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des anglaises à Etretat

Publié le 01 novembre 2014 par Dubruel

d'après ÉPAVES de Maupassant

Hier, à Etretat,

Un des rares promeneurs nous salua.

Quelles sont ces personnes restées

Quand tout le monde est parti ?

Ce sont les épaves de l’été

Quel est celui de nous qui n’a pas ainsi

Rencontré telle ou telle personnalité ?

À cet instant mon amie me serra le bras :

-« C’est Ribotté. »

-« Qui ça ? »

-« Vous ne connaissez pas ce violoniste ?

C’est un maître, un grand artiste.

Il n’est pas permis de l’ignorer. »

Je me tus, un peu humilié.

Cinq minutes après, apparaissait

Un petit être obèse, laid et décoré

-« Celui-là, c’est Prosper Glosse,

Le philosophe

Que l’Europe entière connait. »

Puis nous avons croisé un romancier,

Deux peintres et le ministre Belhomme.

-« En voilà un sacré bonhomme ! »

Deux filles regardaient l’Océan.

Leurs cheveux volaient au vent ;

Serrées en des imperméables gris,

On aurait dit des poteaux de télégraphie

Surmontés de crinières blondes.

C’étaient des Anglaises

Ou des Irlandaises

De toutes les épaves de l’été,

Celles-là sont les plus ballottées

Aux quatre coins du monde

Il en échoue,

Dans toutes les villes,

Partout.

Elles riaient, parlaient fort

Et je me suis demandé alors

Quel plaisir ces filles

Rencontrées sur les plages ou dans les musées

Peuvent ressentir à contempler

Des tableaux, des monuments,

Ou des flots moutonnant ?


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