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Medef économiste

Publié le 29 septembre 2014 par Malesherbes

Le Medef vient de nous proposer son programme pour créer  en cinq ans un million d’emplois. N’ayant pas trouvé le document dans lequel il détaille son projet, j’en suis réduit aux conjectures. Une des mesures est pour le moins paradoxale. Les nouveaux licenciements qui interviennent chaque jour incitent à penser que des entreprises se trouvent en train de payer des salariés qu’elles ne savent comment employer. On comprend mal comment, faire travailler ouvriers et employés deux jours de plus par an, pourrait améliorer la situation de l’emploi. J’entrevois déjà une réponse possible : si certains secteurs sont en crise, d’autres souffrent d’un manque de main d’œuvre disponible et il serait bon de leur assurer un surcroît d’heures travaillées. Mais les entreprises qui se trouvent dans cette situation sont plutôt en bonne posture. Pourquoi alors, plutôt que de les laisser embaucher, ce qui assurément pourrait réduire le chômage, leur offrir du travail gratuit ?

Mais ce n’est pas la seule interrogation que suscite en moi ce programme. Je suis surpris par ce nombre magique d’un million d’emplois. Assez souvent, lorsqu’est annoncé un nombre qui semble plutôt s’échapper d’une boule de cristal, ses découvreurs n’hésitent pas à travailler à l’unité près. Le Medef s’est montré plus avisé, conscient du fait que, comme son évaluation repose sur un certain nombre d’estimations, il est vain de la publier avec une telle précision. Le Medef a donc fait appel aux centaines de mille mais a aussi visiblement pêché en abordant la zone du million. Si les centaines de mille eurent cantonné ce nombre fétiche en dessous du million, par contre cette même valeur nous projette inévitablement dans des sphères millionnaires. Je suis avide d’apprendre quels sont les calculs savants, les données historiques, les estimations, qui ont permis d’aboutir à cette évaluation si séduisante.

Petit détail. Ces économistes si doués ont créé des pin’s célébrant, comme si c’était fait, l’atteinte de cette cible à six zéros. Questionnés sur l’origine de ces merveilles, ils ont dû avouer que leur partie métallique avait été fabriquée en République tchèque. Pierre Gattaz a déclaré : « On a sauvé l'honneur mais sachez que comme dans toute l'industrie au monde, il y a des pièces qui arrivent de part et d'autre et en effet la majorité de ce pin's est faite en France ». Eh bien non ! L’honneur n’est pas sauf. Cette dépense était inutile, ne servant qu’à la publicité du Medef. Le seul intérêt qu’elle pouvait avoir, c‘était de fournir un peu de travail à l’industrie française, contribuant ainsi très légèrement à l’atteinte de l’objectif visé. Toujours soucieux de baisser ce qu’il appelle le coût du travail, dénomination qu’il n’applique certainement pas au sien ni à celui de ses semblables, Pierre Gattaz a préféré fournir un peu d’activité à des Tchèques. Bravo ! 


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