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Crédit à la consommation

Publié le 07 octobre 2014 par Sia Conseil

Crédit à la consommation Alors qu’ils représentaient 13 % environ de la consommation des ménages français en 2013, les encours du crédit à la consommation ont vu leur croissance freinée par une vague de réglementations qui vise à encadrer la consommation en France.

Dernière en date, la loi Hamon est la 11ème du genre en dix ans à venir alourdir les conditions d’exercice de cette activité.

Etat des lieux actuel et décryptage

Publiée en Avril 2014, la loi Hamon vient compléter les avancées de la loi Lagarde votée 4 ans plus tôt. Toutes deux visent à prévenir le surendettement à travers un raccourcissement des délais de rétractation et des plans de surendettement, à plus de contrôles de solvabilité des clients, et à une refonte graduelle du taux d’usure. Le volet phare de ces législations restant le crédit renouvelable, son activité a particulièrement été impactée puisque la production de crédits revolving a baissé de 36% relativement à 2007 [2] , et que des établissements de crédit comme LaSer Cofinoga ont vu leurs encours de crédits renouvelables baisser de 16% à fin juin 2013 [3] . En cause, l’obligation nouvelle de proposer une alternative au crédit permanent pour toute demande de crédit supérieure à 1000â‚Ź.

En plus d’une rentabilité qui se détériore- la marge financière sur les encours moyens est passée de 12,5% en 2011 à 11,4% en 2012 [1], les établissements financiers spécialisés (EFS) doivent dorénavant respecter des normes baloises plus restrictives concernant leur liquidité: Le NSFR cantonnera davantage l’utilisation de leur ressources à court terme au financement des actifs à court terme moins rémunérateurs, augmentant ainsi le coĂťt des liquidités de maturité longue.

Réactions du marché et nouvelles orientations

Renforcer l’autofinancement

Pour éviter de reporter la hausse de leur coĂťt de financement sur les taux d’intérêt des crédits –impactant directement le nombre de crédits accordés et donc le niveau de consommation des ménages français, les EFS ont dĂť revoir leur modèle de refinancement en renforçant leur taux d’autofinancement. Cela passe notamment par une diversification des moyens de financement à travers des offres de collecte d’épargne et de dépôts élargies à toute l’Europe, des programmes de titrisation volontaristes, ou encore des émissions obligataires. A l’image de Société Générale Consumer Finance dont l’activité en Allemagne s’autofinance désormais à 100 %, les acteurs doivent chasser la liquidité tous azimuts pour trouver des dispositifs alternatifs à des prix intéressants.

Optimiser les coĂťts

Si l‘ouverture à l’Europe est à préconiser pour le financement des EFS, ces derniers ont dĂť à l’inverse se recentrer sur leurs activités domestiques dans un souci d’efficience opérationnelle en procédant principalement à une sélectivité des implantations selon leur rentabilité/ taille critique. Après avoir cédé sa participation au capital de Finalia en Belgique, CACF est ainsi sorti début 2013 de Hongrie, et plus récemment de République Tchèque. Dans une même logique de réduction des coĂťts, les EFS ont par ailleurs accéléré leur consolidation avec les maisons-mères pour créer de nouvelles synergies en termes de développement commercial, et mise en commun de moyens -recouvrement, informatique, achats, locaux, frais commerciaux.

Innover pour se réinventer

Pour s’adapter au nouveau contexte réglementaire, le marché du crédit a dĂť se réinventer en proposant de nouveaux produits. Grâce à l’innovation de leurs offres, les EFS peuvent dorénavant intégrer la nouvelle attente de responsabilité sociale du consommateur/régulateur, ainsi qu’un renforcement du devoir de conseil tant au niveau de l’octroi qu’au niveau du service du client.

  • Elargir la palette de produits et canaux de distribution

Cela se traduit principalement par un rééquilibrage et une diversification de la palette des produits vendus : offres de paiement fractionné (notamment avec les e-commerçants), ou offres d’épargne et d’assurance qui s’appuient sur le savoir-faire des filiales d’assurance des maisons-mères. Les canaux de distribution classiques ont été élargis vers des moyens comme le web, le mobile (des offres mobiles associées à un crédit par exemple), les points de vente et partenariats avec les enseignes. Par exemple, le partenariat  entre Agos Ducato et FGA Capital permettant au client de souscrire à une offre de financement et d’assurance automobile directement chez le concessionnaire, vient d’être prolongé jusqu’en 2022 [4] .

  • Transformer les « Prêts renouvelables » en « Prêts responsables »

Plutôt que d’altérer leur identité de distributeur de crédits en s’engageant dans une diversification hasardeuse, les EFS se focalisent sur la transformation des prêts traditionnels et renouvelables en « Prêts responsables ». La commercialisation de ces prêts s’accompagne par exemple d’un service pédagogique sur la gestion de budget (planification et anticipation), et d’une transparence inédite à travers des outils de simulation (durée et coĂťt de remboursement à chaque réutilisation). C’est le défi levé par Cetelem qui a réussi à créer 40 000 nouveaux crédits renouvelables en 2013 grâce son offre « MonCreditResponsable » attestée par Vigeo [5] . Enfin, ces nouveaux « prêts responsables » s’attachent à renforcer la solvabilité du client conformément aux orientations fixées par la loi Hamon. Par exemple, toute nouvelle trésorerie d’un crédit renouvelable ne sera accessible que quand celle en cours est totalement remboursée.

Un impact à relativiser dans le temps et dans l’espace

Si les acteurs de ce marché restent globalement dans le rouge, l’instabilité législative n’explique pas tout. L’analyse de l’évolution des encours de crédit à la consommation à l’échelle européenne met en exergue l’influence du contexte économique, avec une croissance européenne en berne (les encours de crédit à la consommation à l’échelle européenne ont reculé de 1,9% en 2013 [6] ).

Les efforts menés par les EFS français sous l’impulsion du régulateur et de la réglementation Baloise commencent toutefois à se matérialiser et le mouvement baissier commence à s’infléchir. A titre d’exemple, COFINOGA n’affichait plus qu’une baisse de 5% de son PNB à Juin 2013, vs. -15% pour l’année 2012 [3] . Dans ce contexte, la capacité des établissements à mettre en Ĺ“uvre les actions de repositionnement de l’offre et d’efficacité opérationnelle seront déterminantes dans la relance du secteur.

Sia Partners


[1] :  Rapport ASF Statistiques des sociétés financières Juin 2013.

[2] : Rapport du Comité Consultatif du Secteur Financier Septembre 2013

[3] : Rapport Semestriel COFINOGA Juin 2013.

[4] : Rapport Annuel 2013 Crédit Agricole Consumer Finance

[4] : Communiqué de Presse CETELEM, 12 mai 2014

[5] : 6ème étude annuelle de CACF 2013


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