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Le Choix Martiniquais : une démarche doublement imprudente.

Publié le 26 octobre 2014 par Halleyjc

On raconte que Monsieur François Mitterrand confia à Aimé CESAIRE une mission ! En fait, il remettait à celui qu’il considérait comme le plus digne de les recevoir, les clés de la Martinique et de facto celles de la Guadeloupe sinon de tout l’Outre-Mer. On ne saura jamais la suite qui aura été réservée à cette mission verbale à laquelle il fut répondu verbalement ; puisque les deux protagonistes sont maintenant disparus… On a simplement entendu parler d’un « certain moratoire», qui bénéficia de facto à la Guadeloupe.

On devine bien l’objet de ce «Wait and see». Mais rien ne pouvait indiquer les raisons précises et objectives qui conditionnaient ce choix. Encore moins si cet accord verbal ne repoussait le moment du choix à une date précise ou bien aux calendes grecques.

Et si Césaire avait choisi autrement, la Guadeloupe aurait-elle suivi ?

La réponse cinglante a été donnée directement à Madame MICHAUX-CHEVRY qui avait adopté le projet foyalais de Marie-Jeanne pour le transformer en un « Appel de Basse-Terre » très imprudent… Les Guadeloupéens connaissent la suite et peuvent se dire fier d’avoir fait le bon choix ! Monsieur Victorin LUREL en a profité, mais il sait aussi qu’il est surveillé comme le lait sur le feu !

Mais curieusement les héritiers de CESAIRE ont estimé qu’il était maintenu venu le temps de « décider ». Et tournant le dos à la prudente et sage attitude du Père ont engagè la Martinique dans une folle aventure.

Le peuple martiniquais a-t-il changé d’avis depuis la mort d’Aimé Césaire ! La réponse est sans doute NON ! Mais les élus en charge ont su trouver les arguments pour le convaincre que c’était le moment. Et la Guadeloupe a évité le piège, n’a pas suivi ! Tant mieux !

Les articles de Monsieur Charles RANO repris souvent par le scrutateur, font la démonstration des risques potentiels mal évalués par l’équipe dirigeant de l’île sœur.

http://www.lescrutateur.com/article-quand-la-martinique-s-eveillera-par-charles-rano-66442756.html

La Guadeloupe a été, à mon humble avis, plus perspicace en rejoignant la Réunion des enfants de Michel DEBRE dans un « droit commun » protecteur à tous points de vue. Il est trop tard pour modifier la constitution et rendre notre Département aussi intouchable que l’est la Réunion ; mais il n’est jamais trop tard pour continuer à affirmer nos ambitions dans le cadre de la République.

Le Gouvernement de notre Pays, LA France, doit faire face à de graves problèmes budgétaires et fait feu de tout bois pour résoudre ce que certains estiment être la quadrature du cercle.

Alors depuis le choix très hasardeux de la Martinique les écarts commencent à apparaître entre Guadeloupe et Martinique… Et ces écarts préfigurent le gouffre qui va se creuser irrémédiablement.

Depuis 1946 et le vote unanime de l’Assemblée Nationale pour ériger les quatre vieilles colonies en Département les habitants de la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Réunion n’ont eu de cesse de se battre pour obtenir l’égalité parfaite avec la métropole. Ces 68 ans de lutte ne peuvent être oubliées et c’est à cause d’elles que nos peuples se reconnaissent de plus en plus dans le moule que l’on peut qualifier de commun. Nous partageons tant de choses !

A propos 1946 ! C’est déjà Aimé CESAIRE ! Et je ne cesse pour ma part de remercier mes Parents et autres Grands-Parents d’avoir su tisser ces liens maintenant indéfectibles entre TOUS le Français, dans la triple ambition de notre république : liberté, fraternité égalité.

Souvent on entend cet argument sur l’outre-mer qui voudrait le beurre, l’argent du beurre et la crémière par-dessus le marché. Ridicule ! Nous partageons les mauvais moments et les bons comme tout citoyen français.

Oui le droit commun nous protège, et c’est chose singulière que les élus Foyalais aient pris le risque de s’en écarter. Pour se protéger des renonciations prévisibles de l’Etat en matière des transferts financiers ! Il n’existe en fait qu’un seul bouclier institutionnel… Le droit commun.

Il suffira donc d’attendre encore quelques mois, au plus deux ans, pour se rendre compte de ce que nous allons devenir… certains parient sur l’Eldorado Martiniquais et le désastre Guadeloupéen. D’autres pensent exactement le contraire… La Martinique coincée dans des enveloppes budgétaire forcément réduite par la mondialisation découvrira qu’il existe d’autres voies entre autre celle choisie par la Guadeloupe.

En fait ce ne sera pas aussi explicite que cela. Il y aura d’un côté et de l’autre des plus et des moins… Les rêves qui s’égrènent pendant les séances du congrès des élus martiniquais très largement diffusé en télévision sur la Guadeloupe, vont-ils se réaliser ? Ou ces élus vont-ils déchanter ou trembler comme le prédit Monsieur RANO ? Le temps des réalités est venu et le casse-tête Martiniquais n’est plus à Paris mais bien à Fort de France.

Monsieur RANO se pose très justement cette question essentielle : Pourquoi s’être jetés dans une évolution institutionnelle sans au préalable discuter et avoir des accords écrits avec le gouvernement, et des certitudes d’avenir pour la population ? Mesdames, Messieurs vous êtes allés la fleur au fusil oubliant les économies que doit faire la France, vous lui avez donné la corde pour nous pendre. Résultat : vous êtes subitement inquiets et insatisfaits. Vous êtes perdus. Vous avez acheté un chat dans un sac fermé. Notre proverbe martiniquais était un avertissement sans frais. Souvenez-vous : « MOUN, PAKA ACHETE CHATT EN SAC » vous l’apprendrez à vos dépens. En 2003 nous vous avions prévenus, pourtant vous avez foncé la tête dans le guidon.

Lors d’un déplacement privé en Guadeloupe à l’invitation du regretté Guy BEAUBOIS, alors Consul du Sénégal, le Président Léopold Sédar SENGOR, s’entretenant avec un groupe d’amis, avait fait cette prudente suggestion : Que la Guadeloupe réfléchisse bien avant d’abandonner son statut de Département… C’est le viatique des petits Guadeloupéens !

Mais il faut aussi être réalistes et intelligents… Le DROIT COMMUN ne peut tout nous garantir… Et nous nous devons de continuer à réfléchir sur ces singularités que sont les nôtres… Handicap quelque fois, Atout dans d’autre cas… L’octroi de mer est une de ces singularités qui méritent toute notre vigilance toute notre attention, toute notre intelligence. L’enveloppe accordée à la Martinique suffira-t-elle à résoudre ce délicat problème. La sonnette d’alarme vient d’être tirée par Fort-de-France qui se plaint que les « négociations » « le vilain mot qui se substitue petit à petit à départementalisation » risques de déboucher sur une mise en péril très grave de l’équilibre économique de l’île. Quid de la réponse Gouvernementale ! Nul ne sait !

Et s’accumulent alors les dossiers … le financement des collectivités, la pêche, l’Agriculture, la disponibilité des fonds Européens… de plus en plus épineux dès lors que l’on quitte le cocon « régions ultrapériphériques » de l’union européenne, pour une utopie institutionnelle ?

Je souhaite sincèrement pour la Martinique qu’elle ait fait le bon choix avec sa « Collectivité Unique » et que le succès soit au bout de la démarche. Mais objectivement je crains que ce ne soit une imprudence sinon une double imprudence. Imprudence pour la Martinique et Imprudence pour la Guadeloupe si cette dernière ne se débarrasse pas de la férule chère à Jules BALLET

En d’autres temps, en effet, l’Historien Jules BALLET écrivait dans un de ses épais volumes sur l’histoire de la Guadeloupe, que cette île vivait sous la férule de sa métropole coloniale.

Mon inquiétude vient de ce que la Martinique n’est plus un VRAI Département et le binôme GUADELOUPE MARTINIQUE risque d’en souffrir.

La Guadeloupe sauf incident démocratique notable pourra et continuera à s’exprimer largement et revendiquer le droit commun en totalité, mais pas la Martinique lorsqu’elle sera devenue collectivité unique, en 2015.

Il est temps alors de poser le problème de la localisation à Fort de France de toutes les Directions Régionales. De même que le Rectorat Antilles Guyane était incapable de gérer convenablement les structures scolaires de l’archipel Guadeloupéen, de même la centralisation sur Fort de France de toutes les directions régionales nuira à l’île sœur qui aura d’autre moyens à mettre en œuvre que ceux d’une collectivité fort éloignée d’un département.

Monsieur RANO laisse d’ailleurs entendre que l’Etat délocalise déjà une partie de ses administrations vers la Guadeloupe ? Nous n’en avons pas la preuve ! Alors écoutons Yves-Léopold Monthieux, le 21 octobre 2014 toujours chez Le Scrutateur !

http://www.lescrutateur.com/2014/10/a-la-martinique-la-flamme-departementaliste-brule-encore-et-pourrait-bien-ne-pas-s-eteindre.html

« Il y a peut-être du feu sous la cendre départementaliste »

Comme les intellectuels martiniquais se déplacent en meute, de nombreux d’entre eux ont commencé à quitter le navire, de sorte que l’actuel président de Région, président du PPM, pourrait déjà ouvrir un registre d’inscription à leur intention. Et l’on en vient à craindre que ceux dont la pensée a conditionné les comportements et entretenu la schizophrénie de ce peuple ne soient, en cas de malheur, aussi prompts à abandonner celui-ci à son sort, qu’ils semblent vouloir le faire pour l’homme qu’ils auront peut-être conduit définitivement dans le mur.

Fin de citation !

Bonne chance aux deux îles dans leur choix divergents.


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