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Matisse, les dessins

Publié le 22 janvier 2013 par Lironjeremy

Matisse, les dessins C’est fiction, oui, mais on voit Matisse s’arrêter sur quelques feuilles, lorgner sur la courbe d’un pétale alors que la main va sur le carnet avec décomplexions. On oublie le commentaire plein d’emphase, voix tremblante de l’époque insistant sur l’artiste typiquement français ou représentant de la vigueur artistique de la France, nationalisme d’époque aussi, qui nous sont devenus si lointains. On retiendra seulement cette facilité, la main comme débridée enfantant d’un mouvement continu quantité de petits dessins. Le port un peu doctoral de l’artiste sous le regard de la caméra quand on l’imagine de lui-même moins bien mis, appuyant le carnet sur le ventre avec ces gestes qu’on a tous, la main qui passe dans les cheveux ou qui gratte l’épaule, moins sûr. Pas pour autant au niveau des choses sans doute, pas à se courber dans la posture de l’artiste douloureux. Non, il amène les choses à lui plutôt, les contraint à sa vision, en domine les contours. Un parfait artiste Grec. Sa recherche est dans la construction de quelque chose, pas dans l’observation de vincienne d’une réalité anatomique ou du mouvement de l’eau. L’enjeu est du côté de l’œuvre et des règles qu’il se donne pour guider son exigence. Alors, peu importe l’exactitude, la soumission au modèle, seul compte le geste et son ampleur, nourri par les courbes végétales sans y être asservi. C’est une chorégraphie qui se perpétue de page en page, dessinant des motifs, délayant le sujet. Pas un esprit calme pour autant, la passion qui le guide et qu’il a souvent peint c’est la danse, la danse avec ses couleurs vives qu’il oppose à la réalité tragique, qui traverse chaque sujet pour le tordre à sa mélodie. Or la danse s’appuie sur le vide. Bien sûr qu’il faut alors trouver la note juste et limer les échardes pour parvenir à une forme qui vous enveloppe comme un bon fauteuil : un travail qui est fait de pression et de laisser-aller, d’acharnement à la tâche comme de soumission à l’inexpliqué de la musique qui vous tient l’oreille et rythme alors subrepticement toutes vos phrases. Il faut travailler cette musique en soi pour se faire porter par ses ondulations plastiques.

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