Gone girl

De : David Fincher.
Avec : Ben Affleck, Rosamund Pike, Carrie Coon, Tyler Perry, Kim Dickens, Neil Patrick Harris, Patrick Fugit, Emily Ratajkowski, Missi Pyle, Casey Wilson, David Clennon...
Genre : Thriller.
Origine : États-Unis.
Durée : 2 heures 29.
Date de sortie : 8 octobre 2014.
Synopsis : A l’occasion de son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne signale la disparition de sa femme, Amy. Sous la pression de la police et l’affolement des médias, l’image du couple modèle commence à s’effriter. Très vite, les mensonges de Nick et son étrange comportement amènent tout le monde à se poser la même question : a-t-il tué sa femme ?
Bande annonce française
"Le trait caractéristique d'un sociopathe, c'est son absence d'empathie."


Un film de David Fincher est toujours un événement pour moi. Si je n'ai pas eu la chance de voir tous ses films en salles pour diverses raisons, je sais malgré tout que le bonhomme peut aisément me faire déplacer en salles car il ne m'a jamais déçu. Quand en plus il s'associe avec Ben Affleck devant la caméra qui se bonifie avec le temps, c'est du tout bon pour moi. Il ne m'en fallait donc pas plus pour faire le déplacement et voir "Gone girl", qui comme si cela ne suffisait pas, bénéficiait en plus de très bons retours presse et spectateurs.
Et une fois n'est pas coutume, j'ai passé un excellent moment. J'ai adoré ce scénario écrit par Gillian Flynn d'après sa propre œuvre. Je n'ai pas lu le roman d'origine donc je ne peux pas faire de comparaison mais j'ai vraiment adoré cette intrigue palpitante qui m'a vite fait oublier sa durée de plus de deux heures (le film paraît être plus court). Une nouvelle fois dans le cinéma de David Fincher, on a le droit à un plan machiavélique qui nous prend en haleine de bout en bout avec son lot de rebondissements.
Pourtant, de tous ses plans machiavéliques cinématographiques, ce n'est pas celui que j'ai le plus apprécié. Si par moment il m'a fortement fait penser à "The Game" (toutes proportions gardées), j'ai trouvé qu'il y avait quelques petites incohérences et facilités scénaristiques qui rendaient ce plan inabouti. Je n'en dirais pas plus ici pour ne pas spoilers car ça serait vraiment regrettable (la bande annonce en dévoile déjà trop) mais il y a des petites choses qui font que je n'ai pas pu trouver le film aussi parfait même si ça reste diablement jouissif à suivre avec en plus quelques petites touches d'humour fort agréable.
Pour rendre cette intrigue captivante, le cinéaste a su bien s'entourer à commencer par un Ben Affleck une nouvelle fois incroyable en Nick Dunne. Décidément, le comédien n'a de cesse de me surprendre et d'intensifier son jeu. Une nouvelle fois, il nous montre ici l'étendue de son talent avec une palette de son jeu très intéressant en termes d'émotion. On ne sait jamais sur quel pieds danser, il sait brouiller les cartes jusqu'à ce que les révélations arrivent et possède aussi un charisme assez impressionnant qui font que j'ai vraiment du mal à comprendre pourquoi certaines personnes semblent vouloir s'acharner sur lui (je comprends qu'on n'aime pas, je respecte les avis de chacun, mais de là à lire certaines choses que j'ai pu lire à son sujet...).
Face à lui il y a une Rosamund Pike en Amy Dunne tout aussi excellente. Je n’étais pas forcément convaincu de ce choix avant de rentrer dans ma salle (bien que j'apprécie la comédienne) mais après mon visionnage, je le valide totalement. L'actrice joue elle aussi sur plusieurs tableaux et livre une prestation incroyable. A la hauteur de son sujet, elle véhicule elle-aussi plusieurs émotions et, ne connaissant pas toute la filmographie de la comédienne, a su me montrer un visage d'elle que j'ignorais. Le duo Ben Affleck - Rosamund Pike est en soit vraiment parfait.
Kim Dickens en officier Boney est elle aussi très bonne. J'ai beaucoup aimé l'approche de son personnage, sa façon de mener son enquête, sa façon de lancer ses répliques. C'est un personnage que j'ai trouvé intéressant même si au final assez peu creusé. A ses côtés, Patrick Fugit dans la peau de l'officier Jim Gilpin m'a semblé moins convaincant, un peu plus léger mais bon fort heureusement, il est si peu exploité que cela ne m'as pas dérangé outre mesure.
Derrière, le reste du casting fait le job. Un peu plus en retrait que notre couple phare mis en avant, chacun fait ce que l'on attend de lui avec beaucoup de réussite. C'est ainsi le cas de Carrie Coon en Margo Dunne que j'ai beaucoup aimé. A la fois drôle et touchante, c'est un personnage pour lequel j'ai eu pas mal d'affections. J'ai beaucoup aimé aussi Tyler Perry en Tanner Bolt. L'acteur est d'ailleurs si bon avec ce personnage qu'on en regrette presque qu'il n'apparaisse pas plus tôt.
Un peu plus anecdotique, on notera aussi la présence de Neil Patrick Harris en Desi Collings, à la fois attachant et terrifiant avec sa personnalité complexe. Emily Ratajkowski en Andie à un physique qui me fait toujours fondre. Atout charme, elle en joue à la perfection. Maintenant, sa faible participation ici ne m'a pas permis de vraiment me faire une opinion tranché à son sujet. Petit regret aussi sur l'exploitation des parents d'Amy que l'on commence à développer avant au final de s'en moquer un peu. C'est d'autant plus regrettable que j'ai l'impression qu'il y avait quelque chose à faire avec la mère et sa relation avec son gendre.
Pour sa réalisation, David Fincher réalise une nouvelle fois un coup de maître. C'est certes pas ma réalisation préféré de ce réalisateur mais qu'est-ce que ça fait du bien de voir une œuvre aussi propre. Parfaitement bien millimétré, les caméras sont toujours bien placées avec de très bons angles de vues et une ambiance crée qui colle bien avec le récit. J'ai beaucoup aimé le travail qui a été fait sur la photographie qui est très belle ainsi que sur cette lumière que j'ai trouvé aussi froide que chaleureuse paradoxalement.
Coupé en trois parties (que je ne révélerais toujours pas pour ne pas spoilers), on sent la différence de tensions entre chacune d'entre elles. La première nous fait poser des questions, on ne sait pas trop ce qui s'est passé, on suit l'enquête et on commence à se faire notre propre avis. La seconde arrive pour sa part un peu trop vite à mon sens. Là on sait ce qui s'est passé et c'est dommage car j'aurais aimé me poser davantage de questions avant d'avoir ce rebondissement. Il y a un effet de miroir qui n'en demeure pas moins très bon et l'intrigue s'étoffe davantage. Quant à la troisième, c'est celle qui conclura cette enquête. J'ai beaucoup aimé dans le sens où elle est surprenante. A l'image du cinéma de David Fincher, c'est une fin qui nous prend aux tripes. Là encore, chacun se fera son avis à son sujet. Si la deuxième partie arrive trop vite, la troisième arrivera elle à point et sera longue juste comme il faut. Si j'ai trouvé ce plan pas très abouti scénaristiquement parlant, la fin en revanche l'est davantage avec ce sourire en coin qui apparait sur nos lèvres.
Ce travail est réussi grâce à un montage parfait. On joue avec le temps, on revient en arrière pour mieux avancer, l'intrigue se démêle pour mieux partir dans une autre direction et à aucun moment, on est perdu à cause de ce montage qui fait le boulot. De même, j'ai beaucoup aimé la musique composée par Trent Reznor et Atticus Ross qui colle bien avec ce long métrage et contribue aussi à donner du rythme à ce long métrage jamais ennuyeux pour un sou.
Pour résumer, "Gone girl" n'est pas vraiment une surprise en soit dans le sens où je savais que j'allais passer un bon moment. C'est un long métrage vraiment passionnant du début jusqu'à la fin porté par une mise en scène de David Fincher excellente et un casting tout aussi bon avec son couple phare parfait. Ce film aurait même pu être une claque à mes yeux si le plan élaboré pour cette intrigue ne m'avait pas paru aussi "facile" (les guillemets ont leurs importances). Il y a quelques petits éléments qui m'empêchent de mettre ce film sur un piédestal mais ça reste un film que j'ai vraiment adoré et que je reverrais avec énormément de plaisir. Je n'ai décidément pas fini de suivre David Fincher ainsi que Ben Affleck dans mes salles obscures.