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« Utiles à la France, fidèles à la gauche » par Stéphane Le Foll

Publié le 31 octobre 2014 par Letombe
« Utiles à la France, fidèles à la gauche » par Stéphane Le Foll

Une fois de plus la France est face à son destin et les socialistes face à leurs responsabilités.

Ces grands rendez-vous avec l’Histoire sont toujours difficiles à affronter. La France et l’Europe en général peinent à sortir de la crise mondiale de 2008 et rien n’aura été fait par la droite pour y parvenir, bien au contraire ! C’est donc une nouvelle fois aux socialistes au pouvoir qu’il incombe de relever ce défi.

Les socialistes français ont souvent interpellé le monde et œuvré à la diffusion des idées d’égalité, de libertés individuelles, de progrès social et de défense de l’exception culturelle. Mais depuis le début de 21ème siècle, cette perspective s’est inversée : c’est le monde et ses défis planétaires qui nous interpellent désormais.

C’est bien sûr et avant tout le défi écologique et la lutte contre le réchauffement climatique. Nous ne réussirons pas le développement durable, si nous n’agissons pas à la fois au niveau de la France, de l’Europe mais aussi du monde. Ce sera l’enjeu de la 21ème Conférence Climat qui se tiendra à Paris fin 2015.

C’est aussi le défi démographique et alimentaire. La planète a besoin d’une agriculture capable d’assurer en quantité, en qualité et en durabilité, les besoins d’une humanité qui va gagner encore 3 milliards d’êtres humains dans les 30 ans qui viennent.

Quant au terrorisme, il lance un défi aux démocraties et aux valeurs universelles que sont les droits de l’Homme et la liberté de conscience. En combattant le terrorisme au Mali, en Centrafrique et en Irak la France est fidèle à son histoire et aux idéaux de la gauche.

Nous devons enfin mesurer le bouleversement qui s’est opéré avec la mondialisation depuis 30 ans : l’émergence de puissances nouvelles et un rapport démographique politique et économique qui a changé. Là encore le processus s’est inversé : il s’agit maintenant pour un pays comme le nôtre de retrouver, face à ces puissances, un appareil de production industriel et agricole capable d’être créateur de suffisamment de richesses et d’emplois pour financer notre système social.

Certes, il n’y a jamais qu’un seul choix possible en politique. Mais quels sont les autres ?

L’extrême-droite propose le repli sur soi, la sortie de l’euro et l’isolement. Elle voudrait échapper à un monde qui nous menace, comme si la France pouvait vivre sans exporter, sans échanger avec le monde qui l’entoure.

Quant à la droite, elle défend l’uniformisation par le bas des systèmes sociaux nationaux. Il n’y a qu’à regarder ce qu’elle propose : le démantèlement de la fonction publique, la fin de la durée légale du travail, la remise en cause du CDI et du SMIC. Pire que l’austérité, c’est la fin de notre modèle social.

D’autres, à gauche, proposent de nous soustraire à notre engagement de sérieux budgétaire et de diminution de la dette publique. Pour quel objectif ? Plus de croissance ? En est-on sûr ? Ce qui est certain, c’est qu’une telle orientation aurait deux conséquences immédiates : une dépendance accrue vis-à-vis des marchés financiers et une perte de confiance avec nos partenaires européens. In fine, l’échec annoncé de cette stratégie nous conduirait tout droit vers une cure d’austérité, vers l’isolement puis le déclin.

Aux prises avec ces grands bouleversements planétaires, les Français s’interrogent sur la capacité de notre pays à affronter ces défis et doutent de la volonté de l’Europe de l’y aider. Ils craignent du même coup que soient remis en cause notre modèle social, éducatif, culturel et même notre capacité à vivre ensemble.

C’est pourquoi nous, socialistes, devons penser notre action politique au regard de ces enjeux nouveaux, tout en restant fidèles à nos valeurs et au message de Jean Jaurès : « Aller à l’idéal et comprendre le réel ».

Etre socialiste aujourd’hui c’est répondre aux défis de la mondialisation tout en garantissant notre modèle social.

Nous devons d’abord tout faire pour redresser notre économie. C’est l’objet du pacte de responsabilité et de solidarité, initié par le Président de la République, à un moment où notre pays souffre d’une perte dramatique depuis 10 ans d’emplois industriels et agricoles et d’un important déficit de la balance commerciale qui est un symptôme révélateur de nos difficultés. Nous devons soutenir nos entreprises, en particulier nos PME, car ce sont elles qui investissent, créent la richesse et donc l’emploi. Les salariés et les ouvriers le savent bien.

Nous devons aussi faire progresser la démocratie sociale dans notre pays. Notre méthode est constante : qu’il s’agisse du marché du travail, des retraites ou de la formation professionnelle, chaque grande réforme sociale a été précédée d’une négociation entre les partenaires sociaux. La démocratie sociale est plus que jamais au cœur du modèle social-démocrate.

Notre modèle c’est aussi la République et la Laïcité.

La République sera préservée si elle reste fidèle à son message historique: faire de chacun de ses enfants un citoyen.

Pour reprendre une phrase de Jaurès, « Dans notre France moderne, qu’est-ce donc que la République ? C’est un grand acte de confiance ».

La perte de confiance dans les institutions de la République est le pire des poisons. Face à la tentation du repli et du rejet, nous devons réaffirmer les principes et les idéaux qui ont toujours été les nôtres en étant fermes pour les faire respecter par tous et partout. Jamais la République ne stigmatise, jamais elle n’attise les antagonismes, toujours elle rassemble. Car elle s’appuie sur des valeurs fortes, privilégiant toujours la solidarité à l’individualisme, la tolérance au repli sur soi. C’est ce qui fait la force de son message pour faire reculer les peurs, les haines, le racisme, l’antisémitisme, l’islamophobie, l’homophobie et la misogynie.

Apaiser la société, permettre le vivre ensemble, c’est aussi la mission de la laïcité depuis plus d’un siècle à travers le respect de la liberté de conscience, la séparation et la neutralité de l’Etat vis-à-vis des religions. Avec pour contrepartie le respect des valeurs de la République, des convictions des autres, de la neutralité des services publics et de l’égalité entre les femmes et les hommes. La laïcité, c’est la condition d’un espace public serein.

Etre socialiste, c’est préparer la France de demain. C’est faire le choix de l’éducation, de la recherche et de la transition énergétique.

Être socialiste, c’est croire que chaque enfant de la République doit trouver sa voie et s’accomplir quelles que soient ses origines sociales.

Si nous faisons de l’accueil de la petite enfance et de l’Ecole de la République une grande cause nationale, c’est pour donner aux enfants des quartiers populaires toutes les chances de réussir, c’est pour briser cette prétendue fatalité selon laquelle la réussite serait réservée à quelques-uns et l’échec irréversible pour les autres.

Redonner une formation aux enseignants, réformer les rythmes scolaires, créer des postes dans l’Education, mais aussi l’enseignement supérieur et la recherche, c’est faire en sorte que la promesse républicaine de promotion sociale reprenne tout son sens dans les années à venir.

Soyons fiers de la priorité donnée à la jeunesse après une décennie de fragilisation de l’école et de hausse continue du chômage des jeunes. Soyons fiers de voir ce fléau reculer, de voir chaque mois davantage de jeunes retrouver la fierté de travailler grâce aux emplois d’avenir ou aux contrats de génération.

Le projet que nous socialistes, défendons, comporte l’exigence de répondre aux aspirations présentes de la jeunesse mais aussi l’ambition de lever demain avec elle un espoir plus grand encore, celui de construire les fondements d’un progrès nouveau qu’elle sera fière de léguer à son tour à ses enfants.

Ce progrès nouveau, cette mutation profonde de notre modèle de développement, c’est la transition énergétique. L’enjeu, pour nous socialistes, consiste à accomplir cette grande synthèse entre l’enjeu économique et social et celui du développement durable initiée par Gro Harlem Brundtland à l’ONU en 1986 avec son rapport « Notre avenir à tous ».

Voici deux ans que nous avons résolument engagé la France dans cette voie, et cela s’amplifiera encore demain avec la loi sur la transition énergétique et pour la croissance verte. Faire de la France un nouveau modèle d’investissement, de progrès durable et de connaissance, voilà une belle ambition que nous socialistes, devons plus que jamais porter sur nos territoires, en Europe et au-delà.

Être socialiste, c’est croire au changement en Europe

L’Europe ne doit plus être associée dans l’esprit des Français à un abaissement de la France, à la crise de l’euro, à l’immigration incontrôlée. La décision de maitriser notre déficit public tout en reportant l’atteinte de l’objectif de 3%, et ce afin de ne pas empêcher le retour de la croissance, démontre que la France sait défendre ses intérêts en Europe.

Les lignes bougent en Europe. Une prise de conscience est à l’œuvre sous la pression commune de François Hollande, Matteo Renzi et d’autres chefs d’Etat et de Gouvernement progressistes.

L’idéal européen procède d’une idée forte : si nous sommes divisés, repliés, c’est le monde qui imposera ses choix à l’Europe et donc à la France. Si nous agissons ensemble, solidairement, nous serons en mesure de peser sur les grands choix de la planète.

Être socialiste, c’est vouloir redonner espoir en l’avenir.

Comme le disait François Hollande, en 2009 : « Le socialisme est une belle idée. Quand un parti a l’honneur de porter cette idée depuis plus d’un siècle, et qu’il s’est battu pour l’égalité, le progrès, l’émancipation, qu’il a participé aux plus grandes conquêtes de la république, des droits sociaux et des libertés, il n’y a aucune raison de le laisser choir. Tant que demeurera une atteinte à la dignité humaine, une volonté de dénoncer l’ordre apparent immuable des choses et le désordre insupportable des injustices, il y aura toujours des femmes et des hommes qui se lèveront. On les appellera des socialistes. »

Stéphane LE FOLL
Ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt
Porte-Parole du Gouverne
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