Magazine Beaux Arts

Gone Girl, de David Fincher

Par Rémy Boeringer @eltcherillo

Gone Girl, méfiez-vous des apparences !

Avec son dernier thriller, Gone Girl, David Fincher pulvérise à nouveau le box-office américain. Un succès mérité tant il adapte avec maestria le roman éponyme de Gillian Flynn. Le réalisateur de Seven et de The Game nous entraîne à nouveau dans un thriller aux apparences trompeuses. Après vingt-deux ans de carrière, Fincher fait toujours preuve de la même maîtrise technique soignant la photographie et l’esthétique de ses films dans les moindres détails.

Amy (Rosamund Pike) et Nick Dunne (Ben Affleck) semble filer le parfait amour. Le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, Amy disparaît et Nick retrouve des traces de luttes dans son salon. Il informe immédiatement la police. L’inspecteur Rhonda Boney (Kim Dickens) mène l’enquête et ses doutes se porte naturellement sur Nick.

Gone Girl, méfiez-vous des apparences !

Nick Dunne (Ben Affleck)

Gone Girl débute l’air de rien. Nick Dunne sort faire sa promenade matinale et se jeter un whisky chez sa sœur, Margo (Carrie Coon), au pub The Bar, dont il est co-propriétaire. Seulement, voilà, c’est un drôle de comportement en ce jour anniversaire de son mariage. C’est lorsque son voisin l’appelle pour l’informer que son chat miaule devant sa porte qu’il décide de rentrer. Il retrouve alors la table en verre de son salon explosée et ne retrouve pas sa femme. L’homme a l’air inquiet et appelle en conséquence la police mais il dégage également un imperceptible soulagement. Il semble juste suffisamment décontracté face à la situation pour que s’insinue chez le spectateur les soupçons qui s’insinueront chez l’enquêtrice. Sous forme de retour en arrière, le journal intime de la victime nous est révélé par bribe et contribue à renforcer cette suspicion. C’est ici que la mise en scène fincherienne prend toute son ampleur. Le maître du thriller sème des graines de compréhension au milieu des mauvaises herbes. Tous les éléments en notre possessions nous poussent à penser que Nick Dunne est coupable et l’on s’attend à ce que l’investigation démontre comment il s’y est pris pour faire croire à une disparition. L’utilisation des flash-back que fait Fincher, dont il est un des principales artisans, est la preuve que l’on peut utiliser cette technique de narration sans tuer le suspens dans l’œuf. Comme nous le déplorions, il y a peu dans Horns d’Alexandre Aja.

Gone Girl, méfiez-vous des apparences !

Amy Dunne (Rosamund Pike)

Plus les preuves accablantes s’accumulent, plus la tension devient palpable et l’on se détourne de nos premières impressions, sentant de plus en plus que quelque chose cloche. Intuitivement, tout est fait pour que l’on ressente une machination mais on serait bien en difficulté pour savoir quelles voies prendra le film. Pour nous induire sur de multiples fausses pistes, Fincher suit en parallèle deux enquêtes, celle du mari dont on soupçonne qu’il puisse la mener pour les apparences ou juste parce qu’il serait fou et celle de l’enquêtrice dont l’intuition la pousse à temporiser avant son arrestation. L’enquêtrice découvre tant d’élément qui ne colle pas dont on a peu de chance de deviner le rôle exact avant que Fincher se décide à nous en livrer la compréhension. Le dernier moment où le metteur en scène se joue de nous est celui où le film reprend à zéro l’histoire en suivant Amy Dunne. Tout est alors remis en question. La toile de l’araignée se resserre impitoyablement autour de Nick. Le génie de Fincher est de jouer avec nos intuitions pendant la première partie du film pour finir par nous montrer brutalement qu’il a réussi à nous tromper. La première partie fait appel à notre imagination, la deuxième expose un génie du crime dont notre imagination n’était pas capable de concevoir le plan machiavélique dans son intégralité.

gone-girl-movie-screenshot-kim-dickens

Rhonda Boney (Kim Dickens)

En français, le roman Gone Girl est sorti sous le titre suivant : Les Apparences. Voilà bel et bien ce sur quoi joue Fincher durant deux heures vingt que l’on ne voit absolument pas passer. La photographie est somptueuse, léchée, soignée comme à son habitude. Ben Affleck est parfait en mari désabusé, perdu et désorienté par ses propres mensonges tandis que Rosamund Pike est tour à tour profondément émouvante et terriblement flippante. David Fincher ne démérite ni de son travail ni de son succès. Bien sur, les aficionados du monsieur seront probablement déjà aller voir Gone Girl à la sortie de notre critique. Pour les autres, foncez-y pour prendre une magistrale leçon de cinéma et de suspens.

Boeringer Rémy

Pour voir la bande-annonce :


Retour à La Une de Logo Paperblog