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Rentrée littéraire 2014 : Madame Diogène [Aurélien Delsaux]

Publié le 06 octobre 2014 par Charlotte @ulostcontrol_
Hello !

Le roman que je vais vous présenter aujourd'hui est le second de la série « rentrée littéraire 2014 ». C'est d'ailleurs un de ceux que j'avais le plus envie de découvrir, puisque le résumé m'avait donné envie à la seconde où je l'avais lu. Je partais donc avec un a priori très positif, et je m'attendais même à ce que ce soit un coup de cœur...

Rentrée littéraire 2014 : Madame Diogène [Aurélien Delsaux]Madame Diogène ne vit pas dans un tonneau mais dans un appartement transformé en terrier. Elle y a accumulé au fil du temps des tombereaux d’immondices dont les remugles ont alerté les voisins. Elle n’en a cure, elle règne sur son domaine, observe le monde de sa fenêtre, en guette l’effondrement et le chaos. Elle sait qu’autre chose se prépare.
Plongée vertigineuse dans la folie, analyse minutieuse de la solitude radicale, ce premier roman d’Aurélien Delsaux explore avec une force et une maîtrise « tonnantes un territoire aussi hallucinant qu’insoupçonné.

Ce que je ne savais pas avant de lire ce livre et que j’ai découvert en faisant des recherches plus tard, c’est que Diogène de Sinope était un philosophe grec de l’Antiquité. Représentant de l’école cynique, il méprisait le luxe et les conventions sociales, vivait dans la rue et dormait dans une jarre. Il est notamment celui qui a répondu « Ote-toi de mon soleil » à Alexandre-le-Grand. Si sa pensée peut-être assez intéressante, le personnage semble toutefois assez excentrique. Les anecdotes à son sujet son nombreuses, et l’image qui se dégage de lui est celle d’un homme provoquant.L’histoire que nous raconte ici Aurélien Delsaux est celle d’une femme qui a transformé son appartement en terrier. Elle n’en n’est pas sortie depuis des années, y a accumulé déchets et souvenirs, y a entassés ses affaires et a renversé les meubles de telle sorte qu’elle peut aujourd’hui coller son oreille au plafond. A l’instar de son appartement qu’elle néglige, elle ne prend plus la peine de se laver ni même de faire ses besoins dans les toilettes.Cette histoire se déroule le temps d’une journée. Dès le début de celle-ci, les voisins frappent à la porte. Ils n’en peuvent plus : c’est décidé, ils appellent les pompiers, ils viendront ce soir.Avec du recul, je trouve que le parallèle suggéré entre l’héroïne du roman et Diogène de Sinope est assez ambigü : on aurait tendance à penser l’héroïne comme une philosophe et son mode de vie comme réfléchi, alors que personnellement, je n’ai pas compris son comportement comme la suite logique d’une pensée élaborée, mais comme une conséquence de sa folie. Cette femme (dont on ne connait ni le nom ni le prénom) n’est pas selon moi dans une démarche réfléchie mais subie. Elle n’est d’ailleurs même plus capable de se demander ce qui était à l’origine de « la condition dans laquelle elle passerait les dernières années de son existence », (p.32).Je ne m’en suis pas rendue compte tout de suite, mais le sujet abordé par ce livre est extrêmement complexe, et même assez grave. Au fur de et à mesure de la lecture, j’ai été déconcertée par l’importance du sujet traité, mais aussi par l’écriture d’Aurélien Delsaux. Son style colle d’ailleurs selon moi très bien au récit puisque j’ai trouvé que le ton du narrateur était assez violent et témoignait peu d’empathie pour le personnage. L’héroïne était décrite selon moi comme une « bête de foire ». Si j’apprécie le fait que le narrateur ne se soit pas comporté en sociologue en décrivant simplement les faits, j’ai été souvent surprise par sa brutalité, voire son mépris.Je dois quand même vous préciser que je n’ai pas pu m’attacher à ce personnage. J’ai trouvé les références au monde animal tellement nombreuses qu’elles éloignaient l’héroïne du monde des humains ; c’était donc quasiment impossible de s’identifier à elle ou même de vraiment la comprendre.Ce roman m’a donc beaucoup étonnée et malheureusement, la surprise tient surtout de la déception. Je suis tombée sur un livre bien plus noir que celui auquel je m’attendais. Je n’y ai trouvé aucun espoir, aucune fraicheur. Et même : j’ai parfois éprouvé un certain malaise à la lecture de certains passages, j’ai eu l’impression que la curiosité qui m’avait poussée à découvrir ce roman était malsaine, et j’ai eu la désagréable impression de me retrouver dans le rôle de voyeur.Au final, je ressors de ce livre sans être convaincue et avec beaucoup de frustration. J’aurais aimé y trouver des explications : comment en est-elle arrivée là ? Quelques indices semblent être semés dans le livre : une phrase d’un vieux pêcheur (p.32), une vieille photographie de son frère (p.55-56), une allusion à des fausses-couches (p.71)… mais rien de précis ou qui puisse vraiment nous donner des éléments de réponses. Ce que j’en retiens par conséquent, c’est que la folie ne peut pas s’expliquer. En y trouvant des origines dans le passé, des éléments déclencheurs ou en décelant des étapes, cela supposerait qu’on puisse l’analyser et la prévoir, or chacune des pensées et actions de l’héroïne semble incohérente, imprévue et injustifiée, nous faisant ainsi comprendre que le monde de la folie est opaque, et appartient uniquement à celui qui en est victime.Madame Diogène n’est donc pas un de mes romans favoris de cette rentrée, mais je reconnais quand même qu’il puisse avoir un intérêt : il plaira certainement à ceux qui aiment les histoires curieuses, très originales et un peu loufoques, qui n’ont pas peur de tomber sur un roman sombre et même sinistre. En revanche, passez votre chemin si vous cherchez quelque chose d’aérien ou de réconfortant.


Rentrée littéraire 2014 : Madame Diogène [Aurélien Delsaux]
« Quelque chose l’amusa dans la disparition du carrelage de la salle de bain, du parquet des chambres, dans l’engloutissement des tapis, dans l’enfouissement du passé. » p.23
« Elle n’aurait plus jamais à ranger, trier, classer, nettoyer, obéir. L’ordre des choses, l’ordre du temps (horaires des rendez-vous, dates des fêtes, anniversaires) : la vie normale gisait là, défaite. » p.24

J'espère que cette chronique vous plait, j'aimerais beaucoup avoir votre avis sur ce livre si vous l'avez lu, savoir ce que vous en avez retenu et s'il vous a plu ! N'hésitez pas non plus à me dire s'il vous fait envie ou non, et si vous avez été déçus récemment par un livre de la rentrée littéraire.

Bises et à bientôt !

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