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un bail

Publié le 23 mai 2008 par Lephauste

« Le signataire s'engage en contre partie à jouir des lieux bourgeoisement et en bon père de famille ». Je signe le bail, pose mes initiales en bas de chaque page. Bien évidement je n'en ai lue aucune. Je ne lis pas ce genre de prose. Non pas que j'en méprise les rédacteurs. Je respecte les rédacteurs, l'effort qu'ils ont fait pour tenter en quelques paragraphes de circonscrire le presque tout des problèmes imaginables. Un bail c'est assez comme le parapluie atomique, c'est quand il ne pleut pas des bombes qu'il faut l'avoir bien ouvert audessus de l'entendement. Ridicule en somme comme Robinson Crusoë échoué dans le forum des Halles à une heure de grande écoute. Son bail précaire à la main.

Ecoute ! Je ne vois pas d'autres solutions. Elle ne voit jamais d'autres solutions que les siennes. Comme elle ne manque pas d'imaginations j'avoue qu'à chaque crise elle me cloue. Je sors de la penderie mon sac de voyage. Une loque, depuis que je la suis dans ses aventures calamiteuses je ne voyage plus. C'est elle qui se taille en permanence. Le petit et moi on l'accompagne à l'aéroport. C'est pas la peine je te dis ! J'irai par le RER. C'est vrai qu'il est tôt mais on est prêt, alors...

Je fourre dedans quelques saletés informes, des vêtements qui ressemblent à des courants d'air déchirés. J'ai dans la tête tout le foutoir inondé de larmes morveuses mais je ne lache rien. Elle s'impatiente, va de long en large, occupe l'espace et dans sa tête à elle le pentone de chez Valentine défile. Plutôt vert amande la salle de bain et puis des rideaux pour la chambre. Tu t'en fichais des rideaux, hein ? Je ferme la glissière du sac... Oui, je m'en fichais pas mal des rideaux et puis ce vert amande, j'ai de la bile qui me remonte aux lèvres.

Tout est petit dans cet appartement, sombre et petit. Comment avons nous fait pour vivre ici, tous les trois ? Je remonte le couloir vers la porte d'entrée, elle me suit, me pousse. Elle n'est jamais plus belle que quand elle triomphe. La salle de bains sent déjà la peinture fraiche; en passant je dépose les clès sur la bibliothèque, je fais un peu trainer. Dehors je sais que le soleil, la rue ne vont pas me rater; C'est écrit sur mon front, dans la glace de la sueur froide... « Faute de quoi le locataire s'engage à vider les lieux sans délais. »


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