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Damien Rice aux Folies Bergère #Report

Publié le 06 novembre 2014 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde
Damien Rice aux Folies Bergère #Report

C'était hier soir et, inutile de te faire languir plus longtemps : C'était incroyable!

Damien Rice sur scène c'est toujours un peu dingue, un moment unique qui nait de la rencontre de sa voix dont l'amplitude lui permet de grands écarts qui font irrémédiablement se dresser l'ensemble des poils de ton corps et de sa personnalité franchement sympathique.

Alors qu'il s'est livré hier à un concert qui relève de la prouesse scénique, il a su se montrer, entre les morceaux tour à tour amusant, charmeur, accessible. En un mot : Irrésistible.

Après une première partie un peu terne que certains ont jugée inutile (je trouve le mot un peu fort mais je reconnais que la lassitude est vite venue), Damien Rice est entré en scène.

Seul.

Avec sa guitare acoustique et tout un tas de pédales dont il n'a cessé de jouer pendant deux heures, créant des effets inattendus et toujours bien vus.

En guise d'entrée en matière, c'est un titre de son dernier album ("My favourite faded fantasy", sorti lundi) qu'il a interprété, "colour me in".

Immédiatement après ce premier morceau, il a échangé un peu avec son public, dans un français tout à fait charmant en concluant par un "bref, merci pour venir!" lâché dans un sourire.

Contrairement à certains artistes qui mettent un point d'honneur à ne jouer que les nouveaux titres lors de leurs nouvelles tournées, réservant leurs succès passés aux rappels, Damien Rice joue "Amie" (extrait de son premier album "O") dès le second titre. Le public exulte et l'intensité monte d'un cran, immédiatement.

Il faut dire que son nouvel album est seulement sorti lundi et que peut-être il redoutait que le public ne soit pas encore familiarisé avec ses nouveaux morceaux mais, et c'est d'ailleurs assez surprenant, presque tous ceux qui étaient autour de moi les chantaient par coeur.

A la fin du titre les pleurs d'un enfant retentissent dans le silence. L'artiste s'en amuse "Qu'est ce que c'était, ça? Vous savez qu'il faut avoir plus de 18 ans pour être ici ce soir?" plaisante-t'il.

Et dans un sourire, il entonne "9 crimes".

Frissons sur l'irrésistible montée en intensité du morceau. C'est bien simple : Quand sa voix s'envole, on est comme transporté par l'émotion. La musique de Damien Rice est de celles qui élève ceux qui l'écoute et hier soir on est tous montés très haut.

"I don't want to change you" précède "Woman like a man" aka une des chansons qu'il a interprétées avec la plus vive intensité hier.

J'aime ce titre pour des tas de raisons et je crois que jamais encore je n'avais assisté à une version aussi habitée. C'était éblouissant de maitrise et de fougue et le final apocalyptique est venu parachever l'instant. Quand les dernières notes s'éteignent, je suis bouche bée. Un coup d'oeil rapide à l'assemblée m'indique que le choc est général.

Magistral.

Sur "Elephant" l'éclairage minimaliste qui habille la scène depuis le début du show semble un parfait écrin à ce moment d'émotion savamment distillée et lorsqu'à la fin de "My favourite faded fantasy" il crée un effet d'écho particulièrement réussi en chantant tête baissée, à l'intérieur de la caisse de sa guitare acoustique, on se dit que cet artiste là n'a définitivement pas fini de nous surprendre.

"Eskimo" s'achève sur un chant a capella bouleversant puis Damien Rice s'amuse à décrire la vie d'artiste en plaisantant sur la question rituelle qu'il entend systématiquement depuis son retour à la musique à savoir "mais enfin, qu'avez vous fait ces 8 dernières années?".

Il revient avec l'humour qu'on lui connait sur la vie d'artiste, ce qu'on imagine qu'elle est et sa triste réalité. C'est sur un ton léger et plaisant qu'il badine avec son public et termine sur un "jou rigole, jou rigole" des plus attendrissants.

Il demande ensuite au public quelle chanson il a envie d'entendre et saisit au vol un titre qu'il annonce vouloir chanter pour les quelques personnes qui la connaissent dans la salle. : "7, peut-être?" tente-t'il, avant de commencer "Be with you" (Sand) morceau qui n'apparait sur aucun de ses trois albums mais que quelques-uns dans le public chantent pourtant avec lui.

"The professor et la fille danse" (avec son passage en français, particulièrement adapté au concert parisien) suit ce parcours sans faute et lui permet de plaisanter encore sur ses difficultés avec notre langue.

Il débute d'ailleurs, en guise de boutade, le mythique "ne me quitte pas" de Jacques Brel avant de s'esclaffer que les mots lui manquent; "je dois apprendre" précise-t'il.

Lorsqu'il entame "I remember", le public retient son souffle.

C'est superbe mais il est vrai que l'ombre de Lisa Hannigan plane encore sur de nombreux morceaux et on se prend parfois à regretter que les voix féminines repérées sur le nouvel album ne soient pas présentes dans les version live.

C'est alors qu'il se met à raconter ce qui l'a occupé ces dernières années; il est question de belles plages plus ou moins lointaines et de sessions improvisées qui s'éternisent jusqu'à des heures très avancées avec des musiciens croisés sur la route.

Il s'attarde sur un de ses passages en Espagne où il dit avoir croisé des personnes qui viennent "du sud de la France" ("Grenoble", précise-t'il -OK question sud on a vu plus méridional mais enfin il n'est pas d'ici), personnes qu'il a souhaité inviter à ses côtés sur scène ce soir.

Deux jeunes filles traversent alors , sur son invitation, le public des Folies Bergère pour le rejoindre.

Visiblement impressionnées de se retrouver propulsées ainsi sur le devant de la scène elles font les choeurs de "Volcano"; c'est attendrissant, cette attention de sa part, et leur participation sur ce dernier morceau rend le moment très touchant.

Comme souvent il décide alors de faire de son public une immense chorale à laquelle il donne des instructions afin de faire se superposer différentes mélodies, différents passages pour former une version inédite et "vivante" de "Volcano" sur laquelle il impose une montée en intensité graduelle qui s'achève en une explosion finale magnifique.

C'est terminé.

Enfin officiellement.

A force d'applaudissements, de cris et de sifflements, Damien Rice revient pour interpréter deux titres en rappel.

"The box", tout d'abord (un de mes textes préférés sur le nouvel opus) et "Trusty and true" sur lequel on perçoit nettement sur la fin du titre, un choeur en arrière plan, discret d'abord, dont chacun se demande d'où il vient en regardant son voisin ("Une bande?" s'offusque-t'on à mon côté).

Soudain le mystère se lève, le fond de scène resté jusque là dans la pleine obscurité, s'éclaire et laisse apparaitre une chorale gospel dont le chant devient de plus en plus fort à mesure que la lumière s'installe. Sublime final qui laisse la salle ébahie.

Hier soir aux Folies Bergère, Damien Rice a donné un concert qui restera dans les annales. Il y est apparu en forme, plus soigné que lors de son dernier concert parisien mais toujours aussi loquace et plaisant.

Son interprétation d'une force incroyable a conquis un public qui lui était déjà acquis (les places ont toutes été vendues en 10 minutes) mais qui s'est juré d'y retourner dès que possible.

Ca tombe bien, il est en showcase ce soir à Paris et j'y serai. Je t'en parle très vite.

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