Magazine Poésie

De l’écriture en général et des pâtés d’Yfig en particulier (à l’intention des cornichons indispensables pour accompagner les pâtés)

Par Yfig

Non …. Je ne vais pas vous apprendre à faire des pâtés de foie gras de Zanzibar ou des rillettes de Montélimar … je veux seulement vous entretenir de mes divagations scribouillardes.

Oh ! Je n’ai guère de notoriété à poser en guise de ridelles autour de ma personne pour vous convaincre de mon habilitation à vous entretenir de littérature.

Je n’ai aucun « best seller » à opposer à vos réticences à faire preuve de bonne volonté à mon égard.

Et je n’ai même pas de kalachnikov à vous mettre sous le nez pour vous forcer à m’écouter !

Rien, je n’ai rien que quelques mots d’intro qui, espérons, vous donnerons envie de faire un petit bout de chemin en ma singulière compagnie.

De quoi t’est-ce exactement que je veux vous causer ?

D’écriture.

Pas de styles …. Encore que … Pas de genre … même si … Pas de règles … ou à l’insu de mon plein gré …

Non, je veux vous entretenir de la façon dont l’usage de l’écriture peut amener à penser l’écriture différemment.

Au début était le verbe … Ouais …. Bon …. C’est pas original mais ce n’est pas moi qui ai inventé cette faribole !

Au début que j’écrivais … car il a bien fallu un début … je ne savais pas trop quoi écrire ni comment.

Pourquoi ?

Mais diantre, fichtre ! Parce qu’on peut écrire de tant de différentes façons !

Un article de style journalistique.

Un cours théorique sur la conchyliculture du bigorneau aux yeux bleux.

Un conte de fée humoristique ou lubrique.

Un sketch pour amuser le bourgeois qui s’emmerde devant sa téloche.

Une chronique des temps moderne dont la modernité n’a rien à envier au Moyen-âge qui était en avance sur son temps dans bien des domaines.

Un roman … d’aventures, d’amour, d’espionnage, policier …

Une pièce de théâtre, une comédie de boulevard, une tragédie, un burlesque …

Un scénario de cinéma ou une série télé ou de Bande Dessinées …

Vous rendez-vous compte de l’éventail infini de possibilités qui s’étalaient provocantes à mes yeux innocents ?

En fait, si je me souviens bien, j’ai écrit une nouvelle.

La nouvelle, c’est pas mal pour débuter. C’est court et on peut n’y mettre qu’un nombre limité de personnages. Ma nouvelle, je l’ai intitulée : « le choix du père ». C’est bien comme titre parce que ça n’a pas de sens unique. Le choix … quel choix ?

Faut pas croire, écrire une nouvelle de 25 pages, ça peut paraître facile mais ça ne l’est pas !

On se lance dans une grande aventure en se demandant si on y arrivera … on tombe sur des tas de pièges inattendus.

Par exemple, pour faciliter l’écriture, j’avais choisi de baser ma nouvelle sur une aventure qui m’était réellement arrivée … genre biographie épisodique. Mais on se pose rapidement la question de savoir ce qu’on peut dire et ce qu’il faut garder pour soi parce qu’on sera peut-être lu par des inconnus, des amis, voire la famille …

En fait … personne … ou presque ne vous lit … mais ça, on ne le sait pas au début !

Ensuite, j’ai écrit quelques mirliton … souvent, c’était des réponses rimées à des vacheries reçues sur internet …

Puis j’ai décidé de me lancer dans un roman.  Ne le cherchez pas en librairie il n’a pas été édité. Son titre : « Ludmilla » … encore un titre suffisamment évasif pour que personne n’ai envie de le lire.

Un premier roman, ce n’est pas une aventure, c’est une gageure, un travail herculéen à réaliser par un nain. On ne devrait jamais se lancer dans pareille mésaventure sans prendre une bonne assurance anti-risquetout !

Je vous passe les affres de la technique liée à l’orthographe et la grammaire … les phrases qu’on pense mais qu’on ne sait pas écrire … les mots qu’on ne trouve plus … les mots qu’on met par défaut ….

Le pire est à venir …

Le pire, c’est qu’à la quatrième ou cinquième page on a l’impression d’avoir tout dit !

Alors …. On s’arrête et on se dit : « demain ça ira mieux ! »

Mais le lendemain rien ne se passe … ni le surlendemain …. Ni les jours suivants … et on finit par oublier qu’on avait fait un grand projet.

AH ! il en faut de l’ambition et de la niaque pour se remettre à l’ouvrage, surtout si on est tout bloqué !

Moi, mon truc, ça a été d’écrire des petits trucs pour me débloquer, des chroniques, une saynète, une fausse interview , de petits sketches … et tout doucement, ça s’est débloqué …

Mais ça ne veut pas dire que c’est gagné … loin de là … car l’imagination, voyez-vous, ça marche bien dans la tête, mais quand il s’agit de le transcrire sur le papier …. C’est une autre histoire !

Bon, bref …

Après, je me suis mis à l’écriture de ma première pièce de théâtre : « un raout chez les ploutocrates ».

Comme j’avais un peu d’argent mis de côté (c’est si rare) … je l’ai faite imprimer. On appelle ça « l’autoédition ».

Puis un polar dont j’avais jeté les bases quelques vingt ans auparavant et dont j’ai retrouvé les premières pages manuscrites car il n’y avait pas d’ordinateur à l’époque.

Je me suis essayé à écrire des chansons, puis de nouveau des chroniques et des petites choses tout en travaillant à une autre pièce puis à la transcription d’une pièce en scénario de cinéma.

Cessez de bailler, j’en suis arrivé à mon sujet.

À écrire ainsi, j’en suis arrivé à la conclusion qu’il y a 3 genres qui se chevauchent.

Le plus évident, c’est le scénario de cinéma et la pièce de théâtre. En fait, on peut dire que c’est très semblable et que ça consiste en des dialogues.

Les cinéphages (femmes et hommes de cinéma)  et les théâtreux tiennent absolument à ce que leurs disciplines restent bien dissociées et c’est dans la forme qu’ils imposent qu’ils tentent de forcer les uns et les autres à rester derrière d’infranchissables barrières virtuelles.


Voici un exemple d’écriture théâtrale :

ACTE I

Scène I

Nous sommes au mois de juillet dans la galerie ‘Maurice Maurice’ où se déroule une exposition - vernissage.  La salle (le magasin) est vide de monde. Musique douce d’ambiance. Lumière feutrée avec des spots sur les tableaux.

Une simple table sur tréteaux avec une nappe en papier blanche supporte des petits fours fatigués, une bouteille de soda et une bouteille de mousseux de mauvaise qualité avec des gobelets en plastique.

Des tableaux abstraits et figuratifs sont cimaisés sur des châssis amovibles, quelques statues sur des présentoirs …

Un couple de visiteurs vient à passer ..

Lui : Dis donc, y’a pas grand monde !

Elle : Y’a une ambiance à tirer au couteau !

Lui : Remarque …. C’est franchement pas terrible !

Elle : J’aime assez celui-là ! (elle lit l’étiquette au bas du tableau) bateau échoué sur la vase dans le port de Honfleur avant 1990. C’est où Honfleur ? et … Que s’est-il passé en 90 ?

Lui : C’est juste un bateau, il n’y a pas âme qui vive dans ce tableau …. Comme dans cette galerie, d’ailleurs  !

Elle : Oui, mais les couleurs sont apaisantes et je préfère un bateau échoué qu’en pleine tempête, je n’ai pas le pied marin.

Lui : C’est tellement apaisant que ça donne envie de dormir !

Elle : Tu ne serais pas un peu de mauvaise foi ?

Lui : Viens ! Partons d’ici c’est trop morose.

(Ils partent)


Examinons les contraintes textuelles liées à l’écriture d’une pièce de théâtre.

La première est la division en actes et en scènes. Bon ! Ça, ce n’est pas bien difficile à faire.

Pour le théâtre, l’outil américain Celtx nous donne les clefs suivantes :

·   Acte

·   Entête (scène)

·   Mise en scène (didascalies)

·   Personnage

·   Dialogue

·   (Indication)

·   Transition

·   Texte

Il est à noter que l’outil Celtx fournit un certain nombre de fonctionnalités très utiles pour le metteur en scène ou le réalisateur.

Il permet de décrire avec une grande précision les personnages, leurs caractéristiques physiques et psychologiques, leur rôle en tant qu’antagoniste, protagoniste, faire-valoir, figurant … etc …

Il permet de gérer les accessoires et les plans de tournages avec l’emplacement de la ou des caméras et de tous les décors ainsi que les autorisations de tournage à demander aux mairies ou préfectures ….

Il permet de gérer les plannings de tournage …

Il construit, à partir du scénario, des rapports précieux sur les scènes successives incluant les personnages et leur charge de dialogues … et plein d’autres choses encore qui sont presque totalement inutiles à l’auteur.

Et un exemple de script (scénario de cinéma) :

1 INT/EXT LE PATIO ARBORÉ DE LA GALERIE DES MAURICE

Nous sommes au mois de juillet dans le patio planté de la

galerie "Maurice Maurice" où se déroule une exposition- vernissage.

Le patio est vide de monde. Musique douce d’ambiance Lumière feutrée avec des spots sur les tableaux.

Une simple table sur tréteaux avec une nappe en papier blanche supporte des petits fours fatigués, une bouteille de soda et une bouteille de mousseux de mauvaise qualité avec des gobelets en plastique Des tableaux abstraits et figuratifs sont cimaisés sur des châssis amovibles, quelques statues sur des présentoirs

Un couple de visiteurs vient à passer ..

1 LUI

Dis donc, y’a pas grand monde !

2 ELLE

Y’a une ambiance à tirer au couteau

!

3 LUI

Remarque .... C’est franchement pas

terrible !

4 ELLE

J’aime assez celui-là ! (elle lit

l’étiquette au bas du tableau)

bateau échoué sur la vase dans le

port de Honfleur avant 1990. C’est

où Honfleur ? et ... Que s’est-il

passé en 90 ?

5 LUI

C’est juste un bateau, il n’y a pas

âme qui vive dans ce tableau ....

Comme dans cette galerie,

d’ailleurs !

6 ELLE

Oui, mais les couleurs sont

apaisantes et je préfère un bateau

échoué qu’en pleine tempête, je

n’ai pas le pied marin.

7 LUI

C’est tellement apaisant que ça

donne envie de dormir !

8 ELLE

Tu ne serais pas un peu de mauvaise

foi ?

9 LUI

Viens ! Partons d’ici c’est trop

morose.

Ils partent

Pour le cinéma, l’outil américain Celtx nous donne les clefs suivantes :

·   Entête (scène)

·   Action (didascalies)

·   Personnage

·   Dialogue

·   (Indication)

·   Transition

·   Valeur de plan

·   Texte

Dans l’écriture des scripts, il n’y a ni actes ni scènes mais des entêtes qui définissent le plan de tournage et commence principalement par la définition « intérieur ou extérieur jour ou nuit ».


Comme tout un chacun peut le constater, seule la forme diffère … l’histoire (à travers les didascalies) et les personnages sont identiques.

Du coup, vous le sentez bien, si je propose un texte sous forme théâtre pour un film, le CNC qui finance des centaines de millions par an (véridique) et qui EXIGE le format « script » me priera poliment mais fermement d’aller voir ailleurs si j’essuie.

À l’inverse, si je propose une pièce de théâtre au format « script » à un metteur en scène (subventionné par le ministère de la culture qui a une liste d’amis réservés), celui-ci me proposera d’aller me faire pendre ailleurs.

Que faire ?

Ben … en fait, je dirais que je m’en fous !

Pourquoi ?

Mais parce que de même que personne ne lit mes textes, personne ne s’intéresse à mes pièces ni à mes scripts … cela me rend plus indépendants et c’est pour ça que j’ai décidé d’économiser mes forces et de cesser de perdre mon temps à mettre mes textes sous des formes imposées par d’autres qui n’ont pas vraiment le souci du fonds mais plutôt celui de la forme, ce qui explique en partie la déconfiture généralisée et du théâtre et du cinéma (les films français sont tous déficitaires en recette !).

Et puisque j’ai décidé de ne plus répondre aux dictats absurdes, autant aller jusqu’au bout du raisonnement et faire d’une pierre non pas 2 mais 3 coups. C’est pour ça que désormais, j’écris des romans-ciné-théâtre … comme ça :

1   La galerie d’art

Par ce beau mois de juillet, dehors, la chaleur est étouffante et le soleil brûle tout ce que ses rayons percutent.

La température est plus supportable sous la charmille du patio arboré de la galerie ‘Maurice Maurice’ où se déroule une exposition - vernissage.

L’espace ombré est vide de monde. Une douce musique d’ambiance flotte langoureusement dans l’air comme un effluve vaporeux et nuageux. La lumière feutrée donne une note suave orangée et intime. Les spots vifs projetant leurs rais clairs sur les tableaux forment des îlots de clarté rayonnante parsemée.

Au centre du patio, une simple table sur tréteaux avec une nappe en papier blanche supporte des petits fours fatigués, une bouteille de soda et une bouteille de mousseux de mauvaise qualité avec des gobelets en plastique.

Des tableaux abstraits et figuratifs sont cimaisés sur des châssis amovibles, quelques statues de stuc reposent nonchalants sur des présentoirs …

Malgré l’impression apaisante des lieux, il y plane comme une menace éthérée et dramatique.

Un couple de visiteurs vient à passer … Ils sont jeunes et branchés, ils sont entrés là par le plus grand des hasards après avoir lu la pancarte à l’entrée de la galerie exhortant les passants à venir se rafraîchir à l’abri du soleil et à se rincer l’œil avec les tableaux et sculptures. Ils sont en short et tong, très décontractés et très bronzés. Elle, blonde et lui brun ils ont des visages communs, sans particularité exceptionnelle.

Lui : Dis donc, y’a pas grand monde !

Elle : Y’a une ambiance à tirer au couteau !

Lui : Remarque …. C’est franchement pas terrible !

Elle : J’aime assez celui-là ! elle lit l’étiquette au bas du tableau bateau échoué sur la vase dans le port de Honfleur avant 1990.  Ça l’interpelle et la questionne, elle se tourne vers son compagnon dans l’espoir qu’il lui procure quelques renseignements … C’est où Honfleur ? et … Que s’est-il passé en 90 ?

Il n’en sait rien le pauvre, comment pourrait-il savoir ? Il ne prend même pas la peine de s’excuser et s’esquive.

Lui : C’est juste un bateau, il n’y a pas âme qui vive dans ce tableau …. Comme dans cette galerie, d’ailleurs !

Elle : Oui, mais les couleurs sont apaisantes et je préfère un bateau échoué qu’en pleine tempête, je n’ai pas le pied marin.

Lui : C’est tellement apaisant que ça donne envie de dormir !

Elle : Tu ne serais pas un peu de mauvaise foi ?

Lui : Viens ! Partons d’ici c’est trop morose.

Ensuite et pour satisfaire à la notion de numérotation des dialogues des scripts pour le cinéma, je reprends les dialogue et je leur donne un ordre chronologique :

Comme ça :

1.   Lui : Dis donc, y’a pas grand monde !

2.   Elle : Y’a une ambiance à tirer au couteau !

3.   Lui : Remarque …. C’est franchement pas terrible !

4.   Elle : J’aime assez celui-là ! elle lit l’étiquette au bas du tableau bateau échoué sur la vase dans le port de Honfleur avant 1990.  Ça l’interpelle et la questionne, elle se tourne vers son compagnon dans l’espoir qu’il lui procure quelques renseignements … C’est où Honfleur ? et … Que s’est-il passé en 90 ?

Il n’en sait rien le pauvre, comment pourrait-il savoir ? Il ne prend même pas la peine de s’excuser et s’esquive.

5.   Lui : C’est juste un bateau, il n’y a pas âme qui vive dans ce tableau …. Comme dans cette galerie, d’ailleurs !

6.   Elle : Oui, mais les couleurs sont apaisantes et je préfère un bateau échoué qu’en pleine tempête, je n’ai pas le pied marin.

7.   Lui : C’est tellement apaisant que ça donne envie de dormir !

8.   Elle : Tu ne serais pas un peu de mauvaise foi ?

9.   Lui : Viens ! Partons d’ici c’est trop morose.

D’autre part, avec le jeu des couleurs de texte, je réponds à la condition qui stipule que l’on doit séparer clairement les dialogues des didascalies.

Elle est pas belle, la vie ?

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