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Le loup solitaire

Publié le 01 octobre 2014 par Le Journal De Personne
Il avait une barbe, un sac à dos qui contenait un objet…

Un objet assez sophistiqué : une bombe

Il s’apprêtait à faire sauter la banque…

Il avait tout calculé, tout étudié, tout programmé

Pour que son sacrifice entraîne le plus beau feu d’artifice

Il était à deux doigts d’accomplir son sombre dessein : un décor avec beaucoup de corps qui riment avec la mort.

Il lui suffit simplement d’appuyer sur un bouton, celui de sa télécommande pour parachever cette chronique d’une mort non annoncée.

Qui va surprendre plus d’un à l’instant « i », à l’heure « h ».

L’heure qu’il a choisie : l’heure de pointe… l’heure de la sortie du boulot qui sera fatale aux bobos.

Sur les lieux du crime, il se mit à se regarder dans le miroir sans tain d’un grand établissement financier… en se disant que ceux qui le regardent de l’autre côté ne peuvent pas voir, ni savoir son animus ludendi, son intention de jouer avec la mort… avec leur vie.

Sur son visage n’était pas marqué : l’ange de la mort. Dieu merci.

Il ne dispose pas plus d’une fraction de seconde pour agir sans être repéré par quelque responsable de la sécurité.

Il savait que même écarlate, le plan vigipirate ne pouvait rien contre les loups solitaires qui surgissent du néant et retournent au néant… après avoir accompli leur mission…

Verser le sang de quelques innocents, n’est pas plus absurde qu’un tremblement de terre ou qu’un torrent de boue, se dit-il, assurément.

Il voulait frapper comme la foudre qui fait mourir mais ne fait pas souffrir.

Le pire, c’est qu’il n’avait pas de commanditaire, ni de réseau derrière.

C’est un tueur isolé sans mobile apparent. Son trouble, parce qu’il en avait un, consiste justement à semer le trouble dans les esprits. Il voulait secouer l’existence qui se ringardise en croyant que c’est l’argent qui fait le bonheur. Pour être béni, il faut maudire le Maudit, abattre l’argent-roi et les valets qui font la loi.

Qu’en pense Dieu ?

La question vient juste de faire irruption dans son cerveau.

Qu’en pense Dieu ?

Parce qu’il est persuadé que seul Dieu peut lire dans ses pensées.

Et soudain, il prit conscience que son acte insensé ne s’adressait pas aux hommes, ni à leur désastre politico-financier, mais à Dieu en personne. Monsieur adresse un appel à Dieu… c’est Dieu qu’il interpelle… c’est Dieu qu’il cherche… il cherche Dieu.

Un défi presque athée qui lui rappelle Omar Khayyâm, son auteur préféré qui dissout la logique dans le vin… et l’ivresse dans ses refrains.

Seigneur ! Arrête-moi si tu veux.

Voici le défi qu’il vient de lancer à la face de Dieu… Arrête-moi, si tu veux, parce que je sais que tu le peux… tu peux tout… alors… qu’est- ce que tu attends pour me murmurer à l’oreille : le non qui glorifiera ton Nom.

Dis Non et je renoncerai au carnage !

Sinon, tu vas devenir d’office complice de mon forfait.

Qui ne dit Non, consent. Alors qu’est-ce que tu attends pour me faire un signe ? Pour retenir ma main ? Toi, le tout puissant, toi le super clément, qu’est-ce que tu attends pour épargner nos tourments ?

Et il eut soudain comme une intuition fulgurante, comme un brin de lucidité, l’ultime certitude : que Dieu ne répondra pas à son appel parce que sa toute puissance et son infinie clémence ne sont rien comparées à son ordonnance : il nous a crée à son image, c’est à dire LIBRES… toujours libre-arbitres.

En effet qu’avons-nous de plus divin que la liberté ? Sinon la liberté de nous prendre pour Dieu ?


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