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Quelques proses de Raphaële George

Par Etcetera

Note biographique : Raphaële George ( de son vrai nom Ghislaine Amon ), peintre et écrivain, est née le 2 avril 1951 à Paris où elle a vécu et où elle est décédée le 30 avril 1985. Après son bac, elle entreprend des études d’économie, études qu’elle interrompt en 1973 pour entrer à l’Ecole Normale d’Instituteurs. Devenue institutrice, elle exerce ce métier jusqu’en 1979, année où elle obtient le capes d’arts plastiques et un poste de professeur dans un lycée de banlieue parisienne. Elle s’investit beaucoup dans sa nouvelle fonction et fait preuve, auprès de ses élèves, d’une grande inventivité.
Son premier livre, Le petit vélo beige, sort en 1977 aux éditions de l’Athanor. Elle écrit aussi quelques articles de critique littéraire dans Libération et puis fonde, aussi en 1977, avec Mireille Andrès et Jean-Louis Giovannoni Les Cahiers du Double, revue de littérature et de sciences humaines, qu’elle dirige ensuite avec ce dernier jusqu’en 1981. Parallèlement à ses activités littéraires, Raphaële George peint (Draps, Suaires) et expose fréquemment, seule ou en groupe.
Début 1984 elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer et en mars de cette même année elle décide de prendre le pseudonyme de Raphaële George.

Proses

Journal sans date

La certitude que j’ai maintenant, née par ce livre et qui remonte en lui, est que pour me reconnaître il me faut les mots d’un autre. Des mots qui nous auraient été donnés comme une mère donne le sein. C’est comme si j’avais créé quelqu’un qui tienne à moi, pour m’empêcher de mourir. C’est comme si quelqu’un me percevait de loin, dans un pays que je ne connais pas, prise par ce mouvement qui au présent m’attire vers la chute, le déséquilibre, et qui veuille m’enseigner l’amitié … Ce quelqu’un veille constamment au-dessus de mon épaule, sait que je ne dois pas rester seule. Ce quelqu’un veut que je comprenne, lorsque je n’aurai plus besoin des autres mais seulement de ma vie, qu’il n’y a rien d’autre à peupler que la foi qui nous anime et que nous refusons en vain.

(…)

Ainsi, ce quelqu’un erre dans le lointain étranger, me faisant signe par instant. Cette distance le rend, la rend, les rend proches encore. Nous sommes unis au silence où toute ombre ne peut que nous vouloir le bien. J’ai hâte d’être ombre moi-même enfin dégagée de tout ce qui faisait le corps lourd et la raison dans la peine.

*
L’acte d’écrire sort du champ de la volonté à tel point que j’ai souvent cette impression que ce n’est pas moi qui écris mais quelqu’un d’autre. Au fond, je donne mon âme à cet être intérieur dont j’ignore les vraies intentions. Je me prête à son jeu.
Parfois, il me paraît être le diable, il me prend ma conscience, et lorsqu’après d’étranges heures passées à noircir des feuilles, il me la rend, tout devient pâle.

***

Pour cet article, je me suis beaucoup inspirée de la revue Diérèse n°63 qui consacrait un long article à Raphaële George.



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