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Fantômes encore, ou Anges...

Publié le 27 octobre 2014 par Theatrummundi

rainer-maria-rilke.jpg


Il est étrange, sans doute, de ne plus habiter la terre;

de ne plus suivre ces coutumes, qu'on vient d'apprendre à peine;

et de ne donner plus aux roses, à d'autres choses en promesse,

la signification du devenir humain; de n'être plus

ce qu'on avait été dans l'angoisse infinie des mains,

et puis d'abandonner jusqu'à son propre nom, tel un jouet brisé.

Etrange, de ne plus désirer les désirs. Etrange,

de voir tout ce des rapports tenaient lié ensemble,

flottant si librement dans l'espace. Etre mort

est un état pénible et plein de recommencements,

jusqu'à ce qu'on parvienne et qu'on pénètre un peu

l'éternité. Mais les vivants, tous commettent la faute

de faire trop grandes leurs différences.

Les Anges (dit-on) souvent ne savent pas s'ils passent

parmi des vivants ou des morts. Le courant de l'éternité

à travers les deux règnes entraîne tous les âges

avec soi, toujours, et les confond chacun.

Rilke, Elegies de Duino

Extrait de la première Elégie, traduction d'Armel Guerne

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Il est étrange, sans doute, de ne plus habiter la terre;

de ne plus suivre ces coutumes, qu'on vient d'apprendre à peine;

et de ne donner plus aux roses, à d'autres choses en promesse,

la signification du devenir humain; de n'être plus

ce qu'on avait été dans l'angoisse infinie des mains,

et puis d'abandonner jusqu'à son propre nom, tel un jouet brisé.

Etrange, de ne plus désirer les désirs. Etrange,

de voir tout ce des rapports tenaient lié ensemble,

flottant si librement dans l'espace. Etre mort

est un état pénible et plein de recommencements,

jusqu'à ce qu'on parvienne et qu'on pénètre un peu

l'éternité. Mais les vivants, tous commettent la faute

de faire trop grandes leurs différences.

Les Anges (dit-on) souvent ne savent pas s'ils passent

parmi des vivants ou des morts. Le courant de l'éternité

à travers les deux règnes entraîne tous les âges

avec soi, toujours, et les confond chacun.

Rilke, Elegies de Duino

Extrait de la première Elégie, traduction d'Armel Guerne


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