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La Nuit a dévoré le monde, de Pit Agarmen

Publié le 21 novembre 2014 par Clarabel

La nuit a dévoré le monde

Antoine Vernet collectionne les échecs : écrivain raté, amoureux abandonné, type désabusé... Il est en quête d'un nouveau souffle. Aussi, accepte-t-il l'invitation d'une amie à passer la soirée dans son appartement cossu. Mais cela ne va pas se dérouler comme prévu. Il va boire, beaucoup. Perdre pied. Se réfugier dans un bureau et s'écrouler de fatigue. Le lendemain, il se réveille dans un appartement étrangement silencieux. Découvre une scène de désolation, avec des murs maculés de sang. De plus, les lieux sont vides.

Dehors, règne la même scène de chaos. Il y a des zombies, partout ! La police tente de lutter contre une armée de morts-vivants affamés, lesquels sautent sur tout ce qui bouge, se multiplient, forment des hordes sauvages, déchaînées, incontrôlables. C'est la fin du monde. Antoine est ahuri mais décide de se barricader dans l'appartement. Il rassemble le maximum de vivres pour assurer sa survie. Trouve des armes. Le voilà désormais seul, coupé du reste du monde. Avec l'angoisse au ventre. Et du temps pour cogiter. 

Antoine va alors s'organiser une routine surprenante de banalité : il lit, il mange, il prend des bains de soleil, il s'occupe amoureusement d'une petite plante verte, il joue de la trompette. De temps en temps il dézingue un ou deux zombies pour se rassurer. Il fait un peu n'importe quoi, il hurle à la mort, s'habille en femme, se désole et est tenté de s'offrir en amuse-bouche aux âmes errantes. La folie n'est pas loin de le guetter quand survient, vers la fin, LA rencontre qui peut tout changer.

Voilà un roman original, bien écrit, à envisager comme une approche philosophique (et intellectuelle) sur le temps perdu, les remords et les regrets, la solitude et comment ne pas sombrer face au désespoir. C'est intéressant, totalement décalé et assez perspicace. Par contre, ce n'est pas un roman de “zombies” tel qu'on pourrait s'attendre (il y a peu d'action, juste un type paumé qui soliloque), c'est davantage une robinsonnade qui se veut distrayante mais révèle surtout un grande part de mélancolie.    

Robert Laffont, août 2012 ♦ parution en format poche (J'ai Lu)

« Ce qui est beau et sûr, c'est le passé. Même le passé triste, ma solitude, mes difficultés matérielles, mon adolescence, tout ça me paraît doux désormais : j'étais heureux et je ne le savais pas. Le désespoir d'alors était un état de plénitude extatique comparé à ce que je vis aujourd'hui. »


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