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Zendàl

Publié le 21 novembre 2014 par Oliaiklod @Olia_i_Klod
Cittadina Veneziana in zendàl (1783)

Cittadina Veneziana in zendàl (1783)
« Dodici abiti veneziani del Settecento »

Ce châle a été porté par toutes les vénitiennes pendant plusieurs siècles, et, encore, au début du siècle dernier comme peut en témoigner la photo ci-dessous.

Veneziani in zendàl

En 1761, il fut concédé à Giovanni Zivaglio, le droit de « fabbricare fazzoletti come si usano nelle Indie e portati anche dalle donne dello Scià di Piersia« . C’est donc un vêtement venu des Indes qui devint à la mode à Venise, tels que le portaient à l’époque, les femmes du Shah de Perse. En réalité, ces fazzoletti n’avaient rien de châles (en italien scialli, un nom dérivé de Scià – Shah). Ils deviendront des zendali probablement en raison de leur origine indienne où ils étaient appelés Sindhu (mot indien d’où, entre-parenthèse, vient le nom italien du Saint-Suaire, ici dénommé sindone). Puis, par altération, le mot zendale est devenu dans la langue populaire sendale, cendale et, en vénitien, zendàl.

Ils ont, dans un premier temps, existé en tissus de soie, ou en dentelle fine, de différentes couleurs et avec de longues franges.

Les femmes des milieux populaires en ont utilisés, en laine, par la suite.

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Selon une légende, tous ces châles vénitiens sont devenus noirs, en signe de deuil, après la défaite de la guerre de libération contre l’Autriche, pour protester contre la domination.

Les femmes vénitiennes étaient décrites grâce à un qualificatif : morbin qui illustrait bien leur esprit indépendant, leur vivacité, leur façon de se démêler entre des hommes entreprenants, sans compromettre quoi que ce soit.

Boccace les utilise dans ses novelle, tandis que Carlo Goldoni y fait des allusions marquées dans plusieurs de ses pièces et qui décrit si bien cette Marietta morbinose jeune, amusante et pleine de vie, qui plaisante avec le jeu de séduction de son amoureux, avant d’être prise à son propre piège, ou, la Locandiera, jeune femme énergique poursuivie par une foule d’admirateurs, qui réussit à repousser leurs attentions jusqu’au jour où elle rencontre celui qui la fait chavirer…

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L’expression typiquement vénitienne tacàr boton, pour décrire le début d’une relation amoureuse, viendrait de l’utilisation faite du zendàl faite quand une jeune fille, un peu trop timide, ou feignant de l’être, rencontrait un prétendant qu’elle aimait. D’un geste brusque, elle retournait le châle pour se découvrir une épaule, et les franges pouvaient alors faire de petits nœuds… ainsi se nouait peut-être, avec des fils de soie, une nouvelle relation entre un garçon et une fille.

Preuve, encore que même en Italie, et surtout à Venise, ville de l’amour, c’est toujours la femme qui choisit.

L'ultima parola


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