C'était un beau pays

Ne laissons pas les regrets ternir les souvenirs, ni l'or de la lumière, ni le sourire des femmes bédouines...cachons nos regrets tout au fond des tiroirs de nos vies.

Ainsi tout s'en est allé, le troupeau de dromadaires, la fête berbère, nos empreintes de poussière, mes rêves emplis de mirages...Sept années écoulées depuis que j'ai mis les pieds en Tunisie.

Je revis mes premiers pas sur le sable si doux qu'on a envie de l'étreindre dans un corps à corps des origines, ma première nuit sous les étoiles prêtes à se laisser cueillir pour peu qu'on tende la main, le souffle froid du Sahara avant que le jour se lève et l'aveuglante lueur d'un premier lever de soleil sur l'étendue arrondie de ce campement.

Aujourd'hui la folie des hommes lève des étendards noirs sur le territoire sacré où nous prenions racine. La gangrène ronge le pays et les pays voisins dans ce mal dévastateur qu'on appelle la haine.

Les ordures se sont amoncelées sur l'île de Djerba, les hôtels sont fermés, les plages désertes. Les petites agences du désert ont mis la clé sous la porte.

Et nos espoirs déçus ne laissent plus aucune place au mirage, nous ne pouvons plus croire aujourd'hui que demain sera meilleur quand des têtes roulent au sol pour d'abjectes raisons, que ce soit ici ou ailleurs.

Mais j'ai eu la chance de vivre cette expérience magique, alors pour moi-même je n'ai pas de regrets. Mais pour tous ceux qui ne pourront jamais quitter ce pays, je pleure.

C'était un beau pays la Tunisie.