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Critique Cié : Vie Sauvage, les enfants du voyage

Publié le 07 novembre 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

Vie Sauvage // De Cédric Kahn. Avec Mathieu Kassovitz, Céline Sallette et David Gastou.


Avant d'être un film, l'histoire de Vie Sauvage est celle de Xavier Fortin qui a été condamné en mars 2009 à deux ans de prison pour avoir "kidnappé" ses deux enfants alors âgés de 6 et 7 ans. On suit donc l'histoire durant une partie de ces onze années de cavale. C'est un film qui permet avant tout de ne pas prendre position. En effet, Cédric Kahn ne cherche pas à donner son point de vue sur ce qu'a pu faire Xavier Fortin, renommé Philippe Fournier dans Vie Sauvage, ou même à la quête de la mère et sa légitimité dans leur éducation. La force c'est donc que nous raconter une histoire de vagabondage en communion avec la nature. On apprend à connaître Okyesa et Tsali Fournier, leur intérêt pour la vie dans la nature, hors de toute société de consommation et puis leur plongée petit à petit dans ce monde de consommation que leur père leur a ôté l'occasion de connaître. C'est notamment très intéressant sous les traits de Tsali, qui va découvrir les femmes et son intérêt pour l'amour que les mensonges va complètement détruire. Mais Vie Sauvage est un très beau film, ne serait-ce que pour les décors qui sont savamment choisis.

Philippe Fournier, dit Paco, décide de ne pas ramener ses fils de 6 et 7 ans à leur mère qui en avait obtenu la garde.
Enfants puis adolescents, Okyesa et Tsali Fournier vont rester cachés sous différentes identités. Greniers, mas, caravanes, communautés sont autant de refuges qui leur permettront de vivre avec leur père, en communion avec la nature et les animaux.
Traqués par la police et recherchés sans relâche par leur mère, ils découvrent le danger, la peur et le manque mais aussi la solidarité des amis rencontrés sur leur chemin, le bonheur d'une vie hors système : nomades et libres.
Une cavale de onze ans à travers la France qui va forger leur identité.

Je pense qu'avant toute chose, le titre du film en dit beaucoup sans trop en dire non plus. Disons que je ne m'attendais pas forcément à voir un film de ce genre là, je m'attendais peut-être à un rapport plus prononcé avec la nature et ses bienfaits. Mais d'un autre côté, et c'est paradoxal, il y a bien un rapport avec la nature mais plutôt du point de vue de la réalisation sociale, de l'égalité de tous, de la vie en communauté sans que cette vie soit régit par la société de consommation. Dans le rôle du marginal, je dois avouer que Mathieu Kassovitz est un choix parfait. Quand il le veut et qu'il laisse son égo de côté, cet acteur peut être brillant et c'est le cas dans Vie Sauvage. On suit alors l'histoire de ce père qui, par amour pour ses enfants, a simplement pas accepté ce que la société (qu'il ne défend pas et surtout à laquelle il ne veut pas appartenir) décide pour ses enfants. C'est là que l'on voit qu'au fond le but de Vie Sauvage n'est pas de prendre parti et de dire qu'au fond le père n'a pas voulu kidnapper ses enfants mais simplement suivre leur choix (et ce même si à 6 et 7 ans on ne peut pas vraiment savoir si l'on a envie de rester avec son père ou sa mère).

Le combat de la mère est très peu exploité par le film. Le but est de créer le manque petit à petit de cette mère. Car on ne sait pas ce qu'elle devient (même si je me souviens en partie de cette affaire, notamment quand les enfants Fortin ont été retrouvés). Le film est aussi très fort grâce à la façon dont le casting est mis en valeur. Petit à petit on voit grandir ces enfants, se révolter et apprendre leur monde qui les entoure. C'est bien normal d'être émerveillés quand on est enfant par l'idée de vivre dans la nature. Je suis certain qu'à leur âge j'aurais moi aussi voulu vivre cette aventure en pleine nature. Car les enfants c'est comme ça, la liberté les séduit toujours (quand on leur propose d'aller à l'école en parallèle, forcément que c'est tout de suite moins intéressant). Finalement, Vie Sauvage est un très joli petit film où Cédric Kahn parvient à mettre en exergue les sentiments de chacun et notamment ceux des parents. Si Philippe semble impassible au premier abord, ce n'est pas vraiment le cas. C'est aussi un homme qui peut être touchant, preuve une fois de plus que le film ne prend pas parti.

Note : 8/10. En bref, un beau film sur une histoire pourtant révoltante.


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