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Richard Flanagan, lauréat du Man Booker Prize

Par Pmalgachie @pmalgachie
Richard Flanagan, lauréat du Man Booker Prize Hier soir a été annoncé le résultat des délibérations finales du Man Booker Prize, un des principaux - sinon le principal - prix littéraires britanniques, ouvert sur l'ex-Empire et, depuis cette année, aux écrivains américains (certains commentateurs n'avaient pas apprécié). Et c'est un Australien qui est devenu le troisième lauréat venu de ce pays, après Thomas Kenneally en 1982 et Peter Carey, deux fois, en 1988 et 2001. Né en 1961 en Tasmanie, Richard Flanagan est l'auteur de six romans dont le plus récent, The Narrow Road to the Deep North, est donc le Man Booker Prize 2014. Tous ses autres romans ont été traduits en français, les trois premiers chez Flammarion (A contre-courant, Dispersés par le vent et Le livre de Gould), les deux autres chez Belfond (La fureur et l'ennui et Désirer). J'avais lu en 2008, à la sortie de sa traduction, La fureur et l'ennui. Voici ce que j'en disais. Richard Flanagan, lauréat du Man Booker Prize Gina Davies, dite la Poupée, est à quelques jours de la retraite. Strip-teaseuse à Sidney, elle a mis les bouchées doubles pour s’assurer un pécule destiné à financer ses débuts dans l’immobilier. Après avoir entassé longtemps les billets de cent dollars, elle est prête pour une nouvelle vie. L’avenir s’annonce sous les meilleurs auspices. D’autant plus qu’elle rencontre Tariq, un jeune homme séduisant qui se révèle un amant doué. Malheureusement, il est aussi soupçonné d’être un terroriste. Au matin de leur première nuit, alors que Gina quitte l’immeuble, celui-ci est envahi par la police. Une chasse à l’homme commence. A l’homme… et à la femme, puisqu’une caméra de surveillance a enregistré le passage de Gina en compagnie de Tariq. Au début, cela ressemble à une mauvaise plaisanterie, à un malentendu sans conséquence. Sinon que, dans le climat de lutte anti-terroriste qui règne depuis 2001 – et dont des exemples concrets se manifestent sans cesse –, rien n’est plus anodin. Sinon qu’aussi, le sujet étant « vendeur », un journaliste s’empare de l’affaire pour la monter en épingle, en faire une question nationale et transformer l’innocente strip-teaseuse en ennemie publique numéro 1. Ceux qui ont lu un des chefs-d’œuvre de Heinrich Böll, L’honneur perdu de Katharina Blum, en reconnaîtront la trame, reproduite à l’identique par Richard Flanagan jusque dans les détails : la rencontre entre la jeune femme et son amant se fait aussi pendant le carnaval. L’écrivain australien, auteur notamment de A contre-courant et du Livre de Gould, reconnaît s’être inspiré du roman allemand. Mais il est trop intelligent pour en avoir fait une simple transposition à notre époque. Gina est un personnage magnifique, parce qu’elle est futile et transparente. Attachée aux vêtements et accessoires de marques luxueuses, elle traversait l’existence comme on traverse la rue sans regarder. L’accident est toujours possible, et cette fois il survient. Révélateur de ce qu’est devenu le monde.

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