Magazine Culture

Cut Hands – Festival Of The Dead

Publié le 17 novembre 2014 par Hartzine

De l’aventure Whitehouse au milieu des 80’s, William Bennett aura conservé sur son nouveau projet solo Cut Hands une composante essentielle : cette ambiance industrielle sombre, à l’agressivité difficile à dépasser. Après avoir tourné la page des délires à la limite de l’abject, Whitehouse aura laissé une trace importante dans la musique électronique en formation à la fin du siècle dernier, reconnu aujourd’hui comme l’un des groupes pionniers européens de la noise.

Lorsqu’il lance officiellement sa nouvelle aventure Cut Hands en 2011, William Bennett prend un malin plaisir à puiser cette énergie qui débordait des cassettes des Londoniens 30 ans auparavant pour infuser dans ses nouvelles compositions. La cinquantaine bien tassée, Bennett fait ainsi parti de ces rares musiciens à connaître une seconde jeunesse musicale, un peu par hasard. Au détour d’une prestation live, c’est avec un grand étonnement qu’il découvre l’efficacité de sa sélection de rythmes africains joués dans un club écossais. Construisant sa nouvelle identité Cut Hands sur cette base, le Britannique prend un malin plaisir à creuser ce sillon qui mélange ambiances vaudous et musique rituelle d’Afrique centrale, le tout plongé dans un grand bain noise / indus aux codes bien différents de ce que l’on connaissait jusque là. En 2014, les frontières musicales sont bien plus ténues et le mélange des genres est aujourd’hui un gage d’originalité et d’authenticité pour beaucoup. Depuis les années 80, si le panorama a quelque peu évolué, l’énergie et l’intention sont, elles, plutôt semblables à ce que proposait déjà Bennett, alors âgé de la vingtaine : une musique qui ressemble plus que jamais à une véritable expérience physique.

Cut Hands - Festival Of The Dead 2

Quasi exclusivement centré sur cette accumulation de rythmes et de grondements électroniques, Festival Of The Dead prolonge les recherches de Bennett entamées il y a 3 ans via un double LP bien dense, sorti par l’exemplaire Blackest Ever Black. Ce sentiment d’urgence, déjà présent depuis les premiers volumes d’Afro Noise et Black Mamba, se trouve ici magnifié par un véritable sens de l’écriture de morceaux qui sont plus que des machines à s’agiter frénétiquement. Festival Of The Dead présente une palette enrichie, depuis le très angoissant et dystopien Paraxtic Distorsion jusqu’au très étonnant None Of Your Bones Are Broken, en passant par une poignée de moments en suspension, véritables respirations pour parvenir à voir le bout de ce disque très dense.

Par moments pourtant, on en vient à se dire que Festival Of The Dead aurait pu être subtilement allégé de quelques répétitions et longueurs. Si elle tire une véritable force de cette efficacité toute personnelle, la formule de Cut Hands gagnerait à ne pas être répétée de manière trop soutenue pour ne pas finir par lasser. Comme c’est le cas par moments, malheureusement, le long des 50 minutes du disque.

Porteur aujourd’hui d’une approche réellement unique en son genre, Cut Hands exige de l’auditeur une implication physique et mental de tous les instants. Parvenir à surnager au milieu du très long Damballah 58 ne pourra se faire qu’avec une pleine acceptation de ce que le Britannique exige : un abandon total de toute inhibition pour ne plus se laisser porter que par la frénésie des morceaux. Une expérience qui prend probablement tout son sens en live, lors d’une de ces sessions marquantes dont Cut Hands semble s’être fait le spécialiste, à en croire les récents témoignages à ce sujet. Car Festival Of The Dead est une musique de live à proprement parler, qui ne se vit pleinement que lorsqu’elle est éprouvée dans l’instant, dans un club sombre, noyé sous une lumière rouge intense qui vient éclairer les visages convulsionnés de danseurs tournés vers la transe absolue. Convoquant les esprits qui habitent sa musique, Cut Hands devient alors lui-même le vecteur d’un chaos musical qui réconcilie les démons indus et les mythes africains dans une seule et même danse macabre effrayante mais géniale.

Audio


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Hartzine 83411 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines