Voici comment Saint Siméon Le Nouveau Théologien (949-1022) essaye de parler de son expérience d'éveil. Je trouve ses mots très inspirants, même s'il y a un peu de dualité encore entre la créature et son créateur. Mais cette dualité se fond dans l'union avec la lumière :
jlr
"Quel est ce redoutable mystère qui s'accomplit en moi?
La parole ne peut l'exprimer, ni ma main
l'écrire, la misérable, pour louer ou glorifier
Celui qui dépasse toute louange, qui dépasse toute parole,
si en effet ce qui s'accomplit en moi, l'enfant prodigue,
est indicible, inexprimable, comment Celui
qui en est le dispensateur et l'auteur, comment, dis-moi,
aurait-il besoin de recevoir de nous louange ou gloire?
Non, il ne peut recevoir la gloire celui qui possède la gloire,
pas plus que ne peut être illuminé ou ne refleterait la lumière,
ce soleil que nous contemplons dans le monde;
il éclaire, il n'est pas éclairé, il brille, il ne reçoit pas la lumière(...)
Ici ma langue manque de paroles
et ce qui s'accomplit, mon intelligence le voit, mais ne l'explique pas:
elle contemple, elle désire le dire et elle ne trouve pas de mot:
ce qu'elle voit est invisible, entièrement dépourvu de forme,
simple, sans aucune composition, infini en grandeur.
(...)
je me suis uni, je le sais , à ta divinité
et suis devenu ton corps très pur,
membre brillant, membre réellement saint,
membre resplendissant, transparent, lumineux.
je vois la beauté, je considère l'éclat,
et je contemple avec stupeur cette splendeur indicible,
et je suis hors de moi en pensant à moi-même
ce que j'étais, ce que je suis devenu - Ô merveille!"
Hymnes
Cerf 1969, trad.J. Paramelle