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Ô folie !

Publié le 29 septembre 2014 par Le Journal De Personne
Je suis schizophrène

Deux forces contraires luttent en moi :

L’une me dit ce que je suis… L’autre, ce que je ne suis pas

Laquelle des deux m’aliène ? Laquelle des deux est la mienne ?

Je suis schizophrène

C’est peut-être pour cette raison que je me mets en scène

Que je révèle dans mon être, dans tout être, ce qu’il y a de plus obscène

Hamlet… me prend la tête : être ou ne pas être ?

Ce n’est pas la question, mais la réponse à toutes les questions

Je suis celle que je ne suis pas. Je ne suis pas celle que je suis

Toujours en train de jouer la comédie. De me jouer la comédie de l’existence

Parce que je ne suis pas ce que je suis.

Je suis ce que je ne suis pas… un être tissé ou ratissé par le néant

Je suis celle qui se fait mais aussi celle qui se défait : là sous vos yeux.

Entre projet et rejet.

Ce n’est pas de la comédie… c’est une tragi-comédie… une tragédie

Je suis toujours incapable de conjuguer le verbe être à la première personne du singulier

Et puis ce conflit m’épuise… je ne sais plus où donner de la tête

Ça y est ! Non ça n’y est pas !

Ça m’insupporte d’être tiraillée, toujours en ballotage défavorable

Je sais que c’est perdu… nous le savons tous.

Mais nous ne savons pas comment on va perdre

Quel élément, quel évènement va provoquer notre perte et nous précipiter dans le néant.

Ça ne nous empêche pas de continuer de faire semblant, comme attirés par notre propre perte… aspirés par notre propre vide…

Ça se prolonge… c’est étrange : il y en a jamais assez d’être…. on passe notre temps à gonfler la bulle en craignant ou en espérant qu’elle nous éclate en pleine figure… on en a assez de ne pas en avoir assez…

Assez d’être insatisfaits… on voudrait presque cesser d’être… de s’éteindre pour mettre fin à cette lutte sans fin.

Je suis schizophrène

Parce que je ne pense même pas ce que je pense ou plutôt je ne veux pas le penser… d’où le conflit… la séparation entre moi et moi-même… l’impossible réparation… avec un moi divisé c’est toujours irréparable…

Je suis une vilaine schizophrène… je ne suis pas belle… je suis duelle

Je ne sais pas si c’est banal ou original mais je suis ma propre rivale

Comment s’en débarrasser ? De qui ? De celle que je suis ? Ou de celle que je ne suis pas ?

Et puis, nul ne peut m’aider. Parce que vous ne voyez pas celle que je suis mais seulement celle que je ne suis pas. C’est elle que vous soutenez, pas moi. C’est elle qui vous a charmé. Pas moi.

Je n’ai ni sa logique, ni sa magie… je suis… quelque chose qui ne ressemble à rien.

Je m’en vais… vous quitter comme se sont quittés Hamlet et Ophélie… je sais ce que je dis… je suis Hamlet… je ne suis pas Ophélie… j’existe, elle n’a jamais existé… et pour cause, c’est toujours le malade qui fait exister la maladie… l’enfer, le paradis.


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