus facilement surmontable. Moitié BD, moitié album illustré, ce bel ouvrage, qui peut se lire tête-bêche, a donc pour vocation de sensibiliser les plus jeunes au phénomène de l’illettrisme en France. Le trait tout en rondeur de Cécile est délicat et permet de mettre en lumière la bienveillance du récit. Comme l’album divisé en deux, son dessin lui aussi est légèrement différent d’une partie à l’autre.

A noter qu’une exposition sur l’album sera visible à Blois du 30 octobre au 24 novembre à la Bibliothèque Abbé Grégoire et qu’un matériel pédagogique pour les enseignants est téléchargeable sur le site du Festival BD Boum, depuis septembre :

http://www.bdboum.com/index.php

Papa ne sait pas : une belle initiative soutenue par le Festival BD Boum de Blois pour relayer un message d’espoir : des solutions existent.

  • Papa ne sait pas
  • Auteurs : Alain Dary, Bastien Griot et Cécile
  • Editeur: Glénat en co-édition avec BD Boum de Blois
  • Prix: 12€
  • Sortie: 03 septembre 2014

 Rasl

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Jeff Smith, le créateur de Bone (Delcourt), nous propose sa nouvelle série coup de poing Rasl. Teintée de fantastique, l’histoire met en scène un voleur habile qui peut passer aisément d’une dimension à l’autre.

Rasl escalade la façade d’un immeuble. Il s’apprête à entrer par effraction dans un appartement du septième étage pour y voler un tableau de Picasso. Même s’il a fait attention de ne pas faire de bruit, il est surpris par le propriétaire. Il a juste le temps d’apposer un graff de sa signature et de disparaître, mais dans la rue, il est poursuivi par deux policiers. A peine a-t-il sorti deux étranges propulseurs et a mis un masque africain sur son visage, qu’il disparaît. Son équipement lui permet de passer d’un lieu à l’autre, d’une époque à l’autre, d’une dimension à l’autre. Avant cette dématérialisation, il est touché par une balle d’un des policiers.

Pour se refaire la santé, il entre dans un bar, y consomme un cocktail et fume un cigare. Alors qu’il choisit une musique dans le juke-box, il est surpris par un homme à l’allure étrange qui lui tire dessus. S’ensuit une course-poursuite sur les toits de la ville. Il ne sait rien de ce type : ni son nom, ni pour qui il travaille. Son seul indice : une puce glissée sous la peau de son avant-bras. Il récupère alors ces deux propulseurs, le Picasso sur le dos et s’enfuit. Il trouve alors refuge chez Annie, son amie…

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Alors que Bone avait une certaine naïveté dans son traitement et mettait en scène un univers fantasy ; Rasl s’en détache du tout au tout. D’abord, le récit s’insère dans un monde plus réaliste, même si le fantastique et la science-fiction s’y mêle. L’histoire débute par une intrigue assez classique, celle d’un voleur d’œuvres d’art pour se muer en un récit d’anticipation punchy, plein de rebondissements.. Si l’on pensait connaître Rasl, on s’y méprend : plus l’histoire avance, plus elle se densifie, moins on sait qui il est réellement. En effet, même ce héros ne sait plus où il se trouve exactement, passant d’une dimension à l’autre, il s’y perd. Les deux autres personnages sont tout aussi mystérieux : Annie, son amie mais surtout le tueur qui le pourchasse. Le trait de l’auteur américain est très précis, soigné, lisible et d’une belle efficacité. Pour cette édition chez Delcourt, l’album a été colorisée par Steve Hamaker, assisté par Tom Gaadt et ce d’une belle manière.

Rasl : C’est mystérieux, fou, haletant et très accrocheur. Un beau premier album.

  • Rasl
  • Auteur : Jeff Smith
  • Editeur: Delcourt, collection Contrebande
  • Prix: 14.95€
  • Sortie: 27 août 2014

Arsène Lupin, les origines

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Tout le monde connaît Arsène Lupin, le gentleman-cambrioleur, créé par Maurice Leblanc ou par la célèbre série télévisée avec Georges Descrières et son fameux générique interprété par Jacques Dutronc. Mais connaît-on vraiment sa jeunesse ? C’est le pari que se sont lancés Benoît Abtey, Pierre Deshodt et Christophe Gaultier dans leur nouvelle série Arsène Lupin les origines. Dans ce premier tome, Les disparus,  le trio d’auteurs a décidé de raconter l’adolescence du héros en s’inspirant librement du romancier.

Belle-Ile-en- Mer, Haute Boulogne, 1888. Monsieur Janvier, sinistre directeur de la célèbre maison de redressement, inspecte le chantier du Séraphin, le navire construit par les adolescents placés dans l’institut. Parmi eux se trouve Arsène Lupin, envoyé dans le lieu à l’âge de 12 ans. Garçon gentil, attentionné et toujours prêt à aider les autres, il est incompréhensible qu’il soit l’un des caïds placés ici. Il croise la route de Jacob, qui devient rapidement son ami.

Ce jour-là, Janvier reçoit Roubaud, journaliste à L’Aurore, venu enquêter sur le traitement des jeunes garçons. Si le chantier semble sans souci, il questionne le directeur sur les sévices fréquents infligés aux adolescents, ainsi que les disparitions étranges d’enfants. Heurté par les questions, Janvier congédie l’enquêteur.

Quelques jours plus tard, Jacob et Arsène tentent de s’échapper de la maison de redressement pendant une échauffourée entre les pensionnaires et les policiers mais sont rattrapés. La libération du futur cambrioleur interviendra peu après grâce au Comte de la Marche qui finira par l’adopter…

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Héros romanesque et populaire, Maurice Leblanc n’avait jamais réellement parlé des origines d’Arsène Lupin et c’est ce qu’ont décidé de faire Benoît Abtey et Pierre Deshodt. Le jeune adolescent de 12 ans aurait été placé dans la maison de redressement parce qu’il aurait été témoin du meurtre de Théophraste Lupin, un maître de boxe-savate. C’est dans ce bagne pour enfants que se situe le début de ce premier tome : un endroit dur où l’on châtie les pensionnaires sans ménagement, où on les fait travailler gratuitement et où d’étranges disparitions d’enfants sont légions. Pour découvrir le vrai visage de Janvier et de ses méthodes à la limite de la légalité, un journaliste enquête. D’ailleurs son patron à L’Aurore est le Comte de la Marche, un homme très riche, qui adoptera Lupin. Pourquoi ? Dans quel but ? Des interrogations qui seront vraisemblablement levées dans l’un des deux albums du premier cycle. L’homme assurera la formation du futur gentleman-cambrioleur (cours, boxe, escrime…) et le mettra en garde contre la Confrérie des Lombards, qui gouvernent le monde en coulisse par le crime et l’argent. Pour le moment, l’adolescent est timide, plutôt très avenant et attentionné aux autres, loin de son futur métier. Le trait vif et quasi instinctif de Christophe Gaultier est toujours aussi agréable à l’œil. L’auteur des Profondeurs d’Omnihilo (BD Kids, 2013) livre des planches très équilibrées, réhaussées par de belles couleurs de Marie Galopin.

  • Arsène Lupin, les origines, tome 1/3 : Les disparus
  • Auteurs : Benoît Abtey, Pierre Deshodt et Christophe Gaultier
  • Editeur: Rue de Sèvres
  • Prix: 13.50€
  • Sortie: 01 octobre 2014

Capitaine Trèfle

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René Hausman, le dessinateur et Pierre Dubois, l’elficologue ont l’habitude de travailler ensemble sur de beaux ouvrages mettant en scène les êtres de la forêt : Laïyna (Dupuis) ou L’almanach sorcier (Synapse Graphic). Trente ans après leur premier album en commun, ils reviennent avec Capitaine Trèfle (Le Lombard, collection Signé), une adaptation du roman écrit il y a 20 ans par le spécialiste des fées, lutins ou autres elfes.

Ardennes, 18e siècle. Le capitaine Trèfle, corsaire sans peur mais non sans cœur, est pris dans une tempête. Sur son cheval, il découvre au loin, une vieille auberge abandonnée, qui lui permettra de se mettre à l’abri. A l’intérieur, une bande de coquins s’en prend à Nourcine, un petit lutin apeuré. Après un combat meurtrier, le gentil pirate réussit à sauver le petit être.

Le lendemain, le capitaine se rend chez Bucane Noctiflore, magicien et astrologue pour aider Nourcine. Dans son laboratoire du Château des constellations trépassées, il découvre que le petit être n’est ni un lutin, ni un troll, ni un farfadet. C’est un guib, appelé aussi Lutin des sables, qui vit dans les galeries sous les dunes. Loin de son habitation, il perd ses pouvoirs et son énergie.

Pour le remettre sur pied, les deux hommes lui administrent de l’eau de mer ainsi que du pâté d’algues et de goémons. Nourcine commence alors à raconter son histoire : son village a été envahi par Haggard Craspeck, pirate éclopé et sanguinaire. Lors de cet événement, le guib a même perdu Dodeline, sa fiancée, enlevée par les pirates.

Le capitaine Trèfle n’hésite pas une seconde : « Il nous faut prendre la mer, rejoindre l’autre monde et délivrer les fées de ce cirque d’acier ! »

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De nouveau, Pierre Dubois nous enchante avec ce nouvel ouvrage. Il y a tous les ingrédients pour passer un agréable moment de lecture-plaisir : de l’action, des combats à l’épée, de l’aventure, des pirates, des êtres magiques et une nature sublimée. Cette quête, un brin classique, nous charme tout de même. Les personnages sont bien identifiés. Les bons : le capitaine Trèfle, Nourcine, Noctiflore ou Cybèle la fille du capitaine du vaisseau fantôme et de l’autre, les méchants avec à leur tête Haggard Craspeck, des indiens, un Kraken… Les dialogues et les récitatifs de l’elficologue sont extrêmement bien écrits, avec un vocabulaire soigné et soutenu ; et cela est très appréciable. Cette belle fable est d’une belle poésie et les êtres de la nature au rendez-vous. Le trait à la plume et à l’aquarelle de René Hausman est toujours aussi enchanteur. Les planches délicates, mettent en lumière des effets de matières et des décors somptueux. Une petite merveille !

  • Capitaine Trèfle
  • Auteurs : Pierre Dubois et René Hausman
  • Editeur: Le Lombard, collection Signé
  • Prix: 14.99€
  • Sortie: 26 septembre 2014

Les orangers de Versailles

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Succès littéraire (430 000 exemplaires vendus), Les orangers de Versailles, roman pour les 8-12 ans d’Annie Pietri, est inscrit sur la liste des ouvrages proposée par le Ministère de l’Education Nationale (cycle 3, CE2 au CM2). Publié par Bayard, il fait l’objet d’une adaptation dessinée réalisée par Nicolas Digard et mis en image par Christine Circosta. Trahisons, enquêtes et intrigues sont au cœur de la Cour de Louis XIV.

Juin 1674. Antoine travaille dans les jardins de Versailles. Veuf depuis 4 ans, cet amoureux des arbres, élève seul sa fille Marion, une jeune adolescente qui a le don de fabriquer des sachets de senteurs merveilleux. La marquise de Montespan, favorite du roi, est à la recherche de servantes et elle accepte alors d’engager la fille d’Antoine.

A peine arrivée chez la noble femme, elle emménage dans une chambre de bonnes avec Lucie. Quelques heures plus tard, l’adolescente est demandée par la Montespan afin de lui tenir compagnie pendant un orage. Un voyante l’a convaincue qu’elle mourait pendant une nuit de tonnerre. Accompagnée de Pyrrhos, son chien détestable, elle n’aime pas non plus l’obscurité ni la solitude.

Rapidement Marion va se faire une place de choix parmi les servantes. Lettrée, elle doit composer un parfum pour la favorite qu’elle portera lors de la fête organisée par Louis XIV le 4 juillet. L’adolescente devient alors la nouvelle occupée, reçoit des vêtements dignes de ce titre mais devient la cible de railleries de la part des lingères jalouses.

Pourtant lors d’un tour en gondole dans les jardins du parc, la Montespan ment au roi sur la provenance de son parfum. Marion est vexée par cette trahison…

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Les orangers de Versailles est un roman idéal à adapter en album, tant l’histoire d’Annie Pietri est savoureuse, mêlant intrigues à la Cour, personnages bien campés dont des méchants détestables, le Roi et l’étiquette ou encore un décor majestueux et mystérieux. L’adaptation de Nicolas Digard est bien maîtrisée et parfait pour les filles de 8-12 ans. En effet, l’histoire de la destinée de Marion teintée de suspens fera plutôt rêver les jeunes lectrices. Le trait aux crayons de Christine Circosta est élégant et très doux. Malgré quelques erreurs graphiques dans les visages, l’auteur dont c’est le premier album, propose des planches équilibrés et surtout de très beaux décors et costumes.

  • Les orangers de Versailles
  • Auteurs : Nicolas Digard et Christine Circosta, d’après Annie Pietri
  • Editeur: BD Kids – Bayard
  • Prix: 12.90€
  • Sortie: 03 septembre 2014

Nightly news

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La toute puissante Eglise de la fraternité de la Voix inquiète, intrigue et met en place des actions contre les médias du monde entier. Ce propos conspirationniste est au cœur du magnifique album de Jonathan Hickman, Nightly news, publié par Urban Comics.

New York. Les très grands groupes financiers du monde partagent la ville avec les trusts de grands médias. C’est la capitale mondiale de l’information avec les sièges de NBC, CBS, ABC, Fox News ou CNN. Pourtant depuis un certain temps, les dénonciateurs de cette toute puissance des médias ont changé. Finis les pancartes ou les rassemblements en forme de cercle devant les immeubles ; ils se sont radicalisés, endoctrinés et extrêmement déterminés. Beaucoup d’entre-eux font partie de la mystérieuse et puissante Eglise de la fraternité de la Voix. Mais plus étrange encore cette fameuse Voix ne donne ses consignes qu’à une unique personne : La main.

En plein tournages d’émissions, des présentateurs ou journalistes sont abattus. L’effet escompté étant de faire du bruit autour de leurs revendications : faire taire à jamais le mensonge que diffusent les médias à longueur de journée. Les policiers, suivis de près par d’autres journalistes qui couvrent l’événement, arrivent sur place. L’Eglise attire alors toute la lumière sur elle.

Deux ans auparavant, dans un café de la ville, Frère Alexander Jones discute avec John Guyton, un homme bouleversé et seul puisqu’il vient de tout perdre, femme, enfant et travail dans la finance. Le mystérieux ecclésiastique lui promet de l’aider…

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Après East of West ou Pax Romana, Jonathan Hickman est de retour chez Urban Comics d’une fort belle manière par cet album singulier et formidable Nightly News. Paru entre 2006 et 2007 aux Etats-Unis, il nous plonge au cœur d’une histoire conspirationniste comme les aiment les américains, et ça fonctionne. Cette Eglise de la fraternité de la Voix, créée de toute pièce, embrigade comme une secte, ses disciples et les radicalise. A travers cet album, il dénonce les grands groupes de médias détenus par de riches familles ou des grandes entreprises de la finance. Comme des trusts qui verrouilleraient tout, de l’information à la publicité, des journaux aux articles. Pour étayer ses thèses, tout au long de l’album, il livre des statistiques, des chiffres, des tableaux sur ces thématiques. De plus, un recueil de notes se situe en fin d’ouvrage, reprenant les idées de départ ou les réflexions diverses de l’auteur et c’est un vrai plus pour comprendre l’album. Ce flot d’informations permet ainsi d’impliquer le lecteur, et ça fonctionne. Il s’interroge, se questionne sur le poids des médias, sur le traitement de l’information. L’intrigue pourtant plutôt classique est dense autour de ses hommes qui se radicalisent, extrêmement bien maîtrisée et faite de multiples rebondissements ou scènes d’action. Le traitement graphique est lui aussi très réfléchi : pas de cadres mais une charte graphique très précise, expliquée par étape en fin d’album (en plus du scénario qui est dévoilé entièrement). Une belle édition très enrichie et d’une très grande qualité.

  • Nightly news
  • Auteur : Jonathan Hickman
  • Editeur: Urban Comics
  • Prix: 22€
  • Sortie: 22 août 2014

The corner

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Dans les années 20 aux Etats-Unis, Italo, anarchiste et infiltré dans la mafia new-yorkaise, voit sa vie prendre un tournant particulier à la mort de son frère cadet. Il prend en charge alors les deux enfants de Savino. Avec The corner, Lorenzo Palloni et Andrea Settimo plonge le lecteur dans le milieu de la pègre, entre flics et voyous.

Port de Boston, 1920. Le lieutenant Bright T. Howard convoque Italo Serpio, immigré italien, sur les quais. Des dizaines de corps sont étendus par terre et parmi eux, celui de Savino, le frère cadet de l’homme. A partir de ce moment-là, son seul souhait sera de venger la mort de Savino. Après avoir appris la nouvelle, une autre survient : son frère avait deux enfants, Luiza et Marco, qu’il n’a jamais vu et il doit maintenant en avoir la charge.

Pourtant sa vie n’est pas très compatible avec celle de père de substitution. L’homme est un anarchiste italien immigré, infiltré dans la mafia new-yorkaise. Homme-de-main, il effectue les basses œuvres du parrain Manopello.

Dans un premier temps, il laisse ses deux neveux s’installer dans son appartement pas très propre. Luiza s’occupe alors de redonner vie à ce lieu. Marco, son frère mutique, quant à lui, est affublé de bandages recouvrant sa tête et ses mains ; il aurait une maladie de peau.

Pendant la nuit, le lieutenant et ses hommes débarquent chez Italo et embarquent les trois membres de la famille. Le policier est étonné par les papiers officiels concernant les deux enfants. Les documents, signés par le ministre des affaires étrangères et le président Wilson, mentionnent le fait qu’il ne peut pas les interroger. De plus, Serpio est pris en chasse par Elisabeth Haggard, agent du FBI…

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Le récit très dense de Lorenzo Palloni est un pur polar, avec des mafieux italo-américains, la prohibition, des anarchistes comme Sacco et Venzetti, des flics, des agents du FBI et des cadavres. Une histoire avec un rythme haletant, de nombreux rebondissements et des intrigues à tiroirs ; tout cela écrit avec une grande maestria par le scénariste italien. Tout au long des 152 pages, le lecteur va être surpris, y compris avec le secret de Marco. Les personnages, avec une belle épaisseur, sont formidables à souhait, entre répulsion et attachement. Même les bons, comme le lieutenant ou Elisabeth, l’agent du FBI, ont des failles et peuvent être détestables, voire véreux pour les policiers ou les politiciens. De plus, les dialogues sont ciselés, comme dans les films noirs des années 50/60. En effet, ce récit fort et parfois poignant ferait une belle base de travail pour élaborer un long métrage. Quant au dessin, si parfois il semble un peu jeté, son effet vif colle parfaitement avec l’ambiance rapide et très noire de l’histoire. Les trognes des mafieux ou celle de Howard sont formidablement bien dessinées. Le trait en bichromie sépia et noir de Andrea Settimo permet de livrer des planches où le cadrage et le découpage sont magnifiques. Un excellent roman graphique-polar pour cette rentrée.

  • The corner
  • Auteurs : Lorenzo Palloni et Andrea Settimo
  • Editeur: Sarbacane
  • Prix: 23.50€
  • Sortie: 03 septembre 2014

 Fatale

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Après l’adaptation de La princesse de sang, le roman de Jean-Patrick Manchette, par Max Cabanes ; le dessinateur renoue avec un autre adaptation Fatale.

Une jeune femme se faisant appeler Mélanie tue un chasseur à l’abri des regards des autres hommes. Elle réussit le tour de force de faire passer son assassinat pour un accident. A peine le corps refroidi, elle se rend à la gare et prend un train-couchette. En attendant le serveur, elle se transforme en se teignant les cheveux en blond. Elle arrive à Bléville, sa destination finale. A l’hôtel Les goélands, elle se fait passer pour Aimée Joubert.

Le lendemain, la jeune femme arrive chez Maître Lindquist, se faisant passer pour une veuve à la recherche d’une nouvelle maison pour habiter dans la cité. Le notaire accepte facilement tellement il est sous le charme de la jeune femme.

A l’inauguration de la halle aux poissons de la ville, tous les notables sont au rendez-vous dont Lindquist et Aimée mais aussi les patrons richissimes de l’entreprise L&L, Lorque et Lenverguez. La fin de la soirée se termine ensuite chez le couple Lorque, où d’étranges invités conversent…

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Publié en 1977, le roman Fatale de Jean-Patrick Manchette est adapté par Max Cabanes et Doug Headline, le fils du romancier. Déroutante et parfois peu lisible, l’histoire est pourtant fondée sur une belle thématique et de bons protagonistes. L’intrigue est à son paroxysme jusqu’à la fin de l’album qui promet un dénouement intéressant. Pour conférer un suspens solide, les récitatifs sont nombreux et très bien écrits. Le gros point fort de l’album est la partie graphique. L’ambiance des années 70 est admirablement mise en scène par Max Cabanes. Le trait réaliste et sensuel de l’auteur de Princesse du sang (Manchette, Dupuis) est formidable et somptueux. Soignées, les planches sont précises et fourmillent de très beaux détails. Néanmoins pas la meilleure adaptation d’un roman de Manchette.

  • Fatale
  • Auteurs : Jean-Patrick Manchette et Max Cabanes
  • Editeur: Dupuis, collection Aire Libre
  • Prix: 22€
  • Sortie: 12 septembre 2014

Kamakura diary

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La belle petite saga familiale et tendre Kamakura Diary est de retour avec un cinquième tome publiée par Kana. Le lecteur retrouve avec plaisir les 4 sœurs Kôda dans la petite ville japonaise de Kamakura. Orpheline à la mort de son père, Suzu emménage avec ses trois demi-sœurs.

La petite maisonnée se réveille difficilement et notamment Yoshino qui a un sérieux mal de crâne après avoir trop bu. De son côté Sachi, l’aînée infirmière, reçoit une belle proposition de sa chef de service : elle lui propose de devenir coordinatrice.

Tawago, la sœur cadette de la mère de Suzu, est à la recherche de la jeune fille. En effet, la grand-mère de Suzu, morte l’année précédente lui a légué de l’argent. La tante va donc venir le dimanche suivant remettre la somme en main propre. Cela surprend la jeune adolescente puisque sa mère décédée d’une hémorragie cérébrale, n’a jamais entretenu de relations avec les autres membres de sa famille. D’ailleurs aucun d’entre-eux n’est venu le jour de ses funérailles.

La mère de Suzu est née dans une famille de négociants de kimonos. Etudiante en techniques de teinture à l’école des Beaux-Arts, elle travailla comme assistante dans un atelier. A sa mort, ses cendres furent gardées par son mari, mais lorsqu’il se remaria, il les transféra dans le caveau familial près d’un temple. Les trois demi-sœurs proposent à Suzu d’aller sur sa tombe lorsque Tawago viendra. A la gare, la petite famille est surprise : la tante est très jeune…

Kamakura-Diary
Toujours avec un beau brin d’humour, les aventures de la famille Kôda sont délicates, réjouissantes et agréables. Pour ce cinquième volume, Akimi Yoshida a centré son propos sur la famille maternelle de Suzu. Avec l’arrivée de Tawago, jeune femme et sœur cadette de sa mère, l’intrigue reçoit un nouveau souffle. Légèrement perturbée, l’adolescente garde néanmoins toute sa fraîcheur et sa naïveté face à ses événements à rebondissements. Le trait de la mangaka est toujours aussi agréable à l’œil alternant un dessin semi-réaliste et parfois un dessin plus humoristique.

  • Kamakura diary
  • Auteur : Akimi Yoshida
  • Editeur: Kana
  • Prix: 7.45€
  • Sortie: 19 septembre 2014

Fatima déesse de la vie

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Utarid, fils de l’intendant de Fatima, se voit confier la charge de son père parti à la retraite. C’est le point de départ du manga en deux volumes Fatima déesse de la vie signé Raika Mizushima, publié par Komikku.

Chaouen, aux portes du désert. Fatima règne sur son palais et ses servants. Cette femme possède un don des plus importants dans cette région aride : elle est capable de détecter les sources d’eau sous le sable. « Et dans ce monde recouvert d’un vaste désert, son don est une véritable bénédiction car celui qui maîtrise l’eau domine tous les êtres vivants ! ». Il règne autour de sa personne un véritable mystère : elle serait une sorcière, capable de pétrifier sur place tous les hommes la dévisageant. La jeune femme vit en quasi recluse dans ses appartements, exténuée par les nombreuses tâches affligés par les gouvernants autour d’elle.

Utarid, jeune adolescent attentionné, prêt à servir son prochain et aimé de tous, est le fils de l’intendant de Fatima. Cette charge importante se transmet de père en fils depuis plusieurs générations. Son père doit veiller sur l’équilibre de la jeune femme.

L’homme bientôt à la retraite donne ses derniers conseils avant la première rencontre : ne pas rester longtemps auprès d’elle et ne pas céder à la tentation. Il devra étancher sa soif que lorsqu’elle sera à bout de force et uniquement dans ce cas. Si elle veut juste se rafraîchir, il devra lui dire de patienter. La première entrevue entre Uta et Fatima, à la main magique, est troublante pour le jeune homme : la sourcière est une magnifique jeune femme, à la beauté fatale. Puis arrive alors le moment tant attendu, la recherche d’une source : Fatima se couvre d’écailles et devient une créature surnaturelle.

Quelques jours plus tard, un aventurier aux cheveux roux enlève Fatima. Uta jure de la retrouver…

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Le récit de Raika Mizushima ressemble à un seinen tant la tournure aventurière du manga prend le pas sur cette histoire plutôt romantique. Le début du premier volume nous plonge au cœur d’une fable proche de celle des Mille et une nuits, dans un palais à la chaleur étouffante entre une déesse capable de trouver les sources d’eau sous le sable et un jeune adolescent. Le destin mélancolique de Fatima n’étant pourtant pas très enviable, vivant seule presque abandonnée dans ses appartements, n’étant juste là que pour accomplir ses tâches ardues. Le scénario poétique nous charme assez rapidement mêlant le fantastique mâtiné à la sauce orientale, mais aussi l’intrigue avec le kidnapping de la jeune femme. Le trait extrêmement délicat de la mangaka réserve lui aussi un belle surprise : doux, léger et aérien ; il permet d’offrir aux lecteurs de très belles planches dans des décors très réussis.

  • Fatima, déesse de la vie
  • Auteur : Raika Mizushima
  • Editeur: Komikku
  • Prix: 7.90€ par volume
  • Sortie: 25 septembre 2014

Et pour quelques pages de plus…

Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :

Voix de la nuit

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Voix de la nuit est un roman de Marcel Beyer adapté en bande dessinée par Ulli Lust. Ce très beau roman graphique met en scène Hermann Karnau, acousticien qui a décidé d’explorer la langue allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale.

 Résumé de l’éditeur : Hermann Karnau est acousticien, une sorte d’archéologue des sons. La voix humaine est son obsession. En 1940, il décide d’explorer systématiquement ce phénomène et, repéré par les nazis, met son savoir-faire au service du IIIe Reich. Dans sa frénésie de prouver que la langue allemande est « quelque chose que l’on a dans le sang depuis la naissance », Karnau enregistre des centaines de voix, passant du râle des mourants sur le front russe au gargouillis de gorges ouvertes au bistouri et procède à des expérimentations scientifiques afin d’obtenir la voix aryenne la plus pure. Sa position l’amène à fréquenter Goebbels, le ministre de la propagande nazie et plus particulièrement l’aînée de ses six enfants, Helga.

En avril 1945, l’Armée Rouge est dans Berlin. Un dernier carré de notables s’enferme dans le bunker d’Hitler avec Karnau et la famille d’Helga. Les voix de l’acousticien et de l’adolescente se font écho jusqu’à la fin, quand Karnau enregistre les derniers instants des enfants assassinés.

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Lauréate du Prix Artémisia et du Prix de la Révélation au Festival d’Angoulême en 2011 pour Trop n’est pas assez (çà et là, 2010), Ulli Lust a décidé d’entreprendre l’adaptation du roman de Marcel Beyer (Calmann-Lévy, 1997) et elle a bien fait, tant son roman graphique est sublime. Beau au niveau des planches, fort dans le récit, son album est exceptionnel. Cette fable nazie est déroutante mais aussi sidérante dans les « tortures » que Karnau a infligé à ses cobayes ; quelques-uns deviendront même sourd-muet. Esprit éclairé, aimé de tous, l’acousticien ne s’embarrasse pourtant que très peu de la morale. La science doit dépasser ces clivages. La relation de Hermann et de Helga, la fille aînée de Goebbels est magnifiquement décrite. Ce personnage de fiction permet aux auteurs de raconter ce moment de grande tension crépusculaire (la fin du 3e Reich dans le bunker de Hilter à Berlin). A lire !

  • Voix de la nuit
  • Auteur : Ulli Lust d’après Marcel Beyer
  • Editeur: çà et là
  • Prix: 24€
  • Sortie: 22 septembre 2014

La collection Trakik de Fluide Glacial

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Fluide Glacial lance sa nouvelle collection de bandes dessinées d’humour : Trafik. L’éditeur explique que pour ses nouveaux albums, il n’y a aucune censure, pas de limites, ni de politiquement correct. Les auteurs jouissent d’une totale liberté de ton. Au programme : Les caniveaux de la gloire, Le F.I.S.T et Vaudevilles.

- Les caniveaux de la gloire (Monsieur le chien & Pixel Vengeur) :

Résumé de l’éditeur : Déjà sur son blog, très fréquenté et bien connu des amateurs de BD d’humour, il laisse libre cours à son délire. Il n’a absolument aucune limite. Dans ses histoires, il ose, et c’est très rare, explorer et mettre en scène sans détours ses fantasmes, ses failles, ses perversions. Avec un certain génie, qui n’est pas sans rappeler celui de Robert Crumb. Le tout est mis en image avec virtuosité par Pixel Vengeur, qui s’en donne à cœur joie.

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- Le F.I.S.T (Jorge Bernstein & Terreur Graphique) :

Résumé de l’éditeur : Bras armé du gouvernement, issu de la quatrième république, il intervient quand la grandeur de la France est mise en cause, quand ses valeurs millénaires sont traînées dans la boue. Bon, le problème est que Dumontier, le boss du FIST, est un imbécile. Ce qui donne lieu à des situations hilarantes, qui ne vont peut-être pas beaucoup plaire à Arnaud Montebourg.

- Vaudevilles (Nicolas Pinet) :

Résumé de l’éditeur : Les histoires de Nicolas Pinet sont drôles et particulièrement inventives. Pas de personnage récurent chez lui, mais un univers loufoque, imprévisible. Et une écriture imparable, surréaliste et drôlissime, passant sans transition d’un reportage sur les folles fêtes des étudiants en médecine aux aventures d’un gros lourd victime d’un défaut d’élocution. L’univers déjanté de Nicolas Pinet est très prometteur, et nous sommes fiers de publier son premier album.

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Ces albums souples à petit prix 8€, sont décapant parfois déroutant voire à la limite et mettent en lumière de jeunes auteurs qui ont beaucoup de talent et qui méritent d’être découverts. Ils s’amusent avec les dérives de notre société contemporaine pour mieux les dénoncer. Ça commence fort pour cette nouvelle collection !

  • Vaudevilles, Le FIST, Les caniveaux de la gloire
  • Auteurs : Collectif
  • Editeur: Fluide Glacial
  • Prix: 8€ par volume
  • Sortie: 17 septembre 2014

En toute simplicité

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Michael DeForge, l’auteur de Lose, revient avec un nouveau recueil d’histoires, intitulé En toute simplicité édité par les suisses d’Atrabile.

Résumé de l’éditeur : Du célébré Cerf tacheur  au parodique Les Muscles de Peter, on retrouve ici certaines des obsessions de l’auteur, comme, en vrac, les cerfs, Snoopy, la maladie, le corps et ses fonctions – et si DeForge aime distordre la réalité, mélangeant un ton naturaliste et des événements fantastiques, c’est pour mieux révéler tout l’absurde et le grotesque qui gît-là, au plus profond de l’esprit humain. Les histoires se suivent ici sans se ressembler, passant du noir et blanc à la couleur, de l’expérimentation formelle à l’ humour pur, avec en commun une vision du monde souvent désenchantée, voire désespérée, mais savamment contrebalancée par une inventivité formelle enthousiasmante.

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A travers ces 152 pages de En toute simplicité, l’auteur canadien Michael DeForge met en scène des êtres (humains ou autres) très désabusés par le monde qui les entoure. Son talent de conteur et d’écriture se retrouvent savamment distillés dans ces mini-récits poétiques, oniriques mais souvent durs, à la limite de la révulsion (tant de corps éviscérés, décharnés). Ce créateur, lauréat de nombreux prix de bande dessinée alternative, accroche le lecteur et plus particulièrement son côté malsain et voyeur ; comme une sorte d’attirance-répulsion. Pourtant ses récits ne sont pas linéaires, sont déstructurés, sans but, sans début, sans fin mais ils charment. Tour à tour, changeant de style graphique, il alterne aussi les histoires en noir et blanc et les pages couleurs.

  • En toute simplicité
  • Auteur : Michael DeForge
  • Editeur: Atrabile
  • Prix: 17€
  • Sortie: 12 septembre 2014

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