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Et si l’Afrique sauvait l’emploi français ?

Publié le 10 octobre 2014 par Diateino

Lors de la soirée de lancement de Ces entreprises qui réussissent en Afrique, Jonathan Berman a raconté une anecdote édifiante : l’histoire d’un entrepreneur africain qui montait un projet avec une entreprise familiale espagnole. Dans sa présentation aux investisseurs, celui-ci avait mis en avant le fait qu’il sauvait l’activité économique de ces espagnols durement touchés par la crise. Les sauveurs ne sont pas forcément ceux que l’on croit… Et dans un contexte économique européen difficile, qui voit la croissance et l’emploi en berne, il est bon de regarder vers une Afrique porteuse de dynamisme et d’opportunités.

Plus de 200 000 emplois sur les vingt prochaines années : c’est le potentiel représenté par la croissance africaine pour la France, à en croire le rapport « Afrique France : un partenariat pour l’avenir » remis par Hubert Védrine en décembre 2013 au Ministre de l’économie et des finances. Et encore, cette estimation part de l’hypothèse (réaliste) que la part de marché de la France en Afrique subsaharienne continuera à diminuer de manière constante.

A de nombreux égards, la France bénéficie d’une position favorable pour développer des activités économiques en Afrique. Ses positions sont déjà bien assises, y compris en Afrique non francophone. C’est ce que l’on découvre dans l’extrait suivant du rapport Védrine, qui peut par ailleurs être consulté dans son intégralité :

« Au regard de l’émergence de consommateurs solvables et de la recherche d’inclusion africaine dans les chaînes de valeur, une grande partie de la demande africaine correspond à des points forts de l’économie française. Les entreprises françaises sont déjà positionnées dans les principaux marchés africains.

Et si l’Afrique sauvait l’emploi français ?

Les deux premiers clients de la France au sud du Sahara sont l’Afrique du Sud et le Nigéria. Ils représentent de l’ordre de 30 % des exportations françaises en Afrique subsaharienne. La Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Gabon, le Cameroun, le Congo, l’Angola, le Togo et l’Ile Maurice totalisent environ 40 %. Ces 10 pays constituent 70 % des exportations françaises en Afrique subsaharienne. Il convient de noter que l’Afrique du Sud constitue le premier excédent commercial de la France en Afrique subsaharienne devant le Sénégal. (…) Parmi les, 61 409 entreprises françaises ayant exporté en 2012 en Afrique subsaharienne, les PME ou micro-entreprises constituent l’essentiel (70 %), les ETI représentent 21 % et les grandes entreprises seulement 9 % des entreprises exportatrices. Si les PME ou micro-entreprises sont surtout implantées en Afrique francophone – l’Afrique du Sud et le Nigéria, qui sont les deux principaux clients de la France dans la zone, n’apparaissent respectivement qu’aux 5e et 13e places, les grands groupes sont plus présents en Afrique non francophone.Or, ce sont les grandes entreprises qui réalisent la plus grande partie des exportations (3,6 Md€, soit 36 % du total des ventes françaises), juste devant les ETI avec 3,4 Md€ (34 %). Le groupe constitué des PME et des micro-entreprises, loin devant en nombre, ne représente que 30 % du total des exportations françaises en Afrique subsaharienne, en valeur (3,0 Md€). De nombreuses entreprises françaises y connaissent des succès importants, dans des secteurs clés de l’économie africaine.

La France a bâti un partenariat économique étroit avec les pays d’Afrique du Nord dont l’expansion économique en Afrique subsaharienne devrait être bénéfique pour les entreprises françaises. Les trois pays du Maghreb ont mis en place des stratégies d’expansion économique à destination de l’Afrique subsaharienne qui peuvent profiter aux investisseurs français. Si la part des pays du Maghreb dans les importations des pays d’Afrique subsaharienne a triplé en dix ans, passant de 0,7 % à 2,0 %, ces accords de coopération (500 accords avec 40 pays subsahariens pour le Maroc) permettent d’accroître la profondeur de marché. Au sein de l’Union européenne, la France possède des positions particulièrement avantageuses, avec une part de marché oscillant en 2011 entre 13,5 % (Maroc), 17,0 % (Algérie) et 19,0 % (Tunisie) et des exportations françaises qui ont doublé en volume depuis dix ans, en dépit du tassement récent lié aux « printemps arabes ». La France reste le premier partenaire scientifique du Maroc, devant l’Espagne et les États-Unis, en termes de publications et d’accueil d’étudiants : la France accueille plus de la moitié des 50 000 Marocains qui partent étudier à l’étranger. Le système d’enseignement supérieur marocain est d’ailleurs largement héritier du système français et le français reste la langue de l’enseignement supérieur scientifique. Les entreprises françaises investissent massivement au Maroc, à hauteur de 8,3 Md€ en 2011, soit 53 % du stock total d’investissements en Afrique du Nord. Les positions françaises résistent donc le mieux dans les pays qui jouent un rôle de locomotive économique régionale, l’Afrique du Sud, le Nigéria et le Maroc.

 La France reste un investisseur de premier rang sur l’ensemble du continent.

 Les chiffres de la position commerciale de la France ne rendent pas totalement compte de la réalité de ses liens économiques avec le continent africain. La France a exporté une grande quantité de capital en Afrique, qui n’apparaît pas dans les parts de marché. L’effondrement des parts de marché françaises n’explique donc pas toute la relation d’influence et tient en partie au fait qu’une partie des exportations africaines sont des exportations de produits fabriqués localement par des groupes français (exportations marocaines de voitures Renault, etc.). (…) Les entreprises françaises consacrent des investissements de plusieurs milliards d’euros dans des secteurs clés, contribuant ainsi à l’industrialisation des pays (Areva au Niger, Total ou Schneider Electric au Nigéria). La France dispose en Afrique d’un stock d’actifs encore supérieur à celui de ses concurrents et ses grands groupes sont bien implantés en Afrique non francophone. (…)

Les francophones seraient près de 100 millions en Afrique sur les 220 millions de francophones recensés dans le monde aujourd’hui. La langue française reste l’une des langues officielles des grandes organisations panafricaines (UA, OHADA, UMA, CEA…). Sur les 75 États et gouvernements de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), plus de la moitié des pays membres sont africains (30). (…) Cette communauté de langue que partage une grande partie de l’Afrique avec la France favorise naturellement les échanges économiques entre les deux espaces.

 La France dispose de parts de marché supérieures en Afrique comparées à un certain nombre de pays, notamment en « Zone CFA ». C’est au Gabon (plus de 30 %), au Sénégal (18 %), en Côte d’Ivoire (14 %), et au Cameroun (14 %) que les parts de marché de la France sont les plus élevées en 2011 et que le nombre d’entreprises exportatrices françaises est le plus important. En « Zone CFA », la France fait quasiment jeu égal avec la Chine en 2011, avec une part de marché de 17,2 % pour la France contre 17,7 % pour la Chine, et la devance notamment au Sénégal (10 % pour la Chine), au Gabon (9 % pour la Chine) et en Côte d’Ivoire (8 % pour la Chine).

La France reste encore loin devant ses partenaires européens et les autres pays émergents au Cameroun et en Côte d’Ivoire. En Côte d’Ivoire, premier client de la France en « Zone CFA », la France tient un rôle commercial clef en étant le second fournisseur du pays derrière le Nigéria, mais le premier fournisseur hors hydrocarbures naturels avec 23 % de parts de marché. (…) Comparativement, la position britannique au Kenya et au Nigéria apparaît nettement en retrait, se situant aux alentours de 4 % dans les deux pays.

Au regard de l’émergence de consommateurs solvables et de la recherche d’inclusion africaine dans les chaînes de valeur, une grande partie de la demande africaine correspond à des points forts de l’économie française. »

Alors, êtes-vous prêt à faire partie de ces entreprises qui réussissent en Afrique, et à contribuer à la relance de l’emploi en France ?


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