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Hommage à Léon Scott de Martinville et aux précurseurs méconnus.

Par Bernard Vassor

Par Bernard Vassor

Le mouvement qui produit les sons est toujours un mouvement de vibration.

Les précurseurs de l'invention des appareils d'enregistrement des sons

scott de martinvillephonotographe

Léon Scott de Martinville présente son phonautographe.

J'ai souhaité longtemps de rencontrer quelqu'un qui voulut prendre

le soin d'occuper ma presse en faveur de la vérité,

contre les mensonges que la malignité et

l'ignorance débitent tous les jours au public.

Enfin, j'ai trouvé ce que je cherchais et désormais

l'on va me donner de quoi vous entretenir chaque semaine

de ce qui se passera de plus considérable dans le monde. 

Avril 1832

Jean Mommaert

Fondateur de la Gazette bruxelloise à une date indéterminée.

 Voyage dans l'Isle Cromatique.

L'invention du phonographe, ou l'enregistrement et de la répétition des sons a été pressentie dès 1632 dans l'article d'une gazette bruxelloise "Le Courrier véritable des Pays-bas" . Le rédacteur de cet article doté d’un don de double vue relate le retour de voyage des terres australes du capitaine Vosterloch qui  a pris terre en un pays où les hommes sont de couleur bleuastre, et les femmes verd de mer (…) Mais ce qui nous estonne davantage et qui nous fait admirer la nature, c'est de voir qu'au devant des arts libéraux et des sciences qui nous donne le moyen de communiquer ensemble et de descouvrir par escrit nos pensées à ceux qui sont absents, elle leur a fourni certaines éponges qui retiennent les sons et la voix articulée comme les notres font des liqueurs, De sorte que quand ils veulent mander quelque chose ou conférer de loin, ils parlent de près à quelqu'une de ses éponges; puis les envoyant à leurs amis, qui les ayant receuës, en les pressant tout doucement en font sortir ce qu'il y a dedans de paroles, et sçavent par cet admirable moyen, tout ce que leurs amis désirent, Et pour se resiouyr, quelques fois ils envoient quérir dans lsle Cromatique des concerts de musique de voix et d'instruments dans les plus fines de leurs éponges qui leur rendent estant pressées doucement les accords les plus délicat en leur perfection. Nous pouvons trouver d'autres textes prémonitoires dans Rabelais, ou mieux encore chez le visionnaire Cyrano de Bergerac, mais nous y reviendrons.
Hommage à Léon Scott de Martinville et aux précurseurs méconnus.
 

En 1807 Thomas Young décrit un instrument " qui peut servir sans difficulté à mesurer le nombre et l'amplitude des vibrations des corps sonores en leur adaptant un style susceptible de décrire une trace ondulatoire sur un cylindre tournant. Ce fut la première expérience réussie de l'enregistrement de sons émis par un corps solide. Plus tard, avant la véritable invention révélée par Scott de Martinville, d'autres chercheurs perfectionneront le procédé de Young sans toutefois parvenir à accoucher de l'idée de génie émise par un modeste ouvrier typographe, consistant à substituer à l'action du corps en vibration, l'ébranlement indirect de l'air consécutif à une membrane vibrante (comme le tympan de l'oreille) permettant d'enregistrer sur un tambour enduit d'une mince pellicule de noir de fumée, non seeulement les bruits enregistrés par le frémissement des corps solides, mais encore l'écho de la voix et de la parole.

Scott de martinville portrait

Pour ce qui regarde Léon Scott de Martinville, l'histoire est à peine croyable. En 1852, un jeune ouvrier typographe eut l'idée en faisant la correction d'un ouvrage scientifique de physiologie, d'appliquer les moyens acoustiques de l'oreille humaine à la fixation graphique des sons de la voix, du chant et des instruments.  Le 26 janvier 1857, Léon Scott pria Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, président de l'Académie des sciences, de déposer en son nom un pli cacheté constatant la prise de possession de son principe.  L'illustre savant s'exécuta de cette corvée tout en ne cachant pas son envie de rire à cette pitoyable communication de ce modeste ouvrier typographe !   Cette invention parvint aux oreilles du professeur Pouillet, autre  membre de l'Institut qui se rendit dans la mansarde de Martinville. Il fut tellement époustouflé de constater les résultats de ces travaux qu'il invita Léon Scott à présenter son appareil devant la Société d'encouragement qui fit les frais de la première annuité du versement pour le dépôt du brevet d'enregistrement (si l'on peut dire). En 1860, était donné une conférence dans un amphithéâtre de la Faculté des sciences. L'assistant du conférencier manipulait le phonautographe de Martinville devant une assistance de plus de mille personnes qui fut complètement ébahie. Le nom du manipulateur fut copieusement applaudi, celui de Scott ne fut même pas prononcé.

phonautographe,geoffroy Saint Hilaire

Présentation à la Société d'encouragement du fonctionnement du phonautographe (vingt ans avant la découverte de Thomas Edison) 

 Pour résoudre le problème, j'ai cru ne pouvoir mieux faire que de copier en partie l'oreille humaine, dans son appareil de physique seulement, en l'appropriant au but que je me propose, car ce sens admirable est le prototype des instruments propres à s'impressionner des vibrations sonores. (extrait du pli cacheté déposé en 1857)

Fin de la première partie (A suivre...)


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