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Black Zone Myth Chant – Straight Cassette

Publié le 05 novembre 2014 par Hartzine

Balloté par l’incessant ressac de la promotion musicale, l’époque a ceci de formidable que rien n’empêche plus le passionné de mettre le cycle perpétuel sur pause pour s’autoriser une petite sortie de route salutaire pour tous. Sans nécessairement chercher à jouer aux bonus dispensables, redonner une deuxième vie à un projet sous d’autres formats, d’autres expressions, est une démarche on ne peut plus saine lorsqu’il s’agit d’insister un peu plus sur Straight Cassette de l’énigmatique Black Zone Myth Chant, en réalité énième side-project du mystique breton High Wolf.

Sorti en catimini en K7 et CD-R début 2011 sur son Winged Sund Records, Straight Cassette a depuis fait l’objet d’un culte rarement dévoilé, entretenu secrètement par une poignée de fans assidus. Depuis bientôt quatre ans, ces derniers, à chaque pleine lune, n’hésitaient plus à se soumettre une fois encore aux psaumes lugubres du prêtre occulte, fièrement représenté par ce célèbre visage d’un Ornette Coleman passé au filtre jaune d’or, comme pour le rendre plus inquiétant et plus magnifique encore.

Il n’en fallait pas plus pour motiver les activistes franco-indonésiens de Laitdbac Records à se pencher sur une nouvelle sortie des neuf morceaux, enfin disponibles en vinyle et mp3 cette fois-ci depuis le 18 octobre dernier. Un geste de grande classe tant Straight Cassette fait partie de ces bijoux passés sous silence mais qui ouvrent la voie à l’exploration d’un univers unique, sûrement l’un des projets les plus marquants du musicien français. On y navigue en eaux troubles, porté par ces ambiances sombres et pesantes, où le tribalisme occulte se mêle aux beats hip-hop hypnotiques, combinant avec talent ces rythmiques de cérémonie païenne aux délires électroniques vecteurs d’un sursaut de conscience de soi et un envol spirituel garanti.

En chemin, l’auditeur fera la rencontre de ce narrateur sans visage à la voix déformée, dense et caverneuse, ralentie à 600%. Incompréhensible, son langage sera pourtant la clé pour atteindre le centre de ce temple invisible agité par une célébration sans fin dont il se révèle être l’indiscutable hiérophante. Le décorum est singulier : mystiques grimés, zélotes affairés et musiciens en sueur, au milieu d’ornements chatoyants, tous réunis autour de la flamme de vie de Centre Of The Universe, pièce maîtresse du disque. Là, le prêtre se lance dans son laconique discours, lui-même bientôt noyé sous la masse d’instruments invoqués, s’alliant aux fantômes d’illustres prédécesseurs déguisés lorsque les références space age vintage se voient doublées d’un souffle électronique cosmique.

En l’espace de trente-cinq minutes, bonus beats originels compris, Black Zone Myth Chant nous dévoile une expérience unique, qui dépasse clairement la gentille ballade psyché ou vaguement spirituelle des tonnes de références que vous verrez accolées à Straight Cassette. Ici, l’aventure est totale, dure et brutale mais toujours exaltante. Une fois converti au culte, vous n’en finirez plus de faire tourner Bonus Beat 2 ou la dernière minute de My Glory Will Be To Sing Eternal Law en boucle car c’est comme ça que s’apprécie Straight Cassette : sans aucune forme de retenue, s’oubliant toujours plus dans les syncopes infinies, comme pour finir par ne faire plus qu’un avec les ondes environnantes.

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