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« Secrets d’histoire sur Anne de Bretagne: pour en finir avec trois idées reçues… » ou comment en véhiculer d’autres ….

Publié le 16 octobre 2014 par Jyletouze
Dans un article mis en ligne ce 14 octobre sur le site de France 3 Bretagne, on nous apprend que l’on va en finir avec 3 idées reçues sur Anne de Bretagne. Nous avons déjà eu l’occasion de revenir sur ces « idées reçues » et de les démonter. C’est à se demander pour quelles raisons certains y reviennent en permanence …. 1/ Anne de Bretagne, Jeanne d’Arc, même combat Curieux rapprochement qui vient en fait d’un journaliste de France 3 Nantes (« Pays de Loire ») qui souhaitait voir un rapport entre la Jeanne d’Arc du Front National et la Anne de Bretagne des Bretons, sans doute pour faire une sorte d’équation Bretons= extrême droite ? Ça c’est du travail journalistique, n’est-ce pas ? Et voilà donc qu’on en appelle encore une fois à Alain Croix certes universitaire et historien mais absolument pas spécialiste de cette période qui vient nous dire « qu’on n’a pas demandé son avis au peuple »…. et que « l’union n’a posé aucun problème » …. M. Croix a conservé de ses engagements politiques passés un art certain de la dialectique. Qu’il nous dise donc où en Europe au XVème siècle on demandait son avis au peuple …. et « demander son avis au peuple » ça veut dire quoi exactement à cette époque ? La mémoire de M Croix est sélective pour le moins … Quid des Etats de Bretagne ? Quid de la résistance pendant des années des différentes villes bretonnes contre les armées françaises ? Par exemple, quid de ces marins quimpérois armant des navires pour défendre Nantes assiégé ? Ou encore des habitants de Clisson massacrés dans leur totalité parce qu’ils ne voulaient pas se rendre aux assiégeants français ? Et l’on pourrait en citer des dizaines d’exemples de ce type . Comment M Croix peut-il dire que « l’union n’a posé aucun problème » alors que les Bretons se sont battus pendant des années pour défendre l’indépendance bretonne et ont du faire face aux 50 000 soldats français envoyés pour mettre à genoux la Bretagne , soit le même nombre que la France enverra quelques années plus tard en Italie….. chiffre énorme pour cette époque….. Rappelons que le rapport en nombre d’habitants entre la Bretagne et la France à l’époque était de 1 à 10 ( 1 million d’habitants contre 10 millions.) L’article indique que « la Bretagne n’était pas une principauté » alors que  les travaux récents de l’historien Frédéric Morvan aboutissent justement à qualifier la Bretagne de l’époque de principauté. Bien évidemment, si l’on suit un Didier Le Fur qui, malgré son nom, est un digne représentant de l’école historique française, la Bretagne n’est en fait pas grand chose… Certes, l’on peut indiquer ce que pense cette école historique française mais si l’on veut faire un travail sérieux, il faut aussi citer l’école historique bretonne ou encore l’école historique anglaise qui à travers les travaux de ses historiens apportent une vision différente . Les travaux d’un Jean Kerhervé ou d’un Michael Jones sont à citer. Il n’est guère juste de ne prendre que le point de vue « vainqueur », non ? Il faudrait aussi que nos journalistes se rendent compte que ces différences entre écoles historiques existent depuis des siècles et qu’elles sont le reflet des rapports de force politique de l’époque. Il est donc un peu fort de café de ne donner la parole qu’à deux représentants d’une seule et même école. On passera rapidement sur l’anecdote portant sur le fait qu’Anne de Bretagne n’aurait pas parlé breton: d’une part, qu’est-ce que ça peut faire ? d’autre part, on n’en sait strictement rien…. Cette façon d’insister sur ce point est pour le moins curieux, comme pour rabaisser la « bretonnité » d’Anne de Bretagne…. 2/ la reine aux sabots Cette vision folkloriste et provinciale n’ayant plus cours depuis une éternité, on ne voit pas l’intérêt d’y revenir …. 3/ Anne de Bretagne à l’origine de la gratuité des routes Décidément c’est une obnubilation des media , cette question de la gratuité des routes. Nous l’avons déjà dit et redit en deux points: d’une part, le statut fiscal du duché de Bretagne était différent de celui du royaume de France et d’ailleurs il est resté particulier jusqu’en 1789; d’autre part, la gratuité du réseau routier breton est la conséquence de la mobilisation des années 60 autour du CELIB, du projet de Loi-programme, des batailles du rail et du lait et … des attentats du FLB . Il est bien évident qu’Anne de Bretagne n’a rien à y voir et nous ne « plaidons » rien de particulier sinon d’indiquer des faits. Bref, cet article de France 3 Bretagne est quelque peu curieux et bien incomplet. France 3 Bretagne, 14 octobre 2014 Article de Stéphane Grammont annedebretagnebonnetrouge « Secrets d’histoire » sur France2 avec Stéphane Bern consacre son numéro d’octobre à Anne de Bretagne. L’émission, tournée à Nantes et Blois, retrace la vie de la reine de France. Mais bien qu’ attachée à ses terres, certains clichés circulent sur ce symbole de la région.

1/ Anne de Bretagne, Jeanne d’Arc, même combat

La duchesse Anne est considérée sur ses terres comme « le symbole de la Bretagne écrasée par le royaume de France » , selon l’historien Alain Croix, qui rappelle que l’union à la France à l’époque « n’a posé aucun problème: on n’a pas demandé l’avis du peuple... ». « Elle n’a jamais su parler ni compris le breton » souligne l’historienne Murielle Gaude-Ferragu dans Secrets d’Histoire. Pourtant, la dernière duchesse de Bretagne véhicule aujourd’hui l’idée de résistance, d’une Bretagne toujours au bord de la révolution, une sorte de Jeanne d’Arc d’une région qui n’était toutefois pas une principauté. Didier Le Fur, auteur en 2000 d’une biographie de la duchesse, estime qu’avant même le mariage à Charles VIII, la Bretagne faisait déjà partie de la France, même si elle n’entrait pas dans le domaine royal et conservait certaines particularités comme le droit de battre monnaie.

2/ La « Reine aux sabots »

Anne de Bretagne a été élevée comme une fille de roi au château de Nantes. Elle vivait avec autour d’elle un personnel composé d’une centaine de personnes. Quatre siècles plus tard, Anne de Bretagne devient une icône, pour les nobles, mais aussi pour le peuple. Une expression circule, « A1nne de Bretagne, duchesse en sabot ». Cette expression vient d’une chanson populaire chantée dans les cour d’écoles à la fin du XIXè siècle. « Anne de Bretagne ne devait pas avoir beaucoup d’occasion de se déplacer en sabots. Elle aimait le faste, et ignorait assez largement le peuple paysan breton » ironise  Bernard Quillet.

3/ Anne de Bretagne est à l’origine de la gratuité des routes

« Le contrat de mariage stipulait +pas d’octroi sur mes routes+ » plaide Jacques-Yves Le Touze, le coordinateur du Comité Anne de Bretagne qui organisait les fêtes du cinq-centenaire, et le système d’imposition du duché était différent. Malgré tout, c’est bien au Général de Gaulle et au « plan routier breton » de 1969 que l’on doit cette exception. Anne de Bretagne 1 Cliquer sur l’image pour voir un extrait de l’émission de Stéphane Bern consacré à Anne de Bretagne.

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