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Chronique Ceux qui me restent (Damien Marie et Laurent Bonneau) - Bamboo / Grand Angle

Par Bande Dessinée Info

Mai 1968, une gare à Paris : Florent quitte le tumulte des évènements pour l’Angleterre à la poursuite d’une anglaise rencontrée plus tôt. C’est s(l)a vie qui commence puisque Jenny ne veut du « froggie » que si c’est le « vrai sérieux ». De ces années ensemble il n’y a qu’un vide et ce qu’il en est dit n’apparaît qu’en creux : une fille, Lilie, et une belle famille qui n’aime pas son gendre. Ce creux c’est aussi la tombe de Jenny devant laquelle on retrouve Florent et Lilie quelques années plus tard, dans ce cimetière anglais. Sur le ferry qui les ramène en France, désormais seul face à la tempête qui se lève sur leurs vies, Florent s’interroge alors sur l’avenir et sa capacité à l’affronter.

C’est alors que s’opère le premier retour en arrière et nous voilà projetés cinq ans en arrière. À partir de ce moment le récit perd sa linéarité et, tout comme le personnage, le lecteur prend conscience d’un problème sans pour l’instant en saisir l’origine : Alzheimer. Cette discontinuité sert, ici, à traduire aux niveaux visuel et narratifs les effets de la maladie. Les personnages et décors sont parfois flous, le découpage des planches irrégulier, voire même des pages pages blanches ou presque. L’histoire bégaie et nous ramène toujours sur ce bateau et la recherche de Lilie en imper jaune. Un choix de la part des auteurs qui n’est pas sans rappeler le film Ne vous retournez pas (Nicolas Roeg, 1973).

Malgré ces aller-retours dans les souvenirs mélangés où présent et passé se confondent la lecture conserve une grande fluidité. Cependant, la seconde vient contredire cette impression : le récit n’est, au final, que blocages et béances. Tout semble maintenu en équilibre par la couleur jaune, omniprésente. Les BD dont la véritable structure narrative n’est pas donnée directement sont assez rares pour être ici saluées.

Damien Marie et Laurent Bonneau, respectivement scénariste et dessinateur-coloriste, montrent ici qu’ils maîtrisent pleinement les possibilités narratives qu’offre la bande dessinée. Utilisant, ici, la maladie comme contrainte pour la mise en forme, ils nous livrent l’histoire, à fleur de mémoire, d’un père à la recherche de sa fille.


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