Préparez l’avenir de vos enfants en investissant dans le vice

Cet articule s’adresse aux pires d’entre nous : depuis toujours, vous vous sentez attirés par le vice. Crime, prostitution, drogue et arme sont les maîtres mots de votre éducation télévisuelle dégénérée. Rassurez-vous, nous n’essayerons pas de vous remettre dans le droit chemin de l’honnêteté. Si, comme nous, vous vous sentez irrécupérables, ouvrez votre portefeuille et investissez dans le Vice Fund.

« When it’s good, it’s very, very good . . . and when it’s bad, it’s better. » (slogan du Vice  Fund)

Vice Fund (indice VICEX) est un fond d’investissement texan crée en 2002. Il se veut le concurrent idéologique et financier des fonds socialement responsables (ISR). Le fondateur de ce projet, Dan Ahrens, est parti d’une idée assez originale : le tabac, l’alcool, le jeu, la pornographie sont des activités devenues connaturelles à l’existence humaine. Impossible d’envisager l’avenir sans ces pratiques moralement répréhensibles. Malgré une multitude de campagnes de sensibilisation dont l’utilité et l’efficacité apparaissent décevantes, ces activités existeront toujours. On pourrait même dire qu’elles ne peuvent que croître…

Objectivement, elles sont créatrices de liens : partagées par toutes les générations, par toutes les classes sociales, par toutes les cultures, elles participent à la paix sociale en agissant comme un catalyseur des frustrations et des tensions sociales. Nos sociétés en crise sont devenues tout naturellement addictes au vice. La rentabilité d’un tel fond est à priori assurée. Le Vice Fund a d’ailleurs tendance à performer en temps de crise.

Des investissements socialement irresponsables…

En tant qu’investisseur totalement irresponsable, indifférent de la paix dans le monde et des effets dévastateurs du tabac et de l’alcool sur la santé, voici quelques placements du Vice Fund qui vous réjouiront :

Raytheon Co : Drones, avions furtifs, missiles téléguidés… Pas de doute, avec Ratheon vous allez vous sentir maître du monde : au diable la paix, la négociation, les pourparlers… Alors que votre conjoint vous martyrise, vous brime, vous impose des tâches domestiques infâmes, vous rêvez d’être un de ces seigneurs de guerre…

MGM Resort : Qui n’a jamais eu en tête le fantasme de la virée à Las Vegas ? Filles, alcool, jeu… Intérieurement, vous en êtes persuadés, vous vous êtes trompés de mode de vie : Las Vegas avec ses tripots, ses parties privées et ses escortes sont des images qui hantent vos nuit et dynamisent vos ébats avec votre partenaire… Investissez donc dans ce groupe des plus prestigieux hôtels et casinos de Las Vegas.

Philip Morris : voilà la compagnie type qui voit grand et dont la grandeur ne peut qu’augmenter avec le début de légalisation du cannabis aux USA. Gerry Sullivan, portfolio manager du Vice Fund n’hésite pas à imaginer l’élargissement du marché du tabac au cannabis. Si vous aussi, vous êtes exaspérés par la qualité déplorable de l’herbe vendue dans la rue, Vice Fund vous offrira un futur de meilleure qualité…

Digeao : s’il est un groupe qui fait l’unanimité, c’est bien celui-ci. Ivrognes, clochards, fêtards, Digeao saura vous séduire. Inutile d’en dire plus. Si vous connaissez déjà les grandes marques de ce groupe, alors vos finances ne peuvent attendre plus longtemps pour posséder des actions du Vice Fund.

Pour le bien de votre progéniture…

Vous éprouvez quelques remords ? Vous n’êtes pas tout à fait perdus ? Sachez alors que tout investissement dans un fond antagoniste au Vice Fund est bien moins rentable en période de ralentissement économique. Les fonds socialement responsables ont certes bien résisté à la crise de 2008 mais ils affichent des hausses moins séduisantes : en 2012, le Ave Maria Fund (fonds confessionnel) a réalisé une hausse de 0,36% tandis que le Vice Fund a progressé de 16,73%

Plus généralement, le Vice Fund affiche une progression de 9,36% depuis 2002 contre 6,70% pour l’indice S&P 500 (indice boursier basé sur 500 grandes sociétés cotées sur les bourses américaines).

Evolution du cours du VICE FUND et du S&P 500

Poussons le raisonnement cynique un peu plus loin : aux Etats-Unis, le prix d’une année scolaire dans le privée pour vos enfants peut coûter, selon la localisation géographique, près de 20 000 euros par an. Un investissement de 50 000 euros dans le Vice Fund en 2009 vous aurait permis de payer en 2014 la scolarité de vos enfants pendant une durée de 8 ans dans la meilleure école privée de l’Upper East Side. Un investissement similaire dans le Ave Maria Fund ne vous aurait pas permis de payer la même formation à vos enfants pendant plus de 3 ans ! Si vous ajoutez à cela la probabilité que votre enfant réussisse dans un Community collège, qu’il tombe dans la délinquance, vous en conviendrez que le vice a aussi certaines vertus…