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Jeudi 1er octobre, Le courrier de la Champagne reparaît

Par Cantabile @reimsavant

De toute la journée on a entendu que quelques coups de canon au loin. L’après midi nous profitons de l’accalmie pour faire un tour chez Thierry * . A part quelques obus dans le Port-sec la journée a été calme, nous avons rejeté les allemands sur Nogent l’Abesse. A quatre heures du soir un aéroplane allemand passe au dessus des promenades où stationne de la troupe, lance une bombe qui ne fait aucune victime. Nous nous couchons le soir dans le même silence. Vers deux heures du matin on entend encore les mitrailleuses et quelques coups de canon assez lointain, puis le jour ramène le silence.

Gaston Dorigny

* Il ne peut s’agir que du grand père Léon Thierry – 28 mai 1847 – 8 décembre 1914 – ou de Charles Thierry alors âgé de 26 ans. Charles est le père de la cousine Madeleine Wernli vivant en Suisse alémanique – Weinfelden-, veuve de Werner Wernli, citoyen Suisse

A partir de 2 h 1/2 du matin, canonnade et fusillade. Cependant, personne ne quitte le lit ; on commence à s'habituer à ces sortes de réveils, - les enfants eux-mêmes ne s'inquiètent plus véritablement que lorsqu'ils discernent, parmi les sifflements, ceux plus stridents annonçant aussi tôt des arrivées peu éloignées.

Nous apprenons que le bruit épouvantable qui nous avait fait croire, hier, à une grande bataille très proche, provenait de l'explosion des munitions du parc d'artillerie, provoquée par des obus envoyés par les Allemands?

- Le Courrier de la Champagne reparaît ce jour. Il a installé provisoirement ses bureaux à l'imprimerie Bienaimé, 23 bis, route de Paris, à la Haubette, où se fait également le tirage du journal.

Dans le numéro d'aujourd'hui, nous lisons que le faubourg Sainte-Anne a été éprouvé le mardi 22 septembre, vers midi, alors qu'un bataillon d'infanterie stationnait sur la place Sainte-Clotilde et dans la rue de Louvois Bientôt après que cette troupe eut été signalée par un aéroplane allemand, les obus tombaient, faisant des victimes, brisant une partie des vitraux de l'église et endommageant plusieurs immeubles.

- nous y voyons également cet article :

"Nos établissements industriels détruits. Place Barrée - Maison Pouillot et Cie, tout est détruit ; ces Messieurs estiment à deux millions, les pertes qu'ils ont subies.

L'usine rue Saint-Thierry est intacte ; on ne peut encore fixer sa réouverture, vue le manque de matières premières.

Rue des Filles-Dieu - Maison Nouvion-Jacquet et Principaux ; rien ne subsite de l'immeuble et des marchandises qu'il abritait.

Rue des Trois-Raisinets - Établissements Lelarge anéantis ; à peine quelques pièces de tissus ont pu être dégagées.

Le tissage du boulevard Saint-Marceaux, où avaient été installées nos batteries d'artillerie, est ruiné.

Rue Courmeaux, - Établissements Ed. Benoist & Cie, un obus tombé sur les magasins ; les éclats ont déchiqueté toutes les pièces de tissus. L'Usine du Mont-Dieu est intacte ; malheureusement, les matières premières font défaut.

Rue Eugène Desteuque - Le conditionnement municipal des laines et tissus, déjà si éprouvé antérieurement, dévasté par l'incendie.

L'établissement des "Vieux-Anglais" n pourra être remis en marche avant un mois

Rue de Bétheny - Usine Clément, complètement détruite.

C'est aussi la même désolation que présente l'usine de MM. Collet frères, rue Ponsardin et impasse du Levant.

Rue Saint-André - Maison Alex. Leclère, laines, détruite.

MM. Gaudefoid, commissionnaires en tissus, Satabin, Flon et Osouf, dégâts aux immeubles ; mobiliers et marchandises très sérieusement endommagés.

Il donne encore cet avis, du plus haut intérêt pour les habitants demeurés à Reims, privés de nouvelles depuis le 1er septembre au soir, c'est-à-dire depuis un mois, puisque le service des Postes évacuait de notre ville le lendemain 2 septembre, à la première heure :

Service des Postes. Le Service des Postes est provisoirement rétabli. Il est installé au local de l’École maternelle, rue Libergier 32.

Une seule levée est faite à 15 heures (3 heures du soir).

Quant à la distribution des lettres, elle aura lieu une fois le jour, à des heures encore indéterminées, le nombre des facteurs étant des plus restreint.

Nous allons donc enfin pouvoir envoyer de nos nouvelles et en recevoir de l’extérieur de notre ville, après avoir été si longtemps privés de toute communication postale. Aussi, cette mesure devenue possible, est-elle unanimement appréciée.

- Le même journal d’aujourd’hui, publie encore cet entrefilet :

Le témoignage du Général Joffre. Bordeaux, 27 septembre. Le gouvernement allemand ayant déclaré officiellement à divers gouvernements, que le bombardement de la cathédrale de Reims n'avait eu lieu qu'en raison de l'établissement d'un poste d'observation sur la basilique, le gouvernement français en a informé le général commandant en chef des armées d'opérations.

Le Général Joffre a immédiatement répondu au ministre d la guerre dans les termes les pus nets. Le Commandant militaire à Reims n'a fait place, en aucun moment, un poste d'observation dans la cathédrale. Le bombardement systématique commença le 19 septembre, à 3 heures de l'après-midi.

Paul Hess dans son journal Reims pendant la guerre 1914-1918
La Basilique Sainte-Clotilde en 1907.

La Basilique Sainte-Clotilde en 1907.

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http://www.reimsavant.com/article-la-basilique-sainte-clotilde-en-1907-105517554.html

Fête de Saint-Remi ! les solennités habituelles ne peuvent avoir lieu. Vers 3 h. canonnade de grosses pièces. Depuis 5 heures au moins tranquillité complète. On n'entend rie. Visite à l'Ambulance de Courlancy chez les Frères.

Cardinal Luçon dans son Journal de la guerre 1914-1918

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